Tom : Un monde plus petit

Beau, évidemment simple et mâtiné de poésie surréelle joliment concrète, le cinquième et dernier long métrage de Fabienne Berthaud sortira donc le 11 mai prochain dans nos salles obscures. Réalisatrice habituée aux récits dépeignant des scénarios de vie passionnants et souvent douloureux (la rupture conjugale suivie d’un voyage initiatique entrepris par l’héroïne de Sky interprétée par Diane Kruger, les révélations chamaniques et spirituelles survenant suite au décès de l’époux du personnage superbement incarné par Cécile de France dans Un monde plus grand…) Fabienne Berthaud reste ici fidèle à ses préoccupations humaines subtilement communicatives, livrant avec Tom la fable d’une jeune mère et de son fils vivant dans le microcosme reculé d’une arrière-campagne en la matière d’un modeste mobil-home éloigné de toutes et de tous…

D’un côté le petit Tom (Tanguy Mercier, étonnant de maturité précoce), garçon d’une dizaine d’années sensible et plus adulte qu’il n’y paraît refaisant à ses heures perdues l’éducation pédagogique de sa mère et se structurant avec les moyens du bord (confort limité de son habitacle, père absent depuis sa naissance, nature environnante l’invitant à exploiter son imaginaire…). De l’autre la jeune Joss (Nadia Tereszkiewicz, incroyable de charme mêlé de fragilité, de rudesse et d’autonomie en demi-teintes…), mère sans véritable emploi allant ça et là œuvrer dans l’horticulture de masse et s’occupant elle aussi de son fils du mieux qu’elle peut. Entre les deux Samy (Félix Maritaud, déjà aperçu dans le superbe L’Ennemi de Stephan Streker en début d’année, nldr) mi-ange, mi-démon ténébreux aux allures d’écorché vif tournant autour de leur intimité jusqu’alors paisible et quasiment autarcique…

De ce triangle relationnel jouant d’accès d’humeurs, de douleurs contenues et de désirs d’indépendance (Tom cherche une figure paternel susceptible d’être un modèle à part entière ; Joss cherche à profiter d’une adolescence volée par sa maternité prématurée ; Samy, mystérieux et faussement malveillant, cherche à renouer des liens brisés concernant Joss et lui-même…) Fabienne Berthaud tire un résultat pleinement efficace ainsi qu’émouvant, mettant un point d’honneur à placer ses personnages au-devant de l’adversité et des aléas de l’existence ; limpide et profondément humain Tom montre, à travers les yeux d’un enfant peu ordinaire car hautement responsable de sa mère et de lui-même (Joss a, en quelque sorte, parentifié malgré elle la chair de sa chair) une famille dé-composée au coeur de laquelle la jeune femme et le petit garçon font de leur mieux, allant jusqu’à écouter les conseils des anciens prêts à abandonner ce monde (la figure de la vieille Madeleine, campée par Claudine Acs avec justesse, reste en mémoire longtemps après la projection)…

À noter par ailleurs la superbe composition musicale de Timothée Régnier alias Rover permettant d’insuffler à cette fable intimiste une humeur éthérée joliment estampillée « indé », principalement au détour d’une scène finale pour le moins marquante dont on se gardera de vous dévoiler la substance. Tom fait donc figure de little big film au propos aussi particulier et singulier qu’universel, allant jusqu’à parier sur la reconnaissance de son audience. Dolent et beau.

2 Commentaires

  1. Bonjour,
    Très bel article sur un film fort émouvant que j’ai eu la chance de pouvoir visionner hier. La scène finale est effectivement très marquante, et la chanson « In your eyes de Rover » magnifique et d’une mélancolie puissante et poignante. Toutefois, une erreur s’est glissée dans votre chronique: Rover n’est pas un groupe, mais le projet solo du très talentueux auteur-compositeur-interprète français Timothée Régnier.

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