En même temps : Alliance éthique

AVERTISSEMENT : cet article risque de (con)tenir des propos délibérément inclusifs susceptibles d’exciter la morale et la (bien)séance tenante des lecteurs-spectateurs eux-mêmes inclus dans l’expérience cinématographique proposée par le binôme Kervern-Delépine à partir du 6 avril de cette année. Si vous êtes électeur au Rassemblement National, que vous pratiquez la polygamie et que les FEMEN n’ont plus de secrets pour vous, vous êtes (con)tenus de poursuivre la lecture des lignes ici présentes, ou de les abandonner dans le même temps si vous êtes anti-spéciste, islamo-gauchiste et/ou éco-responsable. C’est à vous, ou pas.

En guise d’INTRODUCTION nous vous proposons cette définition tout droit sortie du petit Larousse et/ou du gros Robert, définition elle-même incluse dans le nouveau long métrage de la famille grolandaise :

Cravate de sénateur (locution féministe éventuellement accordable au masculin et/ou au pluriel) : position identique à la cravate de notaire, mais avec les fesses.

SYNEPTIE DÉTAILLÉE : Deux types. Deux genres. Deux mecs un peu comme les autres, ou pas. L’un s’appelle Didier Bequet, l’autre Pascal Molitor. Le premier promène sa gueule d’Alexandre Benalla bien rasée de près sur les affiches de sa campagne municipale bleue foncée, le second admire Jaurès tout en promenant son patronyme de gigantesque pédiluve du 16ème arrondissement. L’un est notoirement de droite lorsque l’autre est clairement de gauche, sinistre à en mourir (de rire) et coupable à qui mieux mieux. Didier fume le cigare et dirige le parti politique du DEC (Divers Extrême Centre, variant néo-libéral de la Macronerie, ndlr) de sa commune, Pascal fume une pipoteuse (terme lui-même issu de la contraction des termes pipe et vapoteuse, plus communément appelée pipe électronique, re-ndlr) et vote les Verts pour le bien commun. L’un roule en limousine sous la direction de son chauffeur personnel (et arabe, qui plus est) lorsque l’autre s’est lancé dans la voiture électrique pour mieux défendre l’éco-système. Le premier est un bâton de merde bien dur alors que le second n’est, de toute évidence, qu’une petite couille molle. L’un veut et exige qu’on lui dise OUI à tout lorsque l’autre ne sait tout simplement pas dire NON. Deux types biens, deux cons dans leur genre, ou les deux en même temps…

Un jour Didier croise la route de Pascal… Après quelques compromis de façade ils décident de briser la glace en pénétrant l’intimité du FMI, le bar à hôtesses d’une bourgade occitane au cœur duquel les deux (con)pères payeront champagne et nuit de folie avec la belle et débutante Sandra… qui n’est en fait rien de moins qu’une femme progressiste (infiltrée) bien décidée à sceller définitivement l’amitié naissante entre Bequet et Molitor à renfort de colle ultra-forte dans leur(s) parti(es) intime(s) ! De droite à gauche, de gauche à droite les deux comparses feront route ensemble tout du long, l’un demeurant techniquement actif, l’autre symboliquement passif. De l’Alpha à l’Oméga le destin du binôme croisera celui de trois mousquetrices en m(â)l(e) de matriarcat, véritable trio d’iconoclastes du deuxième sexe préparant quelque guerre secrète à l’encontre d’une phallocratie de plus en plus ridicule, trio voué à rendre jalouse la plus chevronnée des FEMEN ukrainiennes. Tout un programme.

COMME EN TERRE, IN(CON)NU : le film de Kervern et de Delépine fait (bonne) figure de buddy-movie sympatoche et caustique bien comme il faut, montrant l’absurdité d’une culture de plus en plus cancel, tapant joyeusement sur la droite réactionnaire, la gauche mollassonne, les censeuses d’un patriarcat finalement moribond, la médiocrité du genre masculin et l’économie d’un marché au cœur duquel le peer to peer virtuel aurait résolument remplacé les centres commerciaux (merci François Damiens, deux fois). Le film parvient à n’épargner personne et à rendre attachant tout ce petit monde dans le même temps, Jonathan Cohen excellant en droitier politique gentiment carnassier et arrogant juste ce qu’il faut et Vincent Macaigne jouant impeccablement ce petit rondouillard bercé d’idéaux aux yeux de chien battu. Légèrement plus long que les précédents films du duo Kervern-Delépine En même temps cultive un sens de la punchline ainsi qu’un comique pince-sans-rire que l’on connaissait déjà chez les deux bonhommes, de Aaltra à Avida en passant par Mammuth

CON(IN)CLUSION : plutôt deux fois qu’une le rédacteur de ces quelques lignes invite le, la, les spectateurs et spectatrices venu(e)s lire cet article à se rendre dans les salles obscures à partir du 6 avril 2022 afin de découvrir le dernier film de Gustave Kervern et de Benoît Delépine, comédie satirique au ton délibérément mordant et un rien anarchiste. Drôle et bien senti En même temps demeure entièrement représentatif du cinéma du couple grolandais, se hissant sagement mais sûrement parmi leurs meilleures créations. C’est à voir et/ou à revoir, seul(e) ou accompagné(e)…

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