Cat Ballou : Les gentils hors-la-loi

Tout le monde n’aime pas les westerns. Soit parce qu’ils glorifient de vaillants hommes blancs qui ont massacré des millions d’indiens pour s’accaparer leurs terres, soit pour les valeurs qu’ils véhiculent, soit tout simplement parce que le genre, fait de poussière, de grandes plaines et de colts n’évoque rien. Les raisons des détracteurs sont aussi valables que celles de ses adorateurs. Le genre n’en demeure pas moins l’un des piliers du cinéma américain et l’un des témoins de l’histoire des Etats-Unis. La littérature s’empare très tôt des récits du Grand Ouest et le cinéma, dès 1903, intègre le genre avec The Great Train Robbery qui est considéré comme le premier western hollywoodien. A compter de cette date, les films de cowboys et d’indiens déferlent sur les écrans et connaissent leur âge d’or dans les années 50, avant de s’essouffler à partir des années 60 et de s’exporter en Europe, notamment en Italie avec ses westerns spaghetti.

Quelques studios, dont la Columbia, tentent encore de surfer sur le genre avec plus ou moins de réussite. Cat Ballou, sorti en 1965 et réalisé par Elliot Silverstein, dont c’est le premier film au cinéma, fait partie de cette catégorie. Les scénaristes, inspirés par le roman du même nom de Roy Chanslor, également auteur de Johnny Guitar, décidèrent de laisser de côté le ton sérieux et dramatique de l’œuvre pour écrire une comédie et parodie de western.

Catherine Ballou va être pendue pour le meurtre d’un homme important. Tandis que « Cat », interprétée par Jane Fonda, se prépare dans sa cellule avant de rejoindre l’échafaud, le récit fait un saut dans le passé pour expliquer comment cette femme s’est retrouvée dans une situation aussi délicate. Dans un train pour Wolfe City, afin d’aller rendre visite à son père, Cat fait la rencontre de Clay Boone et Jay, deux loustics hors-la-loi pas très finauds, joués par Michael Callan et Dwayne Hickman. Arrivée dans le ranch de son père, elle découvre que des promoteurs véreux sont prêts à tout pour s’accaparer ses terres, y compris tuer grâce aux services d’un tueur à gage. A la mort de son père, Cat décide de se venger et embauche les hors-la-loi rencontrés précédemment, ainsi que Jackson Two-Bears, un sioux qui vivait et travaillait pour son père, et un tireur d’élite légendaire du nom de Kid Shelleen, joué par Lee Marvin.

Tous les éléments d’un bon western classique sont réunis, en apparence seulement, puisque le film s’efforce de casser les codes et de renverser les conventions du genre. Cat n’est pas la belle potiche des grandes plaines, elle est une femme forte et déterminée. Le sioux, joué par Tom Nardini, est un indien instruit et posé, rien à voir avec les méchants indiens barbares et arriérés. Les deux hors-la-loi n’ont jamais utilisé d’armes à feu et la fine gâchette est un alcoolique qui boit autant pour garder la main ferme que pour oublier que les gens de sa trempe n’ont plus la cote, signe du déclin des grandes figures de l’Ouest dans l’imaginaire collectif. On est loin des Sept Mercenaires.

Cat Ballou ne révolutionne pas le genre de la parodie, le film n’atteint pas la qualité des parodies déjà existantes, l’humour n’y est pas renversant mais les blagues, gags et détournements fonctionnent quand même, et l’on finit par s’attacher à cette bande de désaxés. C’est là qu’est le charme du film, dans la frimousse ravissante de Jane Fonda, dans la patine de Lee Marvin, usé par les chevauchées, et dans l’insouciante légèreté des deux hors-la-loi qui n’en n’ont que le nom. On y découvre la présence du chanteur Nat King Cole, en bonimenteur, à une époque où les acteurs noirs sont inexistants et encore plus dans les westerns.

Tant bien que mal, et avec surprise, le film est classé par l’American Film Institut comme l’un des dix meilleurs westerns. Si ces listes ne mettent jamais personne d’accord, elles ont au moins le mérite de faire exister des films qui pourraient se perdre dans la grande Histoire du cinéma. Sidonis Calysta édite un film léger, frais et coloré qui ne séduira pas tout le monde, certes, mais qui aidera peut-être certaines personnes à se familiariser avec le Far West.  

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