Le Flambeau – Les aventuriers de Chupacabra : Nullos Vs Mojitos

Véritable succès télévisé de la fin d’année 2020, La Flamme avait su, par son humour ravageur, son sens de la parodie acéré et son casting de haut vol séduire ses spectateurs. La série, truffée de moments d’ores et déjà cultes (les hurlements de Leïla Bekhti, les scènes avec le docteur Juiphe) était également sortie dans une période idéale au cœur d’une bonne année de merde où nous avions besoin de rire. Surfant sur ce succès, Jonathan Cohen et son équipe de scénaristes se sont attelés à une nouvelle série mettant en scène le personnage de Marc en allant cette fois-ci parodier une émission comme Koh-Lanta, amplifiant alors le potentiel de la série intitulée Le Flambeau : les aventuriers de Chupacabra.

Cette fois, c’est donc sur une île et dans un environnement hostile que Marc (toujours aussi débile) va se retrouver. L’ex-cœur à prendre de La Flamme n’est plus au centre de l’attention et va devoir apprendre le travail d’équipe s’il veut gagner l’émission dont la récompense ultime est un montant de 450 euros ! Dans l’aventure, il va retrouver d’anciennes connaissances de La Flamme et affronter une nouvelle salve de personnages, le tout sous la houlette d’un Jérôme Commandeur assez irrésistible en présentateur sans grande patience.

En ouvrant les aventures de Marc vers de nouveaux horizons, Le Flambeau avait toutes les cartes en main pour réitérer la réussite de La Flamme qui conjuguait humour délicieusement absurde et personnages joliment incarnés. Et si cette nouvelle itération séduit, il faut reconnaître qu’elle pèche parfois par excès de paresse. En effet, si ces nouveaux épisodes parviennent à trouver un équilibre entre anciens et nouveaux personnages, l’écriture se repose sur beaucoup trop de facilités pour entièrement emballer. Ainsi, les gags entourant les anciens personnages restent globalement les mêmes (tout le monde déteste Anne de façon invraisemblable, Alexandra est toujours folle de Marc, Soraya est revenue à la vie avec un cœur de gorille) tandis que les nouveaux personnages ne retrouvent pas forcément le même grain de folie propre à La Flamme. En effet, entre les blagues beaufs de Kad Merad en barman du Sud amateur de pastis, les mensonges à répétitions du faux aventurier Gérard Darmon, les ‘’comme par hasard’’ répétés quinze fois par épisode par le complotiste Thomas Scimeca ou les blagues sur l’hygiène douteuse de l’artiste de rue Laura Felpin, l’humour se fait drôle certes, mais moins bien senti et beaucoup plus prévisible.

Cela n’empêche pas de s’éclater devant la série surtout que les acteurs, comme pour La Flamme, sont visiblement tous ravis d’être là et se donnent à fond. La présence de Pierre Niney de retour dans le rôle du docteur Juiphe, psychologue sans diplôme est particulièrement drôle quand les prestations de Jonathan Cohen, Leïla Bekhti et Adèle Exarchopoulos sont toujours aussi hilarantes. À l’heure où de nombreuses comédies jouent la carte du méta et du second degré, voir des acteurs embrasser totalement la comédie au premier degré dans des prestations investies, sans aucune ironie (ce qui, à notre humble avis, reste la meilleure façon d’être drôle, quand on joue un personnage qui n’a pas conscience d’être stupide par exemple) fait un bien fou. Et si l’on était bien conscient du talent de Jonathan Cohen dans ce registre, nous restons encore surpris par la capacité de Leïla Bekhti et d’Adèle Exarchopoulos (qui dans Mandibules livrait aussi une prestation comique jouée totalement au premier degré) à être aussi drôles, on ne les attendait pas forcément sur une telle note.

Le casting rassemblé autour de Jonathan Cohen (véritable moteur de la série mais ne tirant jamais la couverture à lui, montrant au contraire un bel esprit d’équipe) permet donc de passer outre de nombreuses facilités, Le Flambeau n’honorant pas toutes ses promesses mais assurant tout de même de façon très rythmée le divertissement. Il faudra attendre les trois derniers épisodes pour que la série se réveille et fasse preuve d’une réelle nouveauté dans son inventivité comique avec un épisode 7 faisant intervenir un narco-trafiquant qui est le double de Marc et surtout un épisode 8 fabuleux, poussant les curseurs de l’absurde et du non-sens à un niveau encore jamais exploré par la série (on se croirait chez les Monty Python) dont on taira la teneur pour vous en laisser la surprise. Ce regain de créativité sur la fin permet au Flambeau de nous laisser sur une note positive, nous faisant bien pardonner ses faiblesses tant l’ensemble, bien qu’inégal, est indéniablement attachant et surtout une belle preuve que la comédie française ne se situe pas uniquement du côté des mêmes histoires de famille ou d’amis vues et revues jusqu’à écœurement ces dernières années. De quoi nous donner envie de voir Marc dans une nouvelle série parodiant une émission de télé-réalité, on serait preneurs !

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