Prey : Le droit de chasser

La franchise Predator s’est imposée dès son premier très bon film en 1987 sous la direction de John McTiernan avant de se dégrader au fil des prochaines propositions avec Predator 2 en 1990, (que nous avons trouvé sympathique sans être éclatant) les deux crossovers qui auront comme intérêt de satisfaire les fans de science-fiction en ralliant l’univers du xénomorphe à la cause dans Alien vs. Predator en 2004 et Alien vs Predator Requiem en 2007 (et qui sont – on ne va pas se mentir – assez médiocres), suivis des sorties de Predators en 2010 et The Predator en 2018 qui n’arrangeront rien à l’affaire…. Après cette liste du palmarès de la franchise on se rend bien compte que les suites n’ont à aucun moment égalé leur précurseur.

La sortie du septième volet va donc devoir répondre à la question tant attendue qui est : “Est-ce que Prey va briser la malédiction des suites ratées de la franchise Predator ?”… La réponse est oui, Prey est convaincant et même plutôt bon, sans arriver à la hauteur du premier mais en étant tout de même, sans grande difficulté, au-dessus de ce qui a été fait auparavant. Il aura également le mérite d’apporter un renouveau à la franchise par ce qu’il raconte tout en revenant à l’origine même de son apogée.

Dan Trachtenberg, réalisateur et auteur du huis clos 10 Cloverfield Lane va nous embarquer dans une nouvelle confrontation entre les humains et cet extraterrestre en quête de trophées et de rivalité. Le récit prend place au XVIIIème siècle, dans un camp Comanche bordé par la flore et la faune florissantes. Le choc des civilisations va être encore plus élargi que pour les précédents volets de la franchise, ce qui sera un choix intéressant de mettre en scène cet affrontement dans une époque lointaine à la nôtre. Ce survival va donc évoluer au milieu de la nature avec de nombreux animaux qui vont permettre d’intégrer le Predator par le biais de la présentation de la chaîne alimentaire.

On pourrait comparer Prey à The Revenant, le chef-d’œuvre d’Alejandro Gonzalez Inarritu sorti en 2015 de par l’attaque d’ours ou par la présence de trappeurs. Mais la comparaison de ce film va surtout permettre de repérer certains points qui auraient pu être améliorés dans la suite régie par Dan Trachtenberg. Tout d’abord l’immersion est davantage crédibilisée dans The Revenant en raison de cet aspect sali, ce qui ne va pas être le cas dans Prey qui va opter pour une imagerie beaucoup plus lisse, privilégiant de garder une image propre au risque d’être moins réaliste. De plus, la crédibilité va être perçue par l’utilisation de la langue. Dans The Revenant nous avons à faire à des personnages anglophones, il est donc logique pour eux de parler anglais. Mais dès que Glass incarné par Leonardo DiCaprio s’adresse à son fils, issu d’une culture différente, il va utiliser une autre langue ce qui crédibilise les diverses cultures des personnages. Il est en revanche plus difficile de croire dans le cas de Prey que les Comanches utilisent l’anglais pour communiquer entre eux, ce qui est par ailleurs compréhensible venant de Disney car prendre ce choix permet de toucher un plus grand public, comme à son habitude. Malgré ça, il faut tout de même saluer l’initiative régie par la productrice Jhane Myers car même si la version originale est anglaise, un enregistrement d’un doublage en langue Comanche a été produit afin de préserver l’authenticité de la culture.

L’héroïne principale Naru (Amber Midthunder) va faire de Prey un film beaucoup plus engagé que l’abondance de testostérone caractéristique de la saga. La représentation de la femme est réduite par la communauté de la tribu à nourrir son homme et cueillir des aliments. Cependant Naru veut chasser, être utile en voulant être égale aux hommes afin de protéger ses prochains, mais en voulant avant tout prouver sa valeur. L’autre référence du 7ème art de Prey nous conduit bien évidemment à Mulan (1998), œuvre qui met en lumière le féminisme dans un milieu militaire stéréotypé comme profession masculine.

On sent une volonté de rendre hommage au premier Predator en revenant à cet environnement tropical tout en émettant certains clins d’œil comme par exemple à travers cette réplique “s’il saigne c’est qu’il peut mourir » ainsi que dans la scène ou l’on voit le Predator se soigner montrant qu’il n’est pas invincible. Le duel final entre Naru et le Predator va également faire écho à celui de Dutch (Arnold Schwarzenegger) dans la préparation de cet affrontement ainsi que dans sa manière d’amener l’alien dans son piège. L’écriture du personnage de Naru va faire écho à celle de Dutch, car ils ont tous les deux de grosses capacités physiques qui ne seront pas suffisantes pour rivaliser face au Predator, cependant ils vont finalement venir à bout de la créature, par un stratagème ingénieux.

Hormis ces références, le predator va être travaillé différemment que chez John McTiernan. En effet, le design du Predator va être légèrement modifié. Il ne portera plus le casque que nous avions pris l’habitude de voir car il a été remplacé par une coque osseuse qui va lui donner un aspect plus préhistorique. De plus, le predator est moins efficace dans Prey que pour le premier opus par le biais de ses adversaires qui résistent davantage à la créature même si à l’arrivée ils se font trucider de manière assez gore.

Il faudra donc attendre l’arrivée de Prey pour briser la malédiction de cette flopée de mauvaises suites que porte la franchise. En effet, Prey va se démarquer grâce à ce qu’il propose à savoir ne pas se limiter qu’à un simple affrontement avec de gros bras et de grosses armes mais avec un message plus important, nous offrant donc un film à la forme d’un survival sous fond d’engagement féministe.

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