De l’autre côté du ciel : La tête vers les étoiles

Le cinéma d’animation japonais se fait une place de plus en plus prégnante au cinéma ces dernières années avec des propositions variées, permettant de découvrir la richesse d’un cinéma que l’on a trop souvent cantonné à Hayao Miyazaki et Isao Takahata (qui restent des maîtres et des modèles indépassables dont l’ombre plane en permanence sur le moindre film d’animation) mais qui s’avère bien plus foisonnant. L’appétence de la France pour la culture japonaise nous permet donc ces derniers temps, grâce au travail de distributeurs comme Eurozoom ou Art House de faire venir dans nos salles obscures de nouvelles propositions.

De l’autre côté du ciel est justement distribué par Art House et nous plonge au cœur d’une ville dont les nombreuses cheminées cachent le ciel. Dans cet environnement où personne ne songe à regarder en l’air, le petit Lubicchi est devenu ramoneur pour être au plus près du ciel où il espère apercevoir un jour une étoile comme dans les histoires que son père lui racontait même si personne ne le croit. Un jour, il fait la connaissance de Poupelle, une étrange créature composée de déchets et mystérieusement dotée d’une conscience. Ensemble, les deux amis tenteront de prouver à la ville entière que les étoiles existent…

Avec ce pitch comme on les aime, Yusuke Hirota avait entre les mains une matière en or pour faire de son film un fabuleux récit d’apprentissage tout en décrivant un monde refermé sur lui-même, plongé dans une obscurité qu’il fabrique volontairement. On parlait de l’ombre de Miyazaki au début de notre texte, force est de constater qu’elle plane lourdement sur De l’autre côté du ciel et ce d’autant plus qu’on imagine sans mal le grand film que le cinéaste aurait pu réaliser avec une telle matière entre les mains, le scénario entrelaçant bon nombre des motifs de sa filmographie. Hélas, Hirota (dont c’est la première réalisation) a toutes les peines du monde à assurer le coup. On ne lui enlèvera pas un talent certain pour composer des décors (la ville sous influence steampunk est particulièrement soignée) mais son animation manque parfois de fluidité et peine à apporter l’émotion nécessaire lors des grands points culminants du récit.

Il faut à la décharge du réalisateur lui accorder le fait qu’il n’est pas aidé par un scénario qui se la joue très premier degré dans son approche pour séduire un jeune public. L’ensemble du film manque ainsi de profondeur dans l’écriture, toutes ses belles idées étant exécutées avec une certaine candeur que l’on peut saluer mais qui, notamment dans ses dialogues (surtout dans la version française), vient généralement ajouter de la lourdeur à un récit déjà bien maladroit. Sans jamais parvenir à réellement transcender tout ça, Yusuke Hirota jongle avec la richesse thématique (sous-exploitée) de son univers et son portrait touchant d’un enfant rêveur en assurant un minimum, néanmoins bien incapable d’arracher l’émotion nécessaire lorsque vient le climax du film, et ce à cause d’un découpage manque singulièrement d’énergie. De l’autre côté du ciel apparaît alors tantôt trop figé, tantôt trop naïf et surtout incapable de susciter l’émerveillement nécessaire à la nature de son histoire. L’essai n’en demeure pas moins recommandable et capable de faire rêver nos enfants (le soin apporté à l’ensemble est indéniable même s’il ne nous a pas entièrement convaincus), une qualité à ne surtout pas renier, permettant de faire passer un moment somme toute sympathique à défaut d’être autre chose.

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