La Petite Bande : Il va falloir compter sur eux.

Et si le film à voir en famille cet été 2022 était La Petite Bande ? Bien loin de Buzz L’éclair ou de ces chers Minions qui ont opportunément profité de la Fête du cinéma pour engranger des entrées et des euros, le long métrage à soutenir, mais surtout à découvrir cet été dès la moindre petite pluie empêchant la farniente à la plage est le nouvel essai signé Pierre Salvadori, La Petite Bande.
La petite bande, c’est Cat, Fouad, Antoine et Sami, quatre collégiens de 12 ans. Par fierté et provocation, ils s’embarquent dans un projet fou : faire sauter l’usine qui pollue leur rivière depuis des années. Mais dans le groupe fraîchement formé les désaccords sont fréquents et les votes à égalité paralysent constamment l’action. Pour se départager, ils décident alors de faire rentrer dans leur petite bande Aimé, un gamin rejeté et solitaire. Aussi excités qu’affolés par l’ampleur de leur mission, les cinq complices vont apprendre à vivre et à se battre ensemble dans cette aventure drôle et incertaine qui va totalement les dépasser.

Avec cette Petite Bande il y a une approche kingienne de la part de Pierre Salvadori. Après avoir foisonné l’imaginaire d’un jeune orphelin d’un père faussement héros de par les histoires racontées par sa mère dans En Liberté ! son précédent film, Pierre Salvadori part cette fois véritablement à l’aventure au cœur de sa Corse d’origine sur fond d’écologie. Réunir cinq gamins pour une aventure extraordinaire… on pense inévitablement aux références marquantes que sont Les Goonies de Richard Donner ou Stand by Me de Rob Reiner. La Petite Bande reprend beaucoup desdits films cultes des années 1980. L’aura de Stephen King plane au-dessus de cette histoire signée par Salvadori lui-même et par Benoît Graffin. Ces mômes sont des téméraires prenant en otage le patron de l’usine, leur volonté est de tout faire exploser avec des revendications écologiques. L’écologie en question dans le film n’est qu’un simple prétexte pour Cat, Aimé, Fouad, Sami et Antoine. Ils ont tous d’autres préoccupations égoïstes et/ou personnelles pour mieux trouver leur place dans leur microcosme social. On vous laissera le soin de les découvrir, mais l’ambition de chaque enfant est bien moins superficielle que l’annonce le pitch. Il y a un drame qui se joue en fond pour ses mômes désarçonnés face au monde adulte impitoyable. Les adultes justement ne sont que peu représentés dans un film les dépeignant de façon violente, intolérante voir incompréhensive envers la vie des enfants et leurs revendications. L’antagoniste pris en otage est en cela dessiné tel un ogre effroyable prêt à tout pour supprimer les enfants. Faisant preuve d’un certain manichéisme volontaire, Pierre Salvadori et son coscénariste n’épargnent pas les parents ainsi qu’un monde toxique pour les enfants allant jusqu’à pourrir la nature, endroit d’évasion au cœur de cette Corse solaire et sauvage.

La Petite Bande doit beaucoup aux Goonies et à Stand By Me avec cette bande de gamins échafaudant un plan grandiloquent pour revendiquer leur droit à la liberté. Leur revendication consiste en la liberté d’exister sans se prendre des coups de ceinturon, mais surtout d’avoir le droit de se baigner dans la rivière sans perdre leurs cheveux et déclarer des plaques de boutons sur leur peau. On suit avec beaucoup de gourmandise et d’entrain cette bande pragmatique écrite avec soin et justesse, des gamins cruels entre eux allant jusqu’à accueillir un cinquième luron pour faire le nombre. Aimé est la cinquième roue du carrosse que l’on abandonnera sans sourciller. Il est cette victime dans la cour du collège, chétif et profondément seul, harcelé et violenté dans l’anonymat le plus total. Cette bande est sa bouée de sauvetage, mais il est surtout l’élément-clé du film, l’attraction fantastique d’un final n’épargnant pas l’excès faisant basculer définitivement le film dans la lignée des écrits kingiens. S’en dégage une aura fantastique qui saupoudre la réussite qu’est ce film voyant l’ogre vaincu, les enfants libres et la nature sauvegardée permettant dans un avenir proche aux enfants de profiter des loisirs sauvages et gratuits qu’offre notre chère et belle Terre. 

La Petite Bande est le poumon cinématographique qui sauve les piètres propositions qui juguleront les prochaines semaines de juillet et août. Des Minions essoufflés, un Thor fadasse, un Menteur pitoyable quand Tom Cruise et Elvis seront en fin de course et à bout de souffle, La Petite Bande sera l’échappatoire vivement conseillée pour une sortie cinéma en famille (voire seul ou en amoureux). Le nouveau film de Pierre Salvadori est une aventure dépaysante au cœur de la Corse avec de beaux gamins talentueux et pleins d’entrain. Le divertissement est garanti pour un voyage ensoleillé et rempli d’espoir via une histoire proche du conte sur fond d’écologie. La Petite Bande va devenir avec les années une référence à (re)voir et à faire découvrir dans la lignée des titres cultes des années 1980 signés Steven Spielberg, Richard Donner ou Rob Reiner.

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