Les Tueurs de la Lune de Miel : Elle l’aime à mourir !

Semaine plutôt caniculaire qui se termine. Le soleil est au beau fixe et les hormones travaillent lourdement. Et lorsque les envies coquines se manifestent, Shadowz en profite pour choisir le programme adéquat. Cette semaine, les joyeux trublions à la tête de la plate-forme convoquent l’un des couples les plus meurtriers que les États-Unis aient connu. Raymond Fernandez et Martha Beck étaient fous amoureux l’un de l’autre (enfin surtout Martha). Sans le sou et soucieux de s’offrir une vie de rêve, ils se sont mis à dépouiller et arnaquer plus d’une vingtaine de femmes entre 1947 et 1949. Le pitch vous rappelle forcément le violent Alleluia de Fabrice Du Welz qui s’en est grandement inspiré. Seulement, avant Du Welz, un certain Martin Scorsese avait essayé de mettre en scène une histoire inspirée de ce couple macabre. Il quitta le projet lors de la première semaine de tournage pour différends artistiques avec la production. Cette dernière demanda à Leonard Kastle, scénariste du projet, d’en prendre les commandes. Les Tueurs de la Lune de Miel sort dans les salles américaines en 1970. Seul et unique film de son réalisateur, il sera pendant longtemps réservé à un public de niche car il fera un flop sur le sol américain. Un petit parcours dans nos salles en 1971 lui permettra de se faire remarquer des rares veinards qui lui auront laisser une chance, soutenus par les critiques dithyrambiques de l’époque. C’est par le biais d’une sortie DVD dans une version intégrale restaurée en 2008 que Les Tueurs de la Lune de Miel va réellement trouver son public. Rétrospectivement, le film se montre comme une pièce majeure du cinéma de genre américain et nous nous en sommes rendus compte via ce fameux DVD édité chez Seven Sept. Pourtant, 2008 semble déjà bien loin pour les dinosaures amoureux du format physique que nous sommes. L’arrivée du film sur Shadowz devrait lui permettre de s’offrir une nouvelle jeunesse et séduire le jeune public actuel.

Un jeune escroc, Raymond Fernandez, et une infirmière esseulée, Martha Beck, tombent fous amoureux l’un de l’autre. Ils décident de s’allier afin de séduire par le biais des petites annonces des femmes seules et de les dépouiller. Mais la folle jalousie de Martha les conduit à perpétrer des actes meurtriers de plus en plus sordides.

A la sortie de la Seconde Guerre Mondiale, nombreuses sont les femmes veuves des soldats tombés au combat. Les petites annonces avaient le vent en poupe et offraient un alibi en béton pour quiconque décidait de se montrer sans scrupule à l’idée de profiter de la fragilité des personnes endeuillées. Le parcours de vie des véritables criminels dont s’inspire le film est assez fascinant à étudier. Si Raymond Fernandez demeure un vrai cas d’étude sur la capacité de l’homme à savoir se montrer fourbe et mesquin, celle qui mérite un film à elle-seule est bien Martha Beck. Enfant non désirée, rejetée par sa mère, fascinée par la figure paternelle qu’elle n’a jamais connu, Martha est un vrai sac rempli de traumas. Obèse et moquée dès son plus jeune âge, elle se fait violer par son frère à l’âge de 13 ans et soignera, par la suite, son malheur de manière radicale. En effet, à sa majorité, elle nourrit une appétence pour les plaisirs de la chair à nul autre pareil. Elle s’offre à quiconque lui tape dans l’œil. Elle fait des études d’infirmière, mais peine à trouver un emploi du fait de sa corpulence. Après une aventure avec un chauffeur de bus marié qui l’abandonnera enceinte, elle remet rapidement le couvert avec un autre homme qui lui offrira un second enfant juste avant de l’abandonner à son tour. Elle trouve finalement un emploi en tant qu’infirmière et décide de poster une petite annonce à laquelle Raymond Fernandez répondra avec entrain. La spirale infernale de leur rencontre laissera plus d’une vingtaine de victimes. Bien évidemment, nous occultons des détails croustillants de la vie de Martha Beck car là n’est pas le sujet et Les Tueurs de la Lune de Miel édulcore énormément les origines de son personnage féminin.

Le film se focalise sur la naissance du couple et leur cavale meurtrière. Le scénario de Leonard Kastle est d’une simplicité exemplaire sur comment raconter un fait divers efficacement et de manière ludique. Les Tueurs de la Lune de Miel enchaîne différents tableaux. Chaque femme séduite par Fernandez trouve le temps d’exister à l’écran. Nous avons le temps de cerner l’identité de chacune et de comprendre presque en avance de quoi sera fait leur sort. Mais une fois encore, ce qui intéresse fortement Kastle réside en la personnalité de Martha. D’abord amusée par les arnaques qu’elle met en place, sa jalousie prend de plus en plus d’ampleur au fur et à mesure qu’elle cerne l’aspect volage de son amant. Raymond joint l’utile à l’agréable. Il ne séduit pas uniquement pour arnaquer, il entend profiter de sa posture de gigolo à la sauvette pour succomber aux avances de ses victimes. Ainsi, Kastle détourne sans cesse les actes sexuels pour nous confronter frontalement aux réactions de Martha. C’est lors de ces séquences que Shirley Stoler déploie un talent sans pareil. Elle parvient à intérioriser toute sa haine et sa frustration par un simple regard et une posture particulièrement frappante. Évidemment, la rage contenue ne peut rester muette indéfiniment et Stoler se donne à cœur joie à céder à la colère avec l’appui du réalisateur. La mise en scène est académique sur la plupart des séquences, et c’est uniquement lorsque Kastle laisse exploser les passions qu’il s’offre des plans d’une technicité incroyable. Il contourne parfaitement la censure de l’époque via les réactions épidermiques de son héroïne. Et rien que pour ces envolées d’une maîtrise absolue, Les Tueurs de la Lune de Miel peut se targuer d’être un incontournable du genre.

Film idéal pour quiconque souhaite s’intéresser à ce que le film noir a laissé en héritage au cinéma de genre américain, Les Tueurs de la Lune de Miel est une solide porte d’entrée. Film hybride, à mi-chemin entre le polar et les films de psychokillers avant l’heure, il doit surtout au jeu incroyable de Shirley Stoler qui se nourrit de la véritable histoire du personnage qu’elle incarne pour nous livrer une tueuse sombre, rongée par un passé douloureux et une histoire d’amour qu’elle fantasme, mais que la vie ne lui offrira jamais. Si elle se dévoue avec une sincérité sans pareil à Raymond, Martha n’a jamais pensé une seconde que ce dernier l’utilisait afin de mieux camoufler sa libido exacerbée. La personnalité dédaigneuse de Fernandez le poursuivra jusqu’à la chaise électrique puisqu’il ira jusqu’à ordonner qu’on lui détache les mains afin qu’il remette en place le faux-pli de son pantalon. Les Tueurs de la Lune de Miel, en dépit du fait qu’il édulcore grandement les faits, est une solide mise en bouche pour quiconque souhaite poursuivre ses recherches sur l’histoire de ce couple meurtrier. Le film est disponible dès à présent sur Shadowz.

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Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la plateforme Shadowz.

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  1. Alleluia : Adopte ton Mec -

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