Terreur Sur La Ville : Un maniaque dans les fougères

Les aficionados de Close-Up que vous êtes n’ont certainement pas manqué notre dernier podcast en date dans lequel nous sommes revenu sur la grande histoire du slasher au cinéma par l’intermédiaire de la saga Scream. Si nous l’avons à peine effleuré lors de cette émission, Terreur Sur La Ville est un film qui est devenu culte aux États-Unis non seulement pour l’histoire qu’il transpose, mais également pour les prémices des codes du slasher qu’il emploie. Ressorti chez Rimini Éditions dans une superbe copie blu-ray qui rend justice au magnifique étalonnage du film, Terreur Sur La Ville s’inspire de faits réels survenus dans une petite bourgade texane à la sortie de la Seconde Guerre Mondiale. Non content de réhabiliter une pépite trop peu souvent mise en avant dans nos bacs vidéos à l’époque, l’éditeur permet aux amoureux du genre de pouvoir enfin se procurer l’un des fleurons du slasher dans un superbe écrin. Sorti deux années avant Halloween (qui donnera les lettres de noblesse au genre), le film de Charles B. Pierce est un savoureux mélange d’enquête policière et de meurtres graphiques saupoudrés de quelques séquences comiques plus que bienvenues. Affublé d’un budget minuscule de 400 000 dollars environ, Terreur Sur La Ville est une bible de débrouillardise. Le choc des images impacte indubitablement par des choix astucieux de mise en scène. N’attendez donc plus, le film est à (re)découvrir d’urgence chez Rimini Éditions.

The Phantom Killer. C’est ainsi que fut surnommé le tueur qui s’abattit sur la petite ville de Texakarna, au Texas, en 1946. Pendant plusieurs mois, il sema la terreur et la paranoïa au sein de cette paisible communauté. Sa particularité : il sévissait tous les 21 jours. Jamais identifié, il cessa soudainement ses meurtres et ne fit plus jamais parler de lui.

Avec un cold case aussi passionnant et mystérieux, Terreur Sur La Ville s’offre une histoire en or. Porté par un casting exceptionnel de seconds couteaux emblématiques de l’époque du western et du début de l’âge d’or du cinéma indépendant américain, le film embarque littéralement le spectateur dès sa séquence d’ouverture d’une barbarie folle. En l’espace de quelques plans, Charles B. Pierce iconise son tueur. Une masse imposante cachée dans les fougères qui espionne deux jeunes adolescents qui s’acoquinent dans une voiture, un masque blanc recouvrant son visage et laissant sortir une respiration rauque et inquiétante. Rien de plus, rien de moins, The Phantom Killer prend naissance sous nos yeux ébahis. Sa carrure bestiale n’a d’égale que l’atrocité de ses crimes. Cette introduction grandiloquente suffit à créer l’effroi recherché par son réalisateur. Nous sommes apeurés d’entrée de jeu et ressentons le malaise qui est jeté sur la tranquille petite ville. La force d’identification des personnages ne se résume pas qu’au simple charisme du tueur car toute l’équipe policière (portée par les immenses Ben Johnson et Andrew Pine) se révèle être particulièrement bien écrite.

Le scénario de Earl E. Smith (Le Retour de l’Inspecteur Harry) a cette aisance dans la manière de présenter ses personnages qui rend le déroulé de l’histoire parfaitement fluide. On y croit à cette brigade de flics qui doit composer entre des membres au fort caractère et des collègues empotés tout droit sortis d’un Police Academy. Bien que nous savons délibérément que le tueur ne sera jamais identifié, il y a cet enjeu transcendé par la caractérisation des personnages qui rend l’enquête si passionnante. A l’instar d’un Zodiac dans lequel David Fincher émettait une hypothèse quant à l’identité de l’antagoniste, Terreur Sur La Ville offre une certaine vision sur le devenir de son tueur. L’épilogue du film préfigurera une certaine idée de ce que sera le slasher métafilmique à la sauce Scream, et particulièrement l’ouverture de Scream 2 qui semble être le miroir de la fin imaginée ici. Pour un petit budget, Terreur Sur La Ville possède une patine particulièrement classieuse. Charles B. Pierce assure une direction artistique d’une splendeur inouïe et notamment lors des séquences nocturnes. Ses nuits américaines sont magnifiques et trouvent une nouvelle aura grâce au master proposé par l’édition de Rimini. Les premières nuits pluvieuses prennent une dimension hallucinante, c’est un vrai régal pour les pupilles.

Terreur Sur La Ville renaît divinement de ses cendres pour un spectacle qui saura ravir n’importe quel amateur de slasher. Outre sa passionnante enquête policière, le film regorge de séquences intenses où le tueur traque ses victimes jusqu’à plus soif. D’ailleurs, The Phantom Killer ne saurait nier ses influences sur la posture de Jason Voorhees dans Le Tueur Du Vendredi (le second volet de la saga Vendredi 13). Petite série B confidentielle de son époque, Terreur Sur La Ville est désormais à ranger parmi les films les plus influents que le slasher ait connu. Il était grand temps qu’un éditeur l’honore en bonne et due forme, bien joué Rimini !

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