Miss Marvel : Une bonne série se cache quelque part là-dessous…

Alors que l’on peine encore à voir où la Phase 4 du Marvel Cinematic Universe est en train de se diriger, les sorties en salles comme les séries sur Disney+ s’enchaînent à un rythme assez impressionnant. Deuxième série Disney+ de l’année après la ratée Moon Knight, Miss Marvel a commencé sa diffusion le 8 juin dernier pour s’achever la semaine dernière après 6 épisodes. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le bilan est une fois de plus mitigé…

Miss Marvel partait pourtant gagnante. N’en déplaise aux conservateurs en tout genre tapant sur la série avant même sa sortie parce qu’elle met en avant une héroïne d’origine pakistanaise et de confession musulmane, Miss Marvel est, dans son premier épisode, une véritable bouffée de fraîcheur dans l’univers corseté du studio. On y suit en effet les aventures de Kamala Khan, lycéenne fan de Captain Marvel et prête à tout pour aller à l’AvengerCon. Malheureusement dans sa famille, on est plutôt traditionalistes et il n’est pas question pour une jeune femme d’aller à un événement de la sorte. Avec son meilleur ami Bruno, Kamala va donc ruser et se découvrir des pouvoirs qui ne vont pas tarder à lui causer des ennuis… La force du premier épisode est d’abord sa réalisation confiée à Adil El Arbi et Bilall Fallah. Les deux compères, réalisateurs de Bad Boys for life, imposent tout de suite un style directement hérité des comics tout en s’inspirant de la culture pakistanaise pour livrer un épisode bourré d’inventivité et d’idées visuelles mettant à l’amende l’intégralité de la série Moon Knight et sa réalisation fadasse. De plus, le fait de se concentrer avant tout sur les tourments de Kamala, rêveuse en pleine recherche de son identité, décidée à s’affirmer face à sa famille tout en étant pétrie de doutes et de questionnements apporte une touche de teenage movie attendrissante et bien plus réussie que ce que Marvel a tenté de faire avec Spider-Man.

Il apparaît donc très vite que Miss Marvel est remplie de fraîcheur et de potentiel avant que les épisodes ne s’enchaînent et révèle toutes les faiblesses de l’entreprise dont la note d’intention initiale se retrouve parasitée par le cahier des charges Marvel dont on commence à connaître le contenu par cœur : à savoir noyer une intrigue manichéenne et sans enjeux forts (où rien n’a réellement de conséquences) dans une flopée de fonds verts franchement laids. Ici, il sera question d’êtres venus d’ailleurs pour menacer Kamala mais la menace ne sera jamais tangible et tout n’apparaîtra que cruellement fade et sans la moindre idée de scénario ou de mise en scène un tant soit peu originale. On assiste donc médusés au piétinement de tout ce qui faisait la saveur du premier épisode (à savoir une approche plus intimiste du genre, liée directement à l’adolescence de son héroïne et à sa cellule familiale) pour retomber dans un divertissement réchauffé, Marvel nous servant la même soupe depuis des années en prenant soin d’en changer la saveur de temps en temps.

La déception est d’autant plus grande que, comme Moon Knight, la série avait un sacré potentiel qu’elle n’embrasse jamais totalement, l’épisode final, de nouveau réalisé par El Arbi et Fallah retombant sur ses pattes avec une certaine difficulté, évacuant rapidement les potentielles difficultés pour mieux avancer pour la suite (puisque le personnage se retrouvera dans le film The Marvels l’année prochaine). La showrunneuse Bisha K. Ali a pourtant œuvré pour Loki (qui reste à ce jour la meilleure série Marvel) mais ici la scénariste semble contrainte par des impératifs de production l’empêchant de livrer le travail réellement souhaité, minant complètement l’identité de la série. Reste un attachement certain et indéniable envers le personnage né dès les premières minutes du pilote et ce d’autant plus que Kamala est interprétée avec un enthousiasme fort communicatif par Iman Vellani qui s’impose comme une véritable révélation, nous servant de boussole durant toute la série, restant irrésistiblement attachante et sympathique même à mesure que le scénario s’enfonce vers des ficelles de plus en plus grossières. Ainsi les interactions du personnage avec sa famille (et notamment sa mère, incarnée avec tendresse par Zenobia Shroff) demeurent les séquences les plus réussies d’une série diablement décevante mais cependant difficile à détester tant il y a, derrière ce récit balisé, un portrait franchement touchant et assez juste d’une adolescente en plein épanouissement personnel (c’est clairement là-dessus que la série aurait dû se concentrer). On peine à croire que The Marvels saura rendre justice au personnage qui clairement méritait mieux mais que l’on est tout de même assez pressés de revoir tant Kamala a su garder intacte une certaine fraîcheur, un miracle dans une série aussi peu réussie.

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