Black Phone : Attention, ligne en dérangement

Nous avions laissé Scott Derrickson en 2016 sur Doctor Strange, le cinéaste ayant passé la main à Sam Raimi pour la suite des aventures du sorcier dans le Multivers. Le voilà qui revient donc vers l’horreur, son registre de prédilection, avec Black Phone, produit par Jason Blum et adapté d’une nouvelle de Joe Hill, le fils de Stephen King.

Nous sommes en 1978 dans une petite bourgade du Colorado terrorisée par une série d’enlèvements d’enfants. Finney, 13 ans, vivant avec son père alcoolique et sa sœur douée de certaines capacités psychiques, est un jeune garçon qui a toujours craint de se confronter aux autres. Un jour c’est lui que l’Attrapeur (le surnom donné au kidnappeur par les enfants de la ville) enlève. Finn se retrouve enfermé dans un sous-sol insonorisé avec pour seule compagnie un vieux matelas et un téléphone noir fixé au mur mais débranché. Or celui-ci commence à sonner et quand il le décroche Finney rentre en communication avec les esprits des précédentes victimes de l’Attrapeur, prêtes à l’aider pour qu’il s’en sorte…

La nouvelle de Joe Hill (disponible chez nous dans le recueil intitulé Fantômes – Histoires troubles) était d’une efficacité redoutable et ce dès ses premières pages, se lisant d’une traite avec le souffle coupé, embrassant directement le potentiel de son concept. Long-métrage oblige, l’histoire originale se voit étoffée dans une tradition très ‘’Kingienne’’ avec son père alcoolique, sa sœur aux pouvoirs surnaturels et sa description d’une petite ville américaine terrorisée par une figure maléfique. Et si cet approfondissement est justifié, permettant d’éprouver un réel attachement pour les personnages, les enjeux finissent par s’affaiblir à mesure que le film avance, dilués au fil de la durée du récit pour devenir presque systématiques.

C’est d’autant plus dommage que Derrickson est très doué pour entretenir une atmosphère angoissante (on considère toujours Sinister comme l’une des propositions récentes les plus flippantes du genre), bénéficiant en prime de la présence inquiétante d’Ethan Hawke, bien malsain en ravisseur et tueur d’enfants et bien aidé par un masque absolument terrifiant, habilement mis en valeur par la mise en scène. Les jeunes acteurs ne sont pas en reste, Mason Thames et Madeleine McGraw étant joliment dirigés, permettant à Black Phone d’être une proposition solide à défaut d’être imparable, sa longueur nuisant farouchement à sa capacité d’effrayer (malgré quelques séquences bien inspirées) tant l’écriture trahit la présence de vides comblés au mieux mais incapables de masquer qu’ils sont là pour donner plus de consistance à un high concept comme Blumhouse les apprécié sur une durée d’1h45.

Black Phone se montre donc limité mais cependant efficace par sa réalisation et animé par la volonté de bien faire (on voit clairement ce qui comble la nouvelle mais ça n’empêche pas l’écriture des personnages d’être véritablement soignée avec une vraie trajectoire émotionnelle), assurant quelques frissons fort sympathiques à défaut d’être mémorables, c’est toujours ça de pris.

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