Édito – Semaine 7

Loin de nous l’idée de passer pour des naïfs dans ce monde impitoyable mais Hollywood va-t-il un jour arrêter de céder à la facilité en multipliant suites, remakes, reboots ou autres requels (terme mentionné dans le dernier Scream) ? La réponse est non surtout quand on voit les scores faramineux de Spider-Man : No Way Home au box-office, film qui ne fait que brosser le fan dans le sens du poil en développant le Multivers Marvel. Disney, qui récidive encore avec ses univers étendus en faisant de The Book of Boba Fett la saison 2.5 de The Mandalorian, n’est pas le seul à céder à la facilité.

En effet, pourquoi faire original quand on peut faire autrement ? Les exemples dans le cinéma hollywoodien ces derniers temps sont légion : au lieu d’adapter un autre récit d’Agatha Christie jamais porté sur grand écran, on nous recolle une nouvelle adaptation de Mort sur le Nil. On fait un film Uncharted sachant que les jeux vidéos de la franchise forment des films à eux seuls. Et maintenant, on apprend que les droits liés aux films et aux jeux vidéos du Seigneur des Anneaux sont mis en vente aux enchères. Une rude bataille risque donc de s’engager entre gros studios pour récupérer ces précieux droits, dans le seul intérêt de les essorer jusqu’à la moelle bien entendu. Personnellement, si j’avais une fortune, ces droits seraient rachetés et mis au placard pour toujours, du moins sur le plan cinématographique afin d’éviter qu’on nous sorte d’ici quelques années une nouvelle trilogie fadasse et remplie de fonds verts. L’incapacité permanente des studios à faire confiance à l’originalité et sa bêtise à suivre des algorithmes pour pondre des blockbusters est absolument effrayante. Dans ce monde où tout va trop vite, on fait un reboot d’une franchise qui a moins de dix ans pour livrer des films de plus en plus aseptisés, où la violence ne fait pas couler de sang et où le sexe semble absent.

Autant vous dire que face à cette déferlante, on attend de pied ferme The Batman, certes énième itération d’un personnage maintes fois porté à l’écran mais néanmoins porteur d’un certain espoir, celui d’être capable de livrer un divertissement mainstream audacieux, capable de conjuguer réussite artistique et succès public. Un film en forme d’espoir dans un Hollywood de plus en plus en berne et de moins en moins audacieux. Pour ne pas être complètement négatif, profitons de cet édito pour saluer, à l’inverse d’Hollywood, un cinéma français de plus en plus riche. On en parlait dans notre dossier bilan de 2021 et cette diversité semble se profiler pour 2022. Depuis ce début d’année, nous avons déjà eu Les Promesses, Une jeune fille qui va bien, Les Vedettes, Enquête sur un scandale d’état, Les Jeunes amants ou encore Adieu Paris. Que des titres intéressants, certains étant même capable d’allier fond social et films de genre, la preuve qu’il suffit de faire un peu d’efforts pour offrir au public autre chose que des divertissements fadasses même si – les scores de Spider-Man en témoignent – les divertissements fadasses ne sont pas prêts de quitter nos écrans…

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