Une Etude en Jaune – Giallos et Thrillers Européens : Tout tout tout… vous saurez tout sur le giallo…

Le vrai… le faux… le nul…l’excellent… Le mou… l’enivrant, tout vous saurez tout avec ce pavé démentiel qui pèse son poids. Edité par Artus Films et supervisé par Frédéric Pizzoferrato (L’Ecran Fantastique), Une Etude en Jaune est la bible autour d’un genre qui n’en est pas un. Le Giallo est un pudding cinéphilique mariant au style italien le genre Thriller/Polar/Whodunit/Krimi. Le giallo est la résultante d’années de polar européen dont s’empare le cinéma italien pour l’épicer avec du sexe, des meurtres et de la drogue, beaucoup de drogues.
Pour découvrir certaines propositions, il faut être sous l’emprise de psychotropes pour assurer la compréhension du délire et les intentions d’un metteur en scène tout autant hallucinatoire. Exemple  avec l’un des titres majeurs qu’est Suspiria que le livre ne considère pas comme un Giallo par rapport à certaines autres propositions. Mais accordons-lui, il est vrai, sa nature plus fantastique. Nous penserons plus volontiers au Venin de la Peur, plongée psychédélique au cœur de rêves érotiques d’une femme (Florinda Bolkan) sublimement orchestrés par Lucio Fulci. Le film est déstabilisant nous trimballant dans une enquête vertigineuse ponctuée d’une violence graphique surprenante.
Le giallo est un voyage qui peut se montrer assuré au gré des inspirations des metteurs en scène choisis. Car suite aux succès des premiers titres signés par Dario Argento, Mario Bava et consorts, les producteurs vont s’emballer pour faire fonctionner la machine à plein régime tombant dans l’excès et la nullité. Cette vague de films va régaler le cinéma international pendant une vingtaine d’années – avec quelques résurgences depuis – avant de disparaître sans crier gare.

Une Étude en Jaune retrace toute l’histoire du Giallo. Tout et c’en est dingue : vous saurez tout sur un genre qui n’en est pas un. De ses inspirations au cœur du Krimi Allemand dans les années 1950 en passant par Les Diaboliques de H.G Clouzot, le livre trace le chemin de cette vague folle. Le livre présente ensuite les maîtres majeurs du style Giallo entre Mario Bava qui signa quelques titres phares à découvrir urgemment comme Six Femmes pour l’Assassin ou l’indispensable La Baie Sanglante ou Umberto Lenzi dont le livre revient volontiers sur ses titres. Bien évidemment une large partie revient sur Lucio Fulci et Dario Argento, ce dernier est le maître du style qu’il a façonné, remodelé et truqué pour de sacrées expériences de cinéma.
Passé les maîtres et leurs efforts, cette Etude en Jaune retrace par ordre alphabétique tous les titres produits entre 1962 et aujourd’hui. Toutes les productions et les déclinaisons sont présentes dans ce livre sublime à la couverture bien sentie, jolie, un indispensable.

Une Étude en Jaune de Frédéric Pizzoferrato est un indispensable pour tout amoureux du cinéma, du genre, mais surtout du giallo, bien évidemment. Soutenu dans sa démarche par une bande d’irréductibles reconnus, les textes sont dus à Jacques Coupiennes (Rétroviseur), Philippe Delvaux (Sueurs Froides), Alan Deprez (Lui), David Didelot (Vidéotopsie), Claude Gaillard (Écran Bis), Didier Lefèvre (Medusa), Nio Lynes (Chroniques Visuelles) ou Joël Pfiester (Cinéphiliquement Vôtre) pour tous les citer. Tous ses bons hommes reprennent (et ont tout revu) les films pour une encyclopédie exhaustive. Le livre est organisé par ordre alphabétique avec une pastille pour chaque film. Là débutent les points négatifs sur cette édition. Passé les 110 premières pages, la lecture devient plus chaotique et chronophage. Et il reste 300 pages à ce livre dont l’utilité revient à aller chercher l’information au besoin selon le film. Il se lit comme dit plus haut une encyclopédie, un dictionnaire du Giallo qui se picore au gré des envies, d’un film à voir. Il est ce livre rangé à côté du bureau que l’on sort par utilité. Le plaisir de la lecture se perd au fur et à mesure de l’enchainement des titres glanés. Les informations sont toujours pertinentes et les critiques sont pointilleuses. Les auteurs gardent une objectivité vaille que vaille, mais cette Étude en Jaune n’est pas un livre qu’on lit d’une traite.

Surtout qu’il pèse son poids le gaillard. On ne s’est pas amusé à le peser, mais il semble plus lourd que notre chien Pilou qui culmine à 4,8kg. Donc il n’est pas avisé de le promener dans un sac à dos pour une lecture dans les transports ou en déplacement. Il est un livre à lire à la maison, plutôt à feuilleter dans de bonnes dispositions, sur une table ou à son bureau. Il n’est tout autant point propice à lire dans son lit ou dans le canapé tant le poids se fait ressentir. Il faut être disposé et organisé pour picorer et fouiller cette étude archéologique d’un genre qui n’en est pas un. Une sacrée proposition de la part d’Artus Films qui soutient le projet l’éditant sous sa bannière pour continuer son travail autour du cinéma d’antan et d’exploitation italien. Beaucoup de titres présents dans l’ouvrage sont à retrouver dans le catalogue de l’éditeur héraultais dont on vous conseille activement les découvertes. Il nous en reste encore quelques-unes en attente pour des chroniques telles que La Mort caresse à Minuit ou L’oeil du Labyrinthe. Le livre dirigé par Frédéric Pizzoferrato est donc tout avisé aujourd’hui pour nous guider et nous informer, une bible qui va souvent être consultée malgré les désagréments inhérents d’un tel format si gros, imposant, mais si beau et fier dans la bibliothèque.

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