Édito – Semaine 12

Bip Bip… Ils récidivent comme le stipule une vidéo d’un acheteur sur Youtube publiée et partagée la semaine dernière s’étant procuré l’édition de Double Team de Tsui Hark avec Jean-Claude Van-Damme fraîchement parue chez ESC Éditions. Le personnage de cartoon s’était déjà signalé sur l’édition du film de Clive Barker Cabal pour sa director’s cut en une version française longtemps introuvable outre sur le Net via des montages pirates. Des pratiques illégales bien évidemment souvent partagées en petit comité sur des blogs où il faut être invité. Mais ces pratiques sont des travaux minutieux, une bande son VF recalée sur une copie en version originale dénichée sur des éditions importées des États-Unis, d’Allemagne ou d’Angleterre, juste le temps de laisser le soin d’une édition hexagonale d’être produite. Il est ensuite de coutume de supprimer le fichier et d’intimer à sa communauté de soutenir le professionnel en achetant ladite édition. Cela relève d’une question de respect bien évidemment, mais surtout du fait d’acquérir une belle édition physique pour visionner le film dans les meilleures conditions possible accompagné d’une multitude de bonus. Ce que font avec talent les différents éditeurs indépendants français.
Mais… La semaine dernière un nouveau « Bip Bip » s’est fait entendre pendant le générique de Double Team tout juste sortie en DVD, Blu-Ray et Combo VHS-Box, édition spéciale encombrante, mais dont nous raffolons particulièrement avec mon cher Anthony pour compléter notre collection autour de la filmographie glorieuse de Jean-Claude Van Damme. Mais sur Double Team pendant le générique de fin, Speedfire93 signe son travail pour avoir recalé soigneusement la version française sur un master Haute-Définition longtemps disponible en import chez les Américains de Mill Creek depuis 2019 ou en Allemagne chez Explosive Media depuis 2017. Une pratique régulière chez les « Bootleggers » du Net pour marquer des fichiers qui finissent toujours par circuler un peu partout, et ce même chez des professionnels.
Professionnel au singulier, cet éditeur se définit en trois lettres connues comme le sigle de mercenaires forts d’un catalogue luxueux, mais au travail d’amateur. Des éditions bâclées qui se vendent en masse au cœur d’un réseau n’ayant peu de considérations pour l’objet. La cible est l’euro client peu regardant sur la qualité, mais de la consommation rapide pour mieux se revendre en occasion. 

Ils ont récidivé donc sur la sortie de Double Team. Le tollé soulevé pour la sortie de Cabal n’a servi à rien. Speedfire lui-même était sorti de l’ombre pour protester sur le vol de son temps consacré au montage de sa version bootleg. Mais son incapacité à se retourner juridiquement laisse les mains libres à l’éditeur de profiter aisément et avec désinvolture d’un bricolage signé pour le vendre 30€ au grand public. Cet éditeur insolent revient à la charge sans prendre le soin d’effacer ladite signature. L’a-t-il au moins entendu ? Car entre Cabal et Double Team, le chaland a payé 36€ un fichier téléchargé sur le net en moins d’une minute grâce à la fibre. Cela ne nous enchantait pas de profiter de masters de dix ans d’âge payés au prix fort, mais maintenant il faut applaudir l’exploit d’un éditeur ayant réussi à graver un fichier Zone-Téléchargement ou Tirexo sur un Blu-Ray !

À passer en boucle ces trois secondes de générique laissant entendre « Bip Bip…Speedfire93 », la sensation d’être pris pour du jambon sous vide fait monter une colère à la hauteur de l’arnaque subie. Bien sûr cet éditeur aux trois lettres a acquis les droits d’une œuvre pour l’exploiter sur le territoire français. Mais il vole le travail d’un cinéphile faisant ses bricoles dans son garage pour faciliter son travail d’éditeur richement payé. Nous voulons bien soutenir les petits éditeurs qui se réunissent et se soutiennent au cœur de « L’Appel des 70 », mais il ne faudrait pas prendre le cinéphile/consommateurs pour une vache à lait en lui fournissant des films téléchargés sur le net gratuitement au cœur d’un packaging au look tapageur. Nous ne mettons pas tout le monde dans le même panier rassurez-vous, mais les actes d’un seul éditeur peuvent distiller une sensation générale conduisant certains gros acheteurs à se tourner vers l’import. Ce qui commence fortement à se démocratiser chez certains ayant abandonné l’idée de tout achat chez ESC Éditions pour les bonnes raisons. 

