Moon Knight : Le Chevalier aux différentes personnalités

Alors que Doctor Strange in the Multiverse of Madness est actuellement au cinéma, la mini-série Moon Knight s’est achevée le 4 mai dernier après 6 épisodes d’une quarantaine de minutes.
Réalisée par Mohamed Diab (Les femmes du bus 678) ainsi que par Justin Benson et Aaron Moorhead (Spring, The Endless), Moon Knight s’ajoute au catalogue, de plus en plus garni, de la plateforme de streaming Disney + aux côtés de Wanda Vision, Loki et cie. Elle met en scène un casting intéressant composé principalement d’Oscar Isaac, Ethan Hawke, May Calamawy. Retour sur cette première saison.
Employé discret dans la boutique de souvenirs d’un musée, Steven Grant est soudain victime de perte de mémoire et se retrouve hanté par des visions d’une autre vie. Il découvre qu’il souffre d’un trouble dissociatif de l’identité et qu’il partage le même corps qu’un mercenaire, Marc Spector. L’étau se resserre sur Steven et Marc, les deux hommes – se voyant plongés dans une aventure périlleuse parmi les puissants dieux d’Égypte – vont devoir trouver leur équilibre dans cette double identité. Qui est en réalité Steven Grant?

La série prend ses distances vis-à-vis des autres productions de la firme Marvel. Il s’agit d’une histoire originale qui ne suit pas les autres films ou séries de l’univers. Il n’y a, par ailleurs, aucune mention du multivers, ni du passage du grand Thanos dans la planète bleue.
Cependant, Moon Knight suit la forme habituelle des intrigues de cet univers en inversant sa narration. Au premier abord, on serait tenté de croire que les enjeux, au cœur du récit, tournent autour de la secte menée par Arthur Harrow (Ethan Hawke). Leur but est de ressusciter la déesse égyptienne Ammit (inspirée de la déesse Ammout, “La dévoreuse des morts”) pour juger (mais surtout tuer) les âmes indignes du monde. En réalité, l’histoire met en évidence la détresse émotionnelle de Steven Grant, joué par l’excellent Oscar Isaac, très investi dans son rôle.

Envoûtant, son jeu nous permet de nous situer et de savoir de quel côté le personnage se situe. La complexité de son personnage devient dès lors la question centrale de cette série. On y découvre au fur et à mesure un homme fragile psychologiquement. Tiraillé entre son passé, son mystérieux lien avec Konshu et son double Marc Spector, son histoire rappelle celle de Kevin Wendel Crumb, le personnage principal du film d’horreur psychologique Split. Il souffre de la même façon d’un trouble dissociatif de l’identité. Ici, il est évident que Steven a eu un traumatisme durant son enfance pour avoir une telle pathologie. Son esprit a dû se créer une autre personnalité et s’y réfugier. Un peu plus loin dans la série, nous sommes confrontés à plusieurs révélations clés sur son enfance permettant, ainsi, d’en savoir plus sur ses blessures intérieures.

La série met donc l’accent sur l’esprit divaguant de ce personnage singulier, jonglant avec son humanité et la complexité de son double. On se pose la question des véritables intentions de Marc et on ne peut s’empêcher de l’apparenter, dans une moindre mesure, à Venom ou Dr Jekyll et Mr Hyde. Ils communiquent entre eux, par le biais d’un miroir avec humour et quelques instants d’émotion. La mise en scène reste cependant sans véritable saveur. Cette dualité prend fin, sans surprise, au sein du dernier épisode. Les deux personnalités arrivent à créer un puissant lien fraternel.

En intégrant la mythologie égyptienne Marvel Studio élargit son champ culturel, passant de folklore en folklore. On se retrouve alors dans le désert parmi les pyramides de Gizeh et les sarcophages de nombreux dieux, rois et reines de cette partie du monde. Une idée originale (donnant lieu à une séquence quasi-horrifique au sein d’un tombeau), dont le traitement n’est, en revanche, pas assez exploité par les scénaristes. Ils ont, sans doute, voulu mettre leurs plumes au service du personnage principal. Force est de constater que le résultat est à la hauteur. Sans cela, l’histoire n’aurait pas été pareille. On aurait pris moins de plaisir à regarder cette série. Elle est moins spectaculaire que Wanda Vision et assez similaire à Hawkeye (au niveau des effets spéciaux…).

Moon knight nous laisse sur un bilan mitigé dont le traitement de son personnage principal reste tout de même pertinent, sans vraiment apporter du contenu au processus narratif des films Marvel. La série agit comme une “pause” dans le multivers pour se concentrer sur un héros tourmenté aux pouvoirs magiques (sans être extraordinaire pour autant), ce qui est une très bonne chose. Nous pouvons ainsi découvrir des personnages sortis des BD peu exploité à l’instar de Falcon. Les séries Marvel, disponible sur Disney+, sont l’occasion de prolonger cet univers qui ravit tant les fans.

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  1. Miss Marvel : Une bonne série se cache quelque part là-dessous... -

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