Le Lion de Saint Marc : Diaboliquement efficace

Disponible en DVD chez Artus Films, Le Lion de Saint Marc est une belle trouvaille de l’ourson héraultais. Le film resurgit du passé oublié par certains et espéré par d’autres tant ce cape et d’épée est d’une efficacité redoutable.
L’histoire est simple se déroulant dans le Venise du 17e siècle. La ville est la cible d’attaques régulières de la part d’une bande de pirates, sous l’impuissance des doges. Le fils de l’un d’eux, Manrico, lors du bal en l’honneur de ses fiançailles avec Isabella, subit une nouvelle attaque. Le soir même, il réunit quelques amis et décide de passer à l’action afin de mettre un terme à ces prédations.

Sur un scénario simple comme bonjour, Luigi Capuano développe une resucée du justicier brave dans la lignée de Zorro. Un personnage que le réalisateur italien connaît bien sortant du tournage de Zorro L’Intrépide un an auparavant. Le réalisateur chevronné le retrouvera ensuite par deux fois entre un improbable crossover avec les Trois Mousquetaires la même année que Le Lion de St Marc et le Tigre des Mers puis de façon officieuse en 1971 avec Zorro il cavaliere della vendetta en Italie ou Zorango et les Comancheros à l’international, dernier long métrage de Capuano avant une retraite bien méritée.
1963 donc, année des trois films sus mentionnés produit à la chaîne permettant un amortissement des coûts pour la production qui enchaîne Le Lion de Saint Marc et Le Tigre des Mers, autre sortie simultanée chez Artus Films. Outre son scénario basique et efficace, Le Lion de Saint Marc profite des décors somptueux de Venise. Les extérieurs confèrent un style classieux à ce petit film de cape et d’épée savamment orchestré pour divertir.
Le Lion de Saint Marc n’est pas une super production, mais un film d’exploitation d’un genre alors en vogue en Europe tirant sans vergogne sur les succès passés hollywoodiens. Les « Swashbuckler », popularisés outre Atlantique par Errol Flynn ou Douglas Fairbanks dans les années 1940, envahissent les écrans européens lors des vingt années suivantes jusqu’au cœur des années 1960. Malgré quelques résurgences sans grand succès dans les années 1970, les titres de gloire italiens se produisent en parallèle des péplums empruntant les acteurs phares maniant la fine lame autant que les poings ou les flingues dans les westerns. Ainsi, il ne sera pas rare de voir côtoyer Maciste et Zorro, Les Trois Mousquetaires et le même héros masqué ou encore Samson et Le Corsaire Noir. Les Italiens n’ont pas peur aux yeux osant tout et son contraire pour le simple plaisir des spectateurs.
Luigi Capuano fut l’un des grands artisans de cette vague exotique et bondissante mettant en scène Sandokan par deux fois dans Le Trésor de Malaisie et Le léopard de la Jungle Noire. Il réalise aussi Le Flibustier des Caraïbes avec Guy Maddison vu récemment dans Devilman le Diabolique disponible également chez Artus Films.
Le Lion de Saint Marc n’est donc qu’une formalité pour ce réalisateur de qualité sachant faire avec peu. Luigi Capuano met en boite trois films en cette année 1963 partageant les décors et autres stock shot diablement bien orchestrés pour faire illusion. Le Lion de Saint Marc partage ainsi ses extérieurs, sa bataille navale et son attaque de château avec Le Tigre des Mers et Le Bourreau de Venise. La production optimise ses coûts pour exploiter son équipe technique, certains des acteurs et les décors d’une Venise prêtant ses charmes chatoyants.

Le Lion de Saint Marc est donc un petit film de cape et d’épée divertissant. Gordon Scott est son héros masqué à la mâchoire carrée, lui qui fut Tarzan entre 1955 et 1960, premier Tarzan en couleur dans l’histoire du cinéma prenant la suite avec succès de Johnny Weissmuller. Il rencontra notamment Vera Miles sur l’un des tournages devenant mari et femme. Gordon Scott était l’un des fameux bodybuilders devenus acteur entre Hollywood et Cinecitta. Ex-militaire, il incarna Hercule, Maciste, Rémus, Zorro, Jules César ou encore Buffalo Bill au cinéma. L’acteur eut une carrière riche en titres et faits de gloire, ami proche de Steve Reeves, il était l’une des icônes des péplums de la grande époque, plutôt bon acteur et surtout belle gueule dont seul le nom sur l’affiche attirait les fans dans les salles de cinéma. Le Lion de Saint Marc profite du charisme de la star en justicier combattant vaillamment les pirates pour les beaux yeux – et surtout la beauté ravageuse – de Gianna Maria Canale autre pierre précieuse à l’affiche de ce film singulier et que l’on retrouve en tête d’affiche du Tigre des Mers du même Luigi Capuano.
Le Lion de Saint Marc est peut-être une production pingre, mais un sacré film d’aventures où les joyaux de l’exploitation italienne de l’époque se côtoient et s’amourachent tout en jouant les fines lames bienveillantes pour notre plus simple bonheur de cinéphile.

1 Rétrolien / Ping

  1. La Belle et le Corsaire : Le feu aux poudres -

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*