Il reste à connaître le sentiment de Speedfire93. Suite à sa colère lors de la sortie de Cabal, qu’en est-il aujourd’hui pour le cas Double Team ? Nous entendons bien sa signature pendant le générique, mais la personne est introuvable. Nous avons essayé de le contacter, mais point de traces de lui sur les réseaux. L’idée naïve d’une collaboration entre ESC et Speedfire93 pour la confection de l’édition et de la VF de Double Team est une éventualité. Nous en doutons grandement évitant de virer candide, mais l’hypothèse est à retenir en échange d’une rémunération pour prêter ses talents voire au mieux d’éditions gratuites à la clé. Certains éditeurs collaborent directement avec ses talents du net, des faiseurs de miracle sur des classiques et autres bisseries exhumés de plus en plus des catalogues pour sortir en masse sur le marché français. Les polars italiens, les westerns spaghettis, etc. trouvent une nouvelle vie grâce à des collaborations franches entre un éditeur et un talent ressuscitant le divertissement d’antan sentant la poudre, les fayots et le sable chaud. Mais de là à télécharger/voler perfidement la minutie d’un passionné pour récolter les lauriers, il n’y a qu’un pas que seul un éditeur a franchi s’accommodant, voire censurant les nombreux commentaires apparaissant sur les réseaux sociaux, groupes spécialisés et autres forums aux communautés abondantes. Cela fait plusieurs mois que nous glanons les différents retours désastreux sur les éditions d’ESC. Le cas Double Team est une nouvelle goutte qui fait déborder le vase. Payer des éditions plus de 200 francs pour se retrouver à regarder un fichier télécharger/voler avec ce Bip Bip qui va traverser les années avec cette VHS-Box pour mieux laisser filer ce sentiment de vol à deux degrés : Celui de l’éditeur envers le bootlegger ayant passé du temps à confectionner sa petite version pour la regarder dans les meilleures conditions à la maison puis le vol du consommateur se faisant un plaisir à 36€99 en précommande pour garnir fièrement sa collection Jean-Claude Van-Damme en VHS-Box. Ce cinéphile adepte de cinéma d’action se retrouve avec un fichier de 20Go téléchargé via un logiciel type Jdownloader2 avec un compte AllDebrid et une bonne fibre parisienne amenant le fichier en moins d’une minute montre en main. Une VHS-Box qui contient donc un fichier illégal, mais sans nous permettre de contacter HADOPI pour un signalement. ESC va tranquillement continuer à garnir sa collection de droits, soutenu en partie par le CNC, en vendant des téléchargements illégaux à ses clients qui paieront le prix fort de ce qui est gratuit et ILLÉGAL censé se partager sur un petit blog fumeux d’une petite communauté de passionnés le temps de payer le DVD ou le Blu-Ray juste pour le plaisir d’avoir l’édition. Des méthodes limites mafieuses dans la lignée du marché chinois et leurs VCD qui se vendaient sous le manteau ou à l’arrière des boutiques du 13e arrondissement dans les années 1990 ou à l’entrée des bouches de métro dans les années 2010 avec ces vendeurs pakistanais qui vendaient en Dvix les derniers grands films du cinéma pour 2€ le CD. Aujourd’hui ils vendent des accessoires pour téléphones créant des incendies dans vos maisons depuis qu’ESC a repris le marché du DVIX – devenu BluRix – distribuant pour leur part leurs éditions propres à la Fnac, sur Amazon ou chez Cultura au prix fort du marché et sans jamais être inquiété le moins du monde. Une honte.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*