
La première saison de Space Force nous avait laissé sur une impression mitigée, la série semblant incapable de trouver le bon ton et le bon rythme pour s’imposer comme une réussite, oscillant entre un humour bancal et une réalisation manquant de timing comique. Alors que nous étions sans nouvelles depuis sa sortie en 2020, voilà que la saison 2 a débarqué sans crier gare le 18 février dernier sur Netflix et c’est donc avec une certaine curiosité que nous avons lancé ces nouveaux épisodes, produits dans un contexte assez compliqué.

Alors que la plupart des sitcoms réserve généralement des premières saisons qui « se cherchent » (à l’instar de The Office version américaine ou encore Parks and Recreations, également co-créées par Greg Daniels) mais qui se bonifient par la suite, beaucoup de voyants étaient au rouge pour cette seconde saison de Space Force. Budget revu à la baisse forçant à une relocalisation du tournage à Vancouver, changement dans l’équipe d’écriture, sept épisodes produits au lieu de dix et un changement d’administration politique rendant caduque la critique de l’ère Trump abordée dans la première saison… Pas mal de changements que la série intègre bizarrement dans sa narration, comme une étrange mise en abyme : en effet, suite au changement d’administration, le budget de la Space Force est revu à la baisse et le général Naird et son équipe doivent consentir à des sacrifices tout en prouvant au nouveau pouvoir mis en place qu’elle est encore pertinente dans le monde d’aujourd’hui et qu’il ne faut pas fermer ce département. Impossible de ne pas y voir une sorte de cri du cœur de la part des scénaristes de la série, argumentant en leur faveur envers Netflix pour avoir la chance d’avoir une troisième saison.
Dans ce contexte, il est difficile de ne pas éprouver un indéniable élan de sympathie envers une série pourtant loin d’être exceptionnelle mais qui est pourtant attachante. Pourtant, pour ces nouveaux épisodes, Space Force a encore plus perdu de sa force comique. Il n’est plus guère question ici d’étriller l’administration américaine ou même de faire rire puisque la plupart des gags, déjà plus rares sur cette saison, ont toujours cette fâcheuse tendance à ne pas arracher plus qu’un sourire, la faute à une écriture paresseuse et à une réalisation ayant toujours du mal à se caler sur le tempo comique de ses acteurs. Ainsi, si l’on excepte une mise en scène orchestrée par les personnages dans l’épisode final qui est assez irrésistible, rien ou si peut ne nous fera véritablement rire dans Space Force. Il semble même que ce but soit relativement abandonné par les scénaristes. La série se montre finalement hautement réussie quand elle manifeste une certaine tendresse. Les personnages ne se tirent plus dans les pattes, se montrent tous bienveillants les uns envers les autres et ne fonctionnent jamais aussi bien que lorsqu’ils sont réunis face à un ennemi commun. Là, cette équipe dysfonctionnelle mais hautement efficace, se montre à la hauteur et c’est là que la série arrache à ses acteurs leurs meilleures scènes (avec toujours beaucoup d’amour pour Steve Carell et John Malkovich, duo parfaitement efficace) et que l’on s’attache énormément à eux.

Peut-on faire reposer une série uniquement sur de la tendresse quand on évente systématiquement le moindre enjeu narratif d’envergure ? La réponse est non mais on ne peut s’empêcher d’éprouver une infinie sympathie pour cette galerie de bras cassés très attachants et touchants dans leurs doutes et questionnements. C’est d’autant moins gênant que les sept épisodes se regardent avec une facilité déconcertante et s’enchaînent parfaitement, suffisamment en tout cas pour que l’on soit très curieux de ce qu’une troisième saison pourrait nous proposer…
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