Stranger Things, Saison 4 – Partie 2 : La fête est finie

L’épilogue tant attendu est enfin arrivé. Si nous évoquions une première partie de saison 4 qui relançait brillamment ses enjeux, Stranger Things a su combler toutes les attentes allant même jusqu’à faire crasher les serveurs de Netflix. Dépassant allègrement le milliard d’heures de visionnage cumulées, rejoignant Squid Game au palmarès des plus gros succès de la plate-forme, quelle conclusion ces deux (longs) derniers épisodes ont-ils laissé ? Nous avions laissé la fine équipe après leur rencontre fortuite avec Vecna qui avait failli coûter la vie de Max et Steve. Les amis n’avaient d’autre choix que d’élaborer une contre-attaque avant que Vecna ne puisse mettre à profit son plan. Parmi les plus grandes questions que nous nous posions, une seule retenait notre attention plus que les autres : qui allait en payer le prix fort ? C’est armé d’une lourde appréhension (et de quelques mouchoirs, au cas où) que nous nous sommes aventurés dans les quatre dernières heures de la saison 4 de Stranger Things.

Avertissement : à tous ceux et celles qui n’auraient pas encore fini la série, nous allons devoir nous appuyer sur des éléments forts de ces deux derniers épisodes afin d’étayer nos propos. Soyez donc prévenus, il risque d’y avoir du spoil.

Le résultat généré en fin de parcours nous laisse clairement sur un sentiment en demi-teinte. Certes, la conclusion de cette saison 4 abonde généreusement vers ce que nous avions imaginé, mais le tout manque cruellement de panache. A commencer par le manque d’audace en ce qui concerne la perte de certains personnages. Nous avons encore en tête la conclusion de la troisième saison qui nous avait anéanti lorsque nous pensions que Hopper avait succombé à l’uspside down. Question émotivité, la série avait passé un cap important nous faisant comprendre que personne n’était intouchable (juste avant de faire retomber le soufflé lors d’une scène post-générique qui réduisait à néant les litres de larmes versées quelques minutes auparavant). Si nous concédons aux frère Duffer d’aimer profondément le noyau dur de leurs personnages historiques, nous pointons également du doigt leur absence de radicalité. Ainsi, nous avions bon espoir qu’ils ne recommencent pas la même erreur ici et que nous pourrions jouir pleinement de notre quart d’heure de pleurnicheries en bonne et due forme. Bien mal nous en a pris. Non content de sacrifier encore une fois un personnage secondaire introduit en début de saison (Eddie, pour ne pas le nommer), les frères Duffer n’osent pas sacrifier Max, préférant la laisser végéter tel un légume dans un coin, perdue entre la vie et la mort. Or, Max a fait le tour de son arc narratif. Son chant du cygne était si beau, si sincère, si déchirant qu’elle pouvait tirer sa révérence avec grâce. En lieu et place, la série construit tout un build-up qui insiste lourdement sur le martyr et la souffrance endurés par la gamine lors de son ultime confrontation avec Vecna pour venir achever la séquence avec autant d’élégance qu’un pet foireux qu’on tente tant bien que mal de garder enfouis au fond de nos tripes. De la matière bordel ! On voulait que ça cogne, que ça tâche, que ça nous achève. Le semi-sacrifice de Max sonne le glas d’une non-prise de position de la part des showrunners de la série qui commence à devenir lassant (en dépit de tout le bien que nous pensons des frères Duffer et de leur capacité à créer un univers solide et passionnant par le biais d’une pop-culture riche qui les façonne ardemment).

Revenons sur le sacrifice d’Eddie. Le personnage mascotte de cette saison 4 rejoint le tableau des bouche-trous que l’on a trucidé en vain (aux côtés d’Alexei et Bob) juste pour se dédouaner du fait qu’on sait tuer des personnages appréciés. La mécanique n’étant pas nouvelle, on se retrouve peu surpris par l’ultime moment de bravoure entrepris par le personnage. Non content d’offrir une meilleure performance que Metallica lors du dernier Hellfest, Eddie tire sa révérence aussi rapidement qu’il est apparu dans la série. Malheureusement, l’ultime hommage que lui offrira Dustin auprès de son oncle nous laissera totalement en-dehors tant la frénésie du dernier combat de son ami n’est vécue que comme un simple quota à remplir. Tuer Eddie était l’évidence dans le sens où les frères Duffer ne veulent pas s’encombrer dans une écriture rédemptrice qui aurait donné un vraie existence au personnage au sein du récit. Eddie était un bien beau spécimen (car incarné avec force et conviction par Joseph Quinn) qui a su toucher le cœur des fans. Sa disparition n’est ni attristante ni surprenante et c’est de cette banalité dans notre ressenti que l’on tient à tirer la sonnette d’alarme. Stranger Things doit impérativement sortir les crocs et montrer de quel bois elle se chauffe. Les frères Duffer ont déclaré ne pas vouloir singer Game of Thrones quant à l’aspect « personne n’est à l’abri », mais il faut bien comprendre que le public s’attendait clairement à une tournure de la sorte en conclusion de cette saison 4. Une fois encore, rappelez-vous du chagrin que vous aviez ressenti lorsque vous pensiez que Hopper était mort. C’est pour vibrer de la sorte que nous continuons à suivre Stranger Things. Bien évidemment, cela n’enlève rien aux qualités que nous avons soulevé lors de notre chronique de la première partie. Nous continuons de penser que les frères Duffer maîtrisent leur sujet et trouvent toujours le ton juste entre hommage et fan-service malgré une mécanique d’écriture qui mériterait de prendre plus d’ampleur. Mais force est de constater qu’en dépit de deux épisodes particulièrement remplis en terme d’action et d’effets pratiques (le maquillage de Vecna est sublime et son affiliation avec Les Griffes de la Nuit est claire et nette), Stranger Things ne parvient toujours pas à cocher la case émotive qui manque tant à son palmarès.

Cette seconde partie de la saison 4 de Stranger Things laisse un goût d’inachevé en travers de la gorge. Bien que l’amour pour les personnages demeure intact, que son ton plus adulte et la radicalité de ses effets fantastiques lui font le plus grand bien, la série se voit saccagée par le manque d’audace des frères Duffer. D’autant qu’une certaine paresse pointe le bout de son nez depuis quelques jours sur les réseaux quant à l’aspect que prendra la cinquième et dernière saison. Les frères Duffer avaient, soit-disant, profité de la pandémie pour peaufiner le script de celle-ci, promettant une attente moins longue pour nous livrer le point final. Seulement, les déclarations se sont avérées erronées dans le sens où les frangins rentreraient à peine en phase d’écriture et que l’ultime saison vient d’être annoncée pour une sortie fin 2024. Quand il s’agit de prendre les spectateurs pour des poires, on peut dire qu’ils en tiennent une sacrée couche. Mais qu’importe, nous serons forcément au rendez-vous pour vérifier si notre théorie sur le fait que Onze ne peut survivre si elle veut venir à bout de Vecna se révèlera juste ou non. Et vous ? Quelles sont vos théories sur la suite des événements ?

1 Rétrolien / Ping

  1. Gran Turismo : Une publicité qui a du cœur -

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*