Le Bal de l’Horreur : Disco mortel

La canicule frappe sévèrement fort cette semaine. Sortir pour aller s’enfermer dans une salle de cinéma climatisée relève du fantasme absolu. Pour les plus chanceux d’entre vous disposant d’une climatisation à domicile ou qui n’ont juste pas le courage de braver le four au thermostat 4 qui les attend dehors, bien trop soulagés de s’être affalés entre deux ventilateurs, la séance Shadowz de la semaine vient déterrer un bon vieux classique du slasher histoire de vous accompagner dans votre déliquescence. L’année 1978 et la sortie de Halloween auront suffit à révéler et à imposer Jamie Lee Curtis en tant que scream queen la plus douée de sa génération. En l’espace de trois ans, elle apparaîtra dans Fog de John Carpenter, Le Monstre du Train de Roger Spottiswoode, Déviation Mortelle de Richard Franklin et rempilera dans le costume de Laurie Strode pour la suite de Halloween en 1981. A travers tous ces films la jeune actrice a su démontrer ses talents et prouver qu’elle n’était pas seulement la fille de Janet Leigh et Tony Curtis. Elle saura changer radicalement de registre dès 1983 dans l’hilarant Un Fauteuil Pour Deux de John Landis, lui permettant ainsi de proliférer à travers le cinéma américain des années 80 et 90, apparaissant autant dans des polars musclés (Blue Steel de Kathryn Bigelow) que dans des comédies testostéronées (True Lies de James Cameron), faisant d’elle l’une des actrices phares d’Hollywood. Mais avant de devenir l’entité qu’elle représente aujourd’hui, Jamie Lee Curtis demeurait avant tout la jeune adolescente fragile qui se devait de prendre les armes afin d’affronter le mal. Ainsi Le Bal de l’Horreur de Paul Lynch fait partie des incontournables de l’actrice. A mi-chemin entre Carrie et Halloween le film sort en 1980, à une époque où le slasher est en pleine émergence. Qu’a donc ce film que les autres films n’ont pas pour qu’on en parle encore aujourd’hui ?

Une petite fille meurt accidentellement des conséquences d’un jeu organisé par une bande de jeunes qui décident de ne jamais révéler la vérité. Mais une ombre les a vus et décide de se venger six ans plus tard à l’occasion du bal de fin d’année des gamins devenus de jeunes adultes.

Parcours intéressant que celui de Paul Lynch : photographe pour des journaux locaux, il est contacté par l’éditeur du magazine pour adultes Penthouse afin qu’il réalise un documentaire à la gloire de celui-ci. Le premier long métrage de Paul Lynch s’intitule donc The Hard Part Begins et sort en 1973, et pour ceux qui aimeraient le découvrir, demandez donc à notre cher Alexandre, nul doute qu’il possède une copie du bousin au milieu de son immense collection coquine, sic ! Le Bal de l’Horreur est son troisième long métrage et le succès est fulgurant. Réalisé pour un budget de 1,6 millions de dollars il en rapportera quasiment quatorze fois plus rien que sur son exploitation sur le sol américain. Mais ce succès importe peu à Paul Lynch puisqu’il rencontre alors un amour qu’il chérit encore plus que le grand écran : la télévision. On ne dénotera plus aucun succès au cinéma pour Lynch, mais des séries à succès il en côtoiera une flopée parmi lesquelles Clair de Lune, L’enfer du Devoir ou encore Xena la Guerrière. Pour Le Bal de l’Horreur, Lynch s’essaie à un cinéma radical, notamment lors de son introduction. Le meurtre de la petite fille est particulièrement graphique en dépit du budget serré du film. Par le biais du hors champ et d’un sound design bien appuyé, Lynch propose une séquence aussi traumatisante qu’elle imprime définitivement la rétine via les quelques plans sanglants qu’il nous accorde.

Bien évidemment, découvrir le film aujourd’hui c’est prendre le risque de griller directement le twist final tant tous les éléments posés ont été éculés depuis des années dans le genre. Remis dans son contexte, Le Bal de l’Horreur est en parfaite adéquation avec son époque. Le film prend modèle sur Halloween et Black Christmas afin d’introduire son boogeyman, mais il élève le niveau question violence graphique. Une violence qui se veut crescendo afin de coller au mieux à l’état d’esprit du tueur qui se laisse petit à petit envahir par sa haine. Et sur le terrain des images chocs, Paul Lynch se garde bien de dévoiler ses atouts. Nous aurons droit tardivement à l’une des décapitations les plus violentes du genre. De fait, on ne peut que vous recommander chaudement de rester jusqu’au bout du film, votre patience sera récompensée. En effet, Le Bal de l’Horreur prend le temps d’instaurer ses multiples personnages et de nous immerger au cœur de leur journée. Le tueur ne passe à l’action qu’au bout d’une heure de métrage. Pour autant, le film se laisse dévorer sans problème grâce à un casting parfaitement dirigé et des personnages solidement écrits.

Ce qui intéresse Paul Lynch n’est pas de nous présenter des personnages décérébrés tout juste bons à figurer au cœur d’un énorme body count pour le plaisir des spectateurs venus chercher du sanglant. Il faut que les meurtres aient du sens, et pour qu’il y ait du sens, il faut de la matière. De facto, on pourrait lui reprocher d’introduire trop de personnages. Certains arcs narratifs ne sont pas bien intéressants, comme ceux des policiers qui traquent celui qu’ils pensent être le tueur en série. Nous le savons pertinemment que cette partie de l’histoire n’est qu’un leurre pour nous détourner du vrai tueur. En plus de rallonger inutilement l’histoire, les policiers ne sont guère attachants. En revanche, nous aurions aimé en savoir plus sur le deuil des parents de la petite fille morte en début de métrage. D’autant que Leslie Nielsen, qui campe le père de famille, parvient à nous arracher une larme rien que par la douleur que son regard exprime (on oublie trop souvent quel acteur immense il était). On n’en saura jamais vraiment plus à son sujet, surtout qu’il disparaît du film lors du dernier tiers au point qu’un des personnages remarque son absence et cette dernière ne sera jamais élucidée. Et c’est là le plus gros problème du film : il lui manque clairement un épilogue. On ne peut pas décemment laisser les personnages sur l’ultime révélation du tueur sans qu’il y ait une once d’explication. Quand bien même nous connaissons son mobile, il y a ce goût d’inachevé qui entache la bonne tenue du film et c’est fort dommage.

Malgré la légère ombre au tableau concernant sa fin abrupte, Le Bal de l’Horreur domine clairement le haut du panier des meilleurs slashers de l’âge d’or de ce dernier. Paul Lynch fait preuve d’un talent de mise en scène très impressionnant et tire le meilleur parti d’absolument tous ses acteurs. Jamie Lee Curtis est plus belle que jamais et la furie du disco dans sa bande originale termine d’achever tout le capital sympathie que nous éprouvons à l’égard du film. Une œuvre résolument culte à ne louper sous aucun prétexte sur Shadowz.

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Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la plateforme Shadowz.

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