Chucky – Saison 1 : Ade due damballa !

Dans la section des franchises horrifiques à rallonge, Chucky commence à devenir un des antagonistes parmi les plus robustes que le genre ait connu. Pas moins de sept films entre 1988 et 2017 et toujours toutes ses dents. Ce qui confère au personnage de Chucky cette longévité si attrayante repose essentiellement en un seul nom, celui de son scénariste, Don Mancini. Création sur laquelle Mancini a bâti toute son œuvre (il n’a jamais rien écrit d’autre), la saga Chucky lui doit à la fois sa prospérité ainsi qu’une continuité historique préservée au fil des épisodes. En effet, en dépit de plusieurs arcs narratifs qui se distinguent au fur et à mesure des suites, l’évolution de la mythologie de cette poupée maléfique n’a jamais faillit à ses origines. Mancini ; qui est passé derrière la caméra à partir du cinquième opus (Le Fils de Chucky, 2004) ; nourrit son bébé de différents mythes vaudous et de tout un pan de la pop culture l’ayant bercé (le mythe de Frankenstein en première ligne). Pourtant, on aurait pu croire la saga morte et enterrée après les deux derniers opus sortis directement en vidéo qui n’avaient pas fait l’unanimité dans le cœur des fans. A dire vrai, Le Fils de Chucky avait bidé en salle (rentrant à peine dans ses frais aux USA), les spectateurs ont eu du mal à accepter le virage métafilmique emprunté par Mancini. Pour autant, Le Fils de Chucky demeure un épisode fort sympathique, généreusement gore et à l’humour ravageur que nous vous invitons à (re)découvrir. Un humour qui ne s’est jamais perdu au fil des histoires et qui a permis à l’univers établi par Mancini de ne jamais perdre de sa superbe. La Malédiction de Chucky (2013) et Le Retour de Chucky (2017) exploitaient maladroitement leur aspect méta et étaient en deçà des directions artistiques de ses grands frères. Rien de bien inoubliable en somme en dépit de la volonté farouche de Mancini à vouloir repousser inlassablement la case du remake/reboot/requel… Voilà pourquoi l’étonnement est total lorsque nous retrouvons notre chère poupée sous la forme d’une série.

Qu’on ne s’y méprenne pas. A l’instar de la série Scream ou Souviens-Toi…l’Été Dernier qui capitalisent sur des titres de films qui ont connu un succès certain pour en faire un show totalement à part, Chucky assure une parfaite connivence avec les films. Le néophyte pourra totalement entrer dans cet univers par le biais de la série à la simple condition d’accepter que cette dernière lui dévoile tous les éléments clés des films précédents. Chucky possède une grande richesse d’écriture qui redouble d’ingéniosité afin de faire s’imbriquer correctement toutes les pièces du puzzle. Don Mancini entend bien charmer de nouveaux spectateurs tout autant qu’il souhaite ravir les fans de la première heure. La fin ouverte du dernier film étend donc son concept pour un format télévisuel et nous délivre 8 épisodes aussi costauds que généreux. Oui, Chucky est bel et bien de retour, en grandes pompes et dans une forme olympique. A Hackensack, une paisible banlieue américaine, Jake Wheeler, un adolescent solitaire de 14 ans, fait la découverte d’une poupée Brave Gars vintage lors d’un vide-greniers. Mais cet achat se révèle être une mauvaise surprise lorsque de nombreux meurtres se produisent dans cette petite ville où règnent mensonges et hypocrisie. En effet, la poupée est possédée par Charles Lee Ray, un tueur en série dont l’esprit a été transféré dans la poupée plusieurs années auparavant. Parallèlement aux meurtres qui entourent Jake et ses amis, d’anciens ennemis et alliés de Chucky vont également refaire surface.

La mise en bouche est timide, hésitante et terriblement lisse. Don Mancini fait peur dans sa manière de caractériser ses nouveaux héros. La bande d’adolescents semble issue d’une sitcom fauchée et la direction artistique paraît calquée sur n’importe quelle série « teenage » comme MTV en a produit des tas lors de son âge d’or. Les deux premiers épisodes ne laissent rien paraître de folichon. Pourtant, tout le génie de Mancini éclate de mille feux par la suite. Ce dernier fait voler en éclats tous les stéréotypes qu’il nous a habilement fait gober pour ramener son doudou maléfique sur le devant de la scène. Chucky s’offre une résurrection à la hauteur de sa réputation. Non seulement il demeure aussi créatif et psychotique qu’autrefois, avec de jolis meurtres très graphiques à la clé, mais surtout ses interventions sont plus cyniques que jamais. Brad Dourif prête de nouveau sa voix à la poupée et c’est un bonheur de tous les instants de retrouver toutes les saveurs qui nous ont fait aimer cette poupée si particulière depuis sa première apparition en 1988. Car, si Don Mancini est toujours resté le marionnettiste en chef du projet, il est impossible d’imaginer Chucky sans la voix de Brad Dourif. Avec ce noyau dur à la tête du projet, cette première saison de Chucky fait des étincelles. De plus, il convoque tous les personnages emblématiques des films précédents et leur offre plus qu’un simple caméo. En effet, ils possèdent un rôle important à jouer. De Andy à Nica, ils répondent tous présent et élèvent la série au firmament des plus belles transpositions jamais faites (ce que, dans un autre genre, la série Cobra Kaï fait également à merveille).

Don Mancini égrène les faiblesses de ses dernières histoires pour les transformer en atout. Cette première saison de Chucky parvient à créer un nouvel arc narratif avec des personnages attachants en y incluant tous les arcs narratifs historiques en son sein et consolide le tout dans un discours méta parfaitement dosé qui donne un vrai sens à ce qui paraissait tiré par les cheveux lors des deux dernier opus. La série réussit parfaitement tout ce qu’elle entreprend. A l’instar de Scream sorti sur nos écrans cette année, Chucky jouit d’un vrai sens du divertissement. Il consolide tout le classicisme de ses codes et les amène vers un renouveau plus que plaisant. Bien conscient des limites de son concept, Chucky prouve que lorsqu’un auteur se montre férocement attaché à sa création, il fera toujours tout ce qui est en son pouvoir pour lui offrir le meilleur. La série parvient même à donner envie de se replonger dans les derniers films (assez quelconques) de la saga afin d’aller y déceler les indices que Mancini a pu y laisser à l’époque. Quelle belle surprise que cette première saison de Chucky ! S’il vous fallait une seule bonne raison de prendre votre essai gratuit à la plate-forme Salto, celle-ci semble la plus indiquée.

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