Désenchantée – Saison 4 : Bean’s Way

Autant l’avouer tout de suite, au moment de lancer le visionnage de la quatrième saison (ou quatrième partie, on s’y perd) de Désenchantée, la motivation n’était pas vraiment de la partie. Malgré tout le plaisir (éphémère) causé par le visionnage des épisodes précédents, nous n’avions guère été convaincus par ce que nous proposait la série, à savoir des épisodes avec un semblant de fil narratif les liant les uns aux autres mais dont la narration était plus préoccupée par l’envie d’enchaîner les gags sans conséquences que de proposer un réel récit prenant en compte ses enjeux. Que la série enchaîne les épisodes sans se soucier d’une quelconque narration plus encombrante soit, mais elle frustrait en ne choisissant jamais réellement son camp et en dessinant en filigrane une histoire plus ample et plus ambitieuse bien souvent délaissée. Avec ces dix nouveaux épisodes, Désenchantée entreprend de rectifier le tir ou tout du moins de faire un effort significatif pour enfin nous accrocher.

En effet, il n’est plus question d’épisodes s’enchaînant sans conséquences. Si l’on peut reprocher à la série sa capacité à résoudre trop facilement des situations narratives qui mériteraient que l’on s’y attarde plus amplement, la voilà qui se tient à son fil rouge dessiné depuis le début, à savoir la destinée de Bean et du royaume de Dreamland dont le château cache un secret. Tout en se perdant parfois en joyeuses digressions, Désenchantée ne perd quasiment jamais de vue ses enjeux principaux et gagne ainsi en densité, accélérant le pas dans son déroulement. On appréciera notamment le véritable effort fait dans l’écriture des personnages, avec cette fois une réelle profondeur psychologique. En effet, les scénaristes assument enfin la nature profondément complexe de Bean dont le mal-être palpable depuis le début n’est plus seulement un moteur à gags mais également un véritable cœur narratif, central dans le final de la saison. Et quand le personnage assène une réplique exprimant ouvertement ses sentiments sans avoir le but de faire rire, la surprise est de taille – et totalement bienvenue !

On sera donc ravi de voir la série (enfin) apprendre de ses erreurs et assumer une dimension un brin plus dramatique. Il ne faut pas s’attendre non plus à un réel bouleversement mais à un glissement qui se fait de façon plutôt habile et naturelle. Bien sûr, le ton général reste ouvertement humoristique et l’on se régale toujours autant des interactions entre Bean, Elfo et Luci, trio qui a toujours fait la saveur de la série et qui reste sa grande force. Leurs relations gagnent en profondeur et aucun des gags entourant le trio ne tombe à plat tant la façon dont les personnages sont écrits fait preuve d’une belle aisance (et l’on adore toujours autant Elfo et son obsession pour les fesses, ‘’bum-bum’’ comme il les appelle). On ne pourra pas en dire autant des personnages secondaires à l’instar du roi Zog, lui aussi bénéficiant d’une certaine évolution mais toujours bloqué dans un seul registre de gags. La facilité gagne souvent la création de Matt Groening qui recycle pas mal de gags et de trouvailles de ses précédentes créations sans donner l’impression de se fatiguer, chose d’autant plus dommage qu’il a à disposition un univers au potentiel immense.

Le visionnage de la série se fait cependant toujours aussi bien et l’on enchaîne les épisodes sans gourmandise mais avec une facilité déconcertante. La prise de conscience de cette quatrième saison se montre également salvatrice et lui redonne un beau gain d’énergie à saluer et l’on espère farouchement qu’elle continuera sur cette lancée dans la cinquième saison. On y reviendra en tout cas avec plus de plaisir que prévu, ce qui constitue déjà en soi un vrai petit miracle !

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