Better Call Saul – Saison 6 Partie 1 : Le début de la fin

Deux ans, c’est le temps qu’il aura fallu attendre pour que Better Call Saul revienne sur nos écrans. Deux ans et une frayeur, Bob Odenkirk ayant été victime d’un malaise cardiaque en plein tournage de la série, malaise dont il s’est heureusement remis. C’est que cette sixième saison est d’autant plus attendue qu’il s’agit de la dernière de la série et pour faire durer le suspense, il a été décidé de la diviser en deux parties. Ainsi la première partie dont nous allons vous parler aujourd’hui, composée de sept épisodes et disponible sur Netflix au rythme d’un épisode par semaine depuis le 18 avril s’est achevée la semaine dernière, nous assenant de nouveau une de ces claques dont la série a le secret !

On retrouve de nouveau Jimmy, officiant désormais sous le nom de Saul Goodman, entièrement soutenu par Kim. Celle-ci a mis au point un plan pour se venger des humiliations d’Howard et si Jimmy la suit, on le sent de plus en plus hésitant face à une Kim farouchement déterminée (nous qui pensions que ce serait le changement de comportement de Jimmy qui nuirait à leur relation, nous voilà dans la dynamique inverse). De son côté, après avoir trahi Lalo (toujours vivant et déterminé à se venger de Gustavo), Nacho est en cavale en plein Mexique et doit se faire exfiltrer par les équipes de Mike…

On l’a dit et répété encore (et on le crie à qui veut bien l’entendre quand on croise des gens dans la rue), Better Call Saul est un petit bijou, un chef-d’œuvre ayant depuis longtemps dépassé son aînée Breaking Bad. Elle est actuellement, avec Succession, la meilleure série à être diffusée et se plonger dans son univers est un régal de chaque instant d’autant plus que les scénaristes parviennent toujours à nous surprendre en restant maîtres de leur narration et de leur rythme, toujours aussi lent mais toujours aussi fascinant. Il y a quelque chose d’assez réjouissant, au visionnage de certains épisodes, de penser savoir où la série va nous mener pour ensuite découvrir que les scénaristes se sont joués de nous. C’est ainsi que l’on se demande, en milieu de saison, ce qu’il va bien pouvoir se passer avec Lalo. Le personnage n’apparaissant pas dans Breaking Bad, contrairement à Gustavo et Mike, nous savons très bien que sa vengeance est vouée à l’échec et il n’y a donc aucun suspense là-dessus (alors que l’incertitude règne encore sur les circonstances qui vont séparer Jimmy et Kim). Là encore Better Call Saul prouve tout son génie en partant d’un faux suspense pour amener de la surprise et de la tension, là où l’on ne pensait pas en trouver.

On s’étonnera une fois de plus de cette incroyable maîtrise narrative où le moindre détail fait sens et où l’on ce qu’on prenait pour une baisse de rythme dans tel épisode s’avère finalement absolument nécessaire au récit dans l’épisode d’après. Vince Gilligan et Peter Gould mènent parfaitement leur barque et multiplient ici les coups du sort, la série prenant évidemment une dimension tragique à mesure que sa fin s’approche. Saluons également la capacité du récit à nous attacher au moindre personnage (Howard, assez détestable au début de la série s’avère profondément touchant) tout en ne nous épargnant pas leurs défauts (on aime toujours autant Kim mais sa froideur terrifie de plus en plus), accrochant ainsi le public, le retournant sans cesse dans ses convictions, jouant habilement avec notre connaissance de Breaking Bad, des personnages qui s’y trouvent, des événements qui s’y déroulent pour toujours nous surprendre tout en maintenant une tension sourde de façon régulière.

Rares sont les œuvres dont on connaît l’issue à maintenir un tel suspense, Better Call Saul y parvient sans cesse grâce à une finesse d’écriture admirable (un véritable modèle dont la mécanique est si parfaite qu’elle deviendra sans aucun doute un cas d’école) ne se reposant jamais sur le fan-service pour avoir sa propre existence. Saluons une fois de plus l’interprétation sans failles d’un casting maîtrisant ses rôles sur le bout des doigts, chacun d’entre eux se fondant avec délice derrière des personnages riches et jamais manichéens et gageons que si la fin de série est à la hauteur de cette première partie (qui s’achève par une monumentale gifle en pleine face que l’on avait pas vue venir) de saison, Better Call Saul mérite de rentrer dans le panthéon des grandes séries, c’en est une depuis ses débuts, il est grand temps que le monde entier l’apprenne !  

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