Get The Hell Out : Explosions de tripes dans l’hémicycle

Beaucoup moins mis en avant que ses comparses de Hong-Kong ou de Chine par chez nous, le cinéma taïwanais n’en demeure pas moins une sacré fourmilière à talents. De Hou Hsiao-Hsien à Ang Lee en passant par Sylvia Chang, les amateurs de la culture asiatique ont déjà côtoyé des œuvres singulières et marquantes venues de Taïwan. Pour autant, lorsqu’il s’agit de cinéma de genre, le public occidental est plus enclin à citer le cinéma de Hong-Kong ou le cinéma japonais que des films plus confidentiels issus de la petite île de Taïwan comme la surprenante série Detention de John Hsu ou encore les deux volets de The Rope Curse qui racontaient deux histoires de fantômes très intéressantes. Il faut donc saluer l’arrivée d’une des nouvelles exclusivités Shadowz comme une sérieuse aubaine pour les spectateurs curieux d’un cinéma de genre différent. Get The Hell Out est le premier long-métrage de Wang I. Fan et il ne vous laissera indubitablement pas indifférent pour peu que vous soyez coutumiers des codes inhérents à ce genre de cinéma. Au sein de l’énorme sphère zombiesque qui ne cesse de pulluler à toutes les sauces, Get The Hell Out entend bousculer les habitudes du spectateur en lui offrant un spectacle aussi drôle que politiquement fort, revenant ainsi à des ambitions que n’aurait pas renié George A. Romero.

Le parlement taïwanais devient plus dangereux que jamais lorsqu’un virus transforme les politiciens en zombies, avides, comme chacun sait, de dévorer les citoyens. Piégé dans l’hémicycle placé en quarantaine, un groupe de survivants tente d’échapper à la contagion.

Après avoir fait sensation dans une flopée de festivals, Get The Hell Out s’offre définitivement au public français sous la bonne protection des éditorialistes de chez Shadowz. On ne remerciera jamais suffisamment la plateforme de nous proposer autant d’exclusivités qui seraient très difficiles à trouver sur le marché vidéo et obligeraient les plus impatients à se tourner vers le téléchargement illégal pour mettre la main sur le précieux sésame (ne faites pas les gros yeux, nous savons que vous avez déjà été ce genre de cinéphile). Get The Hell Out est une comédie sauvagement gore et irrévérencieuse boursouflée d’un brûlot politique qui entend bousculer les consciences. Sous couvert d’un rythme éreintant, le film de Wang I. Fan attrape son spectateur à la jugulaire et ne le lâchera jamais pendant 90 minutes jouissivement excessives. Le film annonce la couleur d’entrée de jeu par un carton aussi drôle qu’évocateur : « Un mauvais film c’est 90 minutes de souffrance, un mauvais gouvernement c’est 4 ans ! » Afin que nous sachions parfaitement où nous mettons les pieds (et pas que dans la gueule !), le réalisateur insuffle toute la nervosité propre aux mangas et autres jeux-vidéos d’action pour parfaire son œuvre. Il sera difficile de respirer un tant soit peu tellement Get The Hell Out nous broie comme un rouleau-compresseur impossible à stopper. Soyez en forme lorsque vous déciderez de dévorer la galette, la demi-mesure n’existe pas ici. Tout est caricaturé au maximum : les personnages sont perpétuellement hystériques, les effusions de sang font passer les chutes du Niagara pour une chasse d’eau et la satire mise en place génère une hilarité de tous les instants. Dire que Get The Hell Out est un film dopé aux amphétamines serait un euphémisme. Quel pied !

D’aucuns diront que le film a ses limites, et ils auraient raison sur un seul et unique point : Get The Hell Out est typiquement un film taillé pour les festivals. C’est une proposition qui se décuple au cœur d’une salle réceptive à son sujet où l’expérience collective est la meilleure des récompenses que l’on puisse lui accorder. Apprécier le film, seul, dans son salon ternit quelque peu l’effet dévastateur qu’il recherche. De facto, on en revient à ce que nous disions en préambule, il en va de votre propre capacité à être familier des préceptes de ce genre de film afin de ne pas passer à côté. D’autant que pour un premier film, Wang I. Fan démontre un talent inouïe pour s’approprier une multitude de codes et les mélanger sans en faire une bouillie exécrable. Sa mise en scène dispose de multiples identités et arrive à faire corps dans un tout parfaitement cohérent. Entre l’iconisation de ses personnages empruntée au manga, les scènes de bastons issus des films de kung-fu, les bains de sang aux émulsions sanglantes typiquement chinoises (et, par extension, un peu japonaises sur les bords), le cynisme et le slapstick hybride entre les mimétismes chinois et occidentaux…Get The Hell Out est indéniablement un film de passionné mis en scène par un surdoué.

L’implication de son casting joue également énormément sur la vraisemblance du projet. Il aurait été difficile de faire tenir autant de références sans devenir un capharnaüm insupportable sans des acteurs entièrement dévoués à la cause. Les acteurs donnent littéralement de leur personne. Ils mouillent le maillot avec une dévotion sans faille. Impossible de transposer une telle énergie dans le cinéma occidental, il y aurait forcément un essoufflement. Aucun acteur ne fait pâle figure ici. D’autant qu’on les sent éminemment convaincu de l’image politique que le film renvoie. Get The Hell Out ne se prive jamais pour taper lourdement sur les politiciens. Le pouvoir, la corruption et l’indifférence des institutions en prennent sacrément pour leur grade. Le film trouve une finesse rare dans son océan de grossièretés pour rendre son sujet sensiblement mondial. S’il tacle férocement la politique taïwanaise, Get The Hell Out s’applique tout autant à notre politique. Voilà pourquoi le film pourra trouver grâce aux yeux de n’importe quel spectateur, il est universel dans ses propos. Rajoutez à cela une jolie pichenette au COVID (et la préfiguration de tous les débats austères autour des pro et des anti-vaccin qui nous pourrissent la vie depuis plusieurs mois) et vous aurez une petite idée de ce que vaut Get The Hell Out.

S’il regorge de qualités probantes, Get The Hell Out se maintient et s’apprécie avant tout pour son rythme effréné. Parvenir à tenir la distance en maintenant une hystérie élevée est la vraie force du film. Get The Hell Out est similaire à un cent mètres qui s’étire sur 90 minutes, aurez-vous assez de souffle pour réussir à atteindre la ligne d’arrivée en un seul morceau ? La réponse se trouve désormais sur Shadowz.

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Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la plateforme Shadowz.

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