L’armée des Ténèbres : Un film qui « fait un effet d’enfer » !

Mois de janvier placé sous la houlette des films cultes sur Shadowz. Quoi de mieux que de démarrer l’année avec tout un tas de films doudous ? Ces films que l’on connaît pourtant par cœur, mais qui ne manquent jamais le coche pour nous requinquer en bonne et due forme. Difficile de faire un choix entre Jeu d’Enfant et la naissance de Chucky au cinéma, la terrifiante fan tortionnaire de Misery, l’ultime baroud d’honneur du regretté Wes Craven qui ressuscitait son mythique tueur Ghostface dans Scream 4 ou encore le retour de la famille cannibale la plus culte du septième art pour l’une des meilleures productions de la Cannon, Massacre à la Tronçonneuse 2. Si vous n’avez toujours pas compris que l’abonnement Shadowz est essentiel à vos vies, on ne voit pas comment mieux vous convaincre. Pour ce week-end, notre choix s’est porté sur L’armée des Ténèbres. Troisième opus de la saga Evil Dead initiée par Sam Raimi, cet épisode fait bande à part par sa conception loufoque et l’amour du burlesque de son auteur. Probablement l’épisode le plus tordant à nos yeux (n’en déplaise aux fans hardcore d’Evil Dead 2), L’armée des Ténèbres est un pari aussi couillu qu’il ne manque pas de qualités. Retour en époque médiévale pour un conte moyenâgeux sacrément « groovy ».

Ash Williams, une tronçonneuse greffée au poignet, un fusil dans l’autre main, se retrouve propulsé dans le passé, en l’an 1300, par le moyen d’un portail spatio-temporel. Il est capturé par les hommes du seigneur Arthur, qui le soupçonnent d’être un agent du duc Henry, avec lequel Arthur est en guerre. Jeté dans une fosse où il tue un mort-vivant, Ash convainc les chevaliers qu’il est un homme du futur et qu’il doit impérativement retrouver son époque. Selon l’alchimiste d’Arthur, le seul moyen pour Ash de revenir chez lui est de retrouver le Necronomicon, le grimoire à l’origine de ses malheurs. Ce dernier part à sa recherche et se retrouve rapidement poursuivi par une force invisible.

Originellement conçue pour être racontée dans Evil Dead 2, cette aventure de Ash au Moyen-Âge est un exutoire jouissif pour Sam Raimi. Pratiquement contraint d’avoir eu à proposer un remake de son premier film, faute de budget, pour Evil Dead 2 (ce qui explique pourquoi il expédie rapidement les événements survenus dans Evil Dead pour s’attarder sur la lutte de Ash contre les forces maléfiques), il lui aura fallu attendre six ans pour enfin concrétiser ses rêves. Produit par Dino De Laurentiis qui lui alloue un budget aussi limité (pour les ambitions de Raimi) que conséquent (par rapport aux deux films précédents) de 11 millions de dollars (soit quasiment quatre fois le budget de Evil Dead 2), L’armée des Ténèbres est le prototype parfait du film d’aventures horrifique à regarder en famille. Sam Raimi « super-héroïse » Bruce Campbell et lui confère l’aura de gaffeur qu’on retrouvera des années plus tard via la série Ash vs Evil Dead. Ce n’est désormais plus un secret, l’amour de Sam Raimi pour les comics est sans faille (la trilogie Spider-Man et son Darkman qui fut décliné en 3 volumes par la suite), il n’est donc pas étonnant que son film soit rythmé comme une bande-dessinée. L’armée des Ténèbres se voit comme un film-somme puisqu’on y retrouve tous les amours de son auteur. Un burlesque dantesque qui ne s’essouffle jamais, directement hérité des meilleures comédies muettes de l’histoire, des hommages appuyés à ses premiers amours comme les effets spéciaux de Ray Harryhausen ou bien encore à la science-fiction, et particulièrement Le Jour Où La Terre S’arrêta de Robert Wise. Tout ce qui a façonné les envies de cinéma de Sam Raimi pullule dans chaque recoin de L’armée des Ténèbres. La rupture de ton entre Evil Dead premier du nom et ce troisième chapitre y est radicale (en dépit du fait que le premier Evil Dead ne manque pas d’un cynisme sanglant). S’il a su tirer profit d’un second chapitre (culte) en y instaurant un discours volontairement irrévérencieux (offrant des perspectives illimitées pour les comédies gores outrancières qui naîtront par la suite, coucou Peter Jackson !), c’était pour mieux nous préparer à l’éventualité d’un troisième opus qu’il fantasmait depuis longtemps. Ainsi, on ne se sent ni floué ni perdu lorsque l’on se lance dans L’armée des Ténèbres puisque tous ses atouts ont été malicieusement placés en amont.

L’humour du film repose essentiellement sur l’alchimie qu’il y a entre Bruce Campbell et Sam Raimi. Campbell (acteur fétiche de Raimi et ami de toujours) nous sert un numéro grandