Le Tigre des Mers : Et la pirate est en toi !

Artus Films ouvre sa collection « Piraterie » avec deux curiosités méconnues sorties en 1962 & 1963 : Le Tigre des Mers et Le Lion de Saint Marc. Deux films de pirates félins édités par un ours en France ce n’est pas commun. Tout autant de proposer aux cinéphiles hexagonaux avertis deux films du genre maniant aussi bien la fine lame que les attaques de bateaux, l’éditeur héraultais réussit de nouveau à étonner par des choix singuliers.
Ces choix nous renvoient au cœur de cette époque bénite de la VHS où l’on découvrait tout et rien passant d’un film de monstres, à un péplum puis à un film de pirates et de cape et d’épée. Les fameux films étaient généralement vus sur des copies enregistrées arborant la jaquette TéléK7 avec les affiches françaises originales, de quoi faire saliver l’enfant de 10 ans que nous étions.
Grâce à Artus Films, on retrouve la saveur de ce moment choyé à se divertir au cœur d’aventures de belles pirates menant les hommes par le bout du nez, des femmes fortes aux commandes des navires livrant bataille pour le butin et l’honneur. On ne distinguait pas réellement les origines des films par une VF gommant les Américains et les Italiens. Tout le monde était dans le même bateau pour du pur divertissement. Ainsi, Artus Films réhabilite des pépites oubliées qui vont se transmettre aux générations suivantes, nos enfants grandiront en découvrant la collection Piraterie de l’Ours tombant amoureux comme papa de Gianna Maria Canale, l’une des plus belles actrices italiennes de son époque reléguant Gina Lollobrigida à la troisième place dans un concours de Miss, un sacré exploit. Un regard perçant pour une beauté forte, l’actrice capte toute l’attention que ce soit dans Le Lion de Saint Marc ou Le Tigre des Mers dans lesquels nous avouons découvrir cette femme sublime.

Le Tigre des Mers lui est totalement dévoué mettant l’actrice en valeur quelques années avant de prendre sa retraite à l’âge de 37 ans pour laisser sa beauté intacte captive de l’écran de cinéma. Elle se repliera ensuite sur une île pour cacher sa vieillesse selon la légende loin des médias. Elle regardait ses faits de gloire pour se souvenir de sa jeunesse avant de mourir en 2009 à l’âge de 81 ans à Florence, plus belle ville du monde, tel un clin d’oeil. Mais tout cela relève des rumeurs de l’époque tant son choix fut surprenant de se retirer en pleine gloire. Icône du cinéma italien, elle était la muse de Riccardo Freda (et sa femme à la ville) pendant 10 ans avec des films comme Théodora ou Les Vampires fini par Mario Bava, Freda ayant des différends avec la production. Gianna Maria Canale quittera le réalisateur italien pour un coiffeur, continuant sa carrière dans des films grands publics entre péplums et film de pirates dont La Reine des Pirates en 1960 préfigurant Le Tigre des Mers. Ledit film est sa première collaboration avec Luigi Capuano qu’elle retrouve un an après pour Le Lion de Saint Marc et un rôle plus secondaire laissant la vedette à Gordon Scott. Pour le long métrage qui nous intéresse, elle tient le premier rôle, fille du célèbre pirate Le Tigre qui meurt assassiné après une soirée arrosée. Sacré film d’aventures avec son lot de batailles navales, il est plus particulièrement une histoire de trahisons et de complots pour les joies d’un trésor caché. Pur divertissement à l’ancienne au cœur de décors ayant un certain cachet, Le Tigre des Mers réponds aux attentes maniant avec habileté la piraterie et le film de cape et d’épée. S’ouvrant sur une bataille navale accrocheuse, il se prolonge sur divers affrontements où le talent fine lame est plutôt féminin. Gianna Maria Canale est l’attraction de ce film bien orchestré par Luigi Capuano, artisan discret, mais habile à mener de gros projets pour des producteurs pingres. Ainsi, il procure une certaine dimension à ce programme produit dans la mêlée effervescente du grand cinéma italien de l’époque entre EuroSpy, Péplum et Western. 

Toutes les cases sont cochées pour répondre aux attentes d’un public s’évadant au gré des pillages et des romances de personnages iconiques. Ainsi Consuelo (Gianna Maria Canale) s’éprend de William, pirate rivale et amant incarné par Anthony Steele dont le nom se rappelle à nous sur quelques affiches de western, de film de guerre (La Bataille pour Anzio) ou un Miss Marple avec Angela Lansbury (Le Miroir se Brisa) réalisé par Guy Hamilton. Acteur britannique, il fut rendu célèbre pour son court mariage avec l’actrice Anita Ekberg à la fin des années 1950 devenant Mr Ekberg pour la presse de l’époque, actrice célèbre et sublime de La Dolce Vita de Federico Fellini. 

Le Tigre des Mers regroupe tous les ingrédients idéaux pour être un divertissement réussi. Le film l’est pour sa générosité, ses séquences palpitantes orchestrées avec talent par Capuano qui se fait (re)connaître grâce à l’exhumation de ses deux titres de piraterie venant ouvrir une collection chez Artus Films qui on l’espère en appellera bien d’autres dans l’avenir proche.

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