Les animaux fantastiques, Les Secrets de Dumbledore : L’ultime tentative de réconciliation avec la saga. 


Norbert Dragonneau et Cie sont de retour cette année dans Les Animaux fantastiques : Les Secrets de Dumbledore. Après un deuxième opus décevant, David Yates (qui réalisa Harry Potter du 5 au 8) semble déterminé à nous réconcilier avec la saga de J.K Rowling avec son troisième volet actuellement diffusé dans les salles obscures depuis le 13 avril.

Ce long métrage est attendu par l’immense communauté de fans qui espère une amélioration dans l’écriture : une tâche bien ardue dont la réussite dépend de l’intrigue puisque deux autres chapitres sont potentiellement prévus. Mais avec les échecs au box-office des films précédents l’enjeu est donc de clôturer brillamment ce long métrage tout en laissant des possibilités de suite en cas de succès…
Dans un registre tout de même différent des premiers, ce troisième opus est centré sur les secrets les plus intimes, du bon vieil Albus Dumbledore (et accessoirement de Grindelwald) tout en renouant avec les codes de la saga. Sous la plume de Madame Harry Potter ainsi que de celle de Steve Kloves, ce spin-off doublé d’un préquel tient- il toutes ses promesses?

Cette critique contient de nombreux spoilers.

Après avoir fui Paris et recruté Croyance et Queenie, les ambitions de Gellert Grindelwald s’étendent au-delà du monde magique. Il souhaite une guerre entre les Moldus et les humains. Connaissant ses plans et étant incapable de neutraliser ce dernier (lié à lui par un pacte de sang) le professeur Albus Dumblecore sollicite le magizoologiste Norbert Dragonneau pour qu’il réunisse son frère Thésée,
Yusuf Kama (magicien sénégalo-francais), Eulalie Hicks (sorcière américaine) et Jacob Kowalski au sein d’une équipe intrépide. Leur mission des plus périlleuses les amènera à affronter des animaux, anciens et nouveaux, et les disciples de plus en plus nombreux de Grindelwald. Pourtant, dès lors que les enjeux sont aussi élevés, Dumbledore pourra-t-il encore rester longtemps dans l’ombre ?

Le ton est donné et les scénaristes n’ont pas de temps à perdre. Dès la première scène, nous sommes confrontés à des révélations sur la relation entre Dumbledore et Grindelwald. Il était bel et bien amoureux de ce dernier, laissant ainsi les doutes disparaître. Un choix audacieux pour J.K Rowling puisque – pour la première fois que dans l’univers de Harry Potter – la question de l’orientation sexuelle est évoquée. Jusqu’alors des suppositions plantaient, notamment dans le deuxième volet. Une alchimie particulière, très proche du sentiment amoureux, opérait entre les deux personnages.

Ainsi Les Secrets de Dumbledore confirme l’attirance de l’ancien directeur de Poudlard vis-à- vis du mage noir. On peut se demander si c’est une manœuvre désespérée du studio pour apporter de la matière au récit ou un choix scénaristique bien mené…
L’intrigue tournant autour des élections du prochain chef suprême de la Confédération Internationale des Sorciers, installe en guise de toile de fond un amour singulier liant deux personnages. Ici, l’auteure répond aux attentes et se met au service des fans. Nous en savons plus sur lui, mais aussi sur sa famille avec l’intégration de son frère Abelforth (Richard Coyle) au cœur du récit.

Le personnage de Albus incarné par Jude Law est central, distillant la présence de Norbert Dragonneau à l’écran. Les enjeux ne sont pas les mêmes que ceux des premiers volets, il est alors normal que son personnage prenne plus de place dans l’histoire, reléguant ainsi le magizoologiste au second plan. Sa présence reste ici timide (contrairement aux autres films) mais tout de même importante. Son personnage est brillamment joué par Eddie Redmayne.
Mais le jeu en vaut la chandelle puisqu’il nous offre, en compagnie de Mads Mikkelsen (dans le rôle de Grindelwald) un duo incontournable. Après le départ (précipité) de Johnny Depp, ce dernier a repris son rôle à la dernière minute. Il incarne parfaitement le personnage, le rendant plus sombre et machiavélique. Monsieur Mikkelsen a sans aucun doute un jeu moins prévisible et loufoque que Johnny Depp (bien qu’il ait su lui apporter un côté macabre avec une touche de folie), apportant avec lui son charisme habituel.

Malheureusement pour lui l’intrigue souffre d’un problème de rythme et d’écriture ne lui permettant pas d’explorer la complexité de son personnage. De ce fait, sa présence à l’écran est moins percutante. La longueur du film n’est pas le problème ici : il s’agirait plutôt des nombreux raccourcis narratifs comme des révélations ou actions sans explication. Les scénaristes posent des éléments sans les accorder ensemble. Le spectateur doit alors s’accrocher pour suivre les différentes étapes du film : des personnages apparaissent et disparaissent sans que l’on puisse comprendre ce qu’ils faisaient là lorsque d’autres, comme Croyance, sont présents tout au long du film sans réelle utilité.
Il en va de même pour la relation de Dumbledore et Grindelwald. Elle n’est pas assez exploitée, uniquement calibrée à des allusions au passé. C’est au travers des mots que nous sommes censés comprendre la passion qui a animé ces deux hommes (au point de tuer involontairement la sœur de Albus et Abelforth, Arianna). À l’écran, il aurait été intéressant d’en savoir plus sur cet amour avec, par exemple, des flash-back l’illustrant.

En outre, de nombreuses incohérences sont à relever dans ce film. Grindelwald est désigné pour faire partie des candidats à la tête des sorciers par le ministère de la magie en Allemagne. C’est un dangereux criminel dont les actions sont semblables à Voldemort. Pourtant, cela a été rapidement mis aux oubliettes. Peut-être que les scénaristes ont subi le sortilège d’Amnésie. Et ce n’est pas la seule chose qui cloche. Si on revient sur les élections, nous en savons très peu sur les motivations des candidats. Ce n’est pas, certes, le plus important mais plus de précision sur leurs motivations n’aurait pas été de trop (compte tenu de plusieurs moments creux et dialogues excessivement longs).

Les Animaux Fantastiques : Les Secrets de Dumbledore sauve les meubles. Nous sommes encore loin de retrouver ce même engouement que nous avions en regardant la série de films Harry Potter, mais le film n’en est pas mauvais pour autant. Il jongle entre quelques idées bien amenées et des incohérences.. Il faut, toutefois, reconnaître la qualité des effets spéciaux et les petits efforts pour rendre le récit moins confus (à l’instar du deuxième opus). Le duo Mads Mikkelsen et Jude Law lui permet également de ne pas tomber dans l’ennui face aux 142 minutes du film.

Par amour pour les récits de J.K Rowling, la magie doit continuer d’exister à travers cette saga. Il reste, cependant, beaucoup de progrès à faire pour que la saga s’améliore…

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