Massacre au Dortoir : Un petit slasher gonflé à bloc !

Éléphant Films exhume pour sa dernière salve de titres horrifiques disponibles en DVD et Blu-Ray un obscur slasher du début des années 1980. Produit plus précisément au printemps 1981, Massacre au Dortoir en France ou en VO Dorm That Dripped Blood sort en pleine vague de ce sous-genre horrifique après les succès de Black Christmas, Halloween ou Vendredi 13 et ses suites. Mais Massacre au Dortoir a comme originalité d’être un exercice d’étudiants d’UCLA, la fameuse école de cinéma californienne. Plutôt que de produire un film classique voire un simple court-métrage, la jeune bande composée de Stephen Carpenter, Jeffrey Obrow et Stacey Giachino produisent un slasher à hauteur de 150 000 dollars et en 16mm. Gonflé ensuite en 35mm pour une exploitation dans les salles, le box-office du film n’est pas connu, mais pour sûr qu’il a bien dû profiter de la popularité du slasher à cette époque.

Comme le souligne Christophe Lemaire dans un Bistro de l’Horreur consacré au genre, un slasher sortait à l’affiche tous les mercredis à cette époque. Aujourd’hui on se plaint des Marvel et autres films de super-héros, mais au début des 80′ le tueur psychopathe avait les honneurs du haut de l’affiche assuré d’avoir son lot de jeunes adolescents à trucider à l’arme blanche.
Massacre au Dortoir fut l’un de ses titres qui ont pullulé essayant surtout de se démarquer des autres essais étudiants de la promotion du trio. Car devant Massacre au Dortoir, il ne faut jamais oublier sa fonction d’exercice de fin d’année par trois étudiants d’UCLA. Profitant d’une bande d’amis employés à donner un coup de main à la production ou devant la caméra à faire les comédiens, il en résulte alors un essai fébrile, mais intéressant qui travaille habillement les codes inhérents au genre entre fausses pistes, caméra subjective et meurtres sanglants. Là est la grande qualité de ce petit film s’adressant principalement aux fans. Après avoir inlassablement parcouru les couloirs de cette résidence étudiante déménagée par les derniers élèves disponibles, les meurtres confectionnés par Matthew Mungle sont d’une efficacité redoutable. Entre le meurtre tranchant en ouverture et la fameuse séquence de perceuse au cœur du film, Mungle et l’équipe du film s’éclatent à rendre une copie gore. Tellement sanglante, parfois gênante, que le film de Carpenter/Obrow/Giachino fera longtemps partie de la liste des « Vidéos Nasties » empêchant jusqu’en 1992 une sortie du film en Angleterre et seulement alors dans une version censurée.
Matthew Mungle est l’un des grands noms que l’on retrouve à ses débuts sur ce titre, célèbre maquilleur à effets spéciaux du cinéma américain dont on a pu voir le travail dans Les Griffes du Cauchemar ; Edward aux mains d’argent ; Dracula de Francis Ford Coppola ou encore Tueurs Nés ou Junior avec Arnold Schwarzenegger. Le film profite amplement des talents de l’artiste rehaussant le calibre du petit essai étudiant en un curieux exercice gore. Autre grand nom à retenir au générique, Christopher Young compose la musique du film. Célèbre pour ses bandes originales en faveur de La Revanche de Freddy, Hellraiser 2, La part des Ténèbres, Spider-Man 3 ou dernièrement Simetierre, il signe pour son premier film un thème fort aux résonances entre Psychose et Les Dents de la Mer. Instaurant une tension dans le dédale de longs couloirs arpentés à se faire des ampoules aux pieds, Chris Young distille savamment une ambiance musicale créant une palpitation assurant le frisson. Il est un soutien de taille à la mise en scène convenue réutilisant inlassablement les tics & tocs d’un genre déjà balisé. 

Et comme tout bon slasher qui se respecte, le massacre dans ce dortoir vidé de ses étudiants a besoin de son lot de chairs tendres et fraîches. Et tant pis si les potes ne sont que de modestes comédiens, ils feront l’affaire. On passera rapidement sur les garçons cabotins pour se focaliser sur Laurie Lapinski, la final girl du film à la jolie bouille dont ce sera le seul rôle au cinéma. La jeune femme disparut ensuite sans laisser la moindre trace, éternelle victime de ce film qui ne manque pas d’humour noir dans sa résolution culottée. Seuls des étudiants sans la moindre contrainte des producteurs pouvaient oser un tel clin d’œil insolent pour un dernier plan savoureux. Mais au générique du film, on retient un nom qui persistera quant à elle dans le milieu hollywoodien : Daphné Zuniga. Alors à ses débuts (le film est son premier rôle), Daphné Zuniga se fera ensuite remarquer dans La Folle Histoire de L’Espace de Mel Brooks ou dans La Mouche 2 de Chris Walas. L’actrice est surtout reconnue aux USA pour une carrière à la télévision avec pléthore de téléfilms et autres séries TV dont Melrose Place qui a fait le bonheur de la chaîne TF1 dans les années 1990 ou dernièrement dans la série Les Frères Scott. Seule actrice du casting à avoir percé, elle n’a malheureusement pas le temps de faire étalage de son talent précoce ou de sa jolie frimousse tant son sort funeste est une bouillie sans nom. 

Massacre au Dortoir est une sacrée proposition qui va ravir les aficionados du genre. En dépit d’une qualité discutable du master, le film bénéficie d’un Blu-Ray et d’un DVD de la part d’Elephant Films d’ores et déjà disponible. Ne vous attendez donc pas à des prouesses renversantes en haute définition dans votre salon de la part d’un film tourné en 16mm gonflé en 35mm pour tricher en salles à l’époque et aujourd’hui en vidéo. En cela le DVD est préconisé pour la découverte et un prix minime.

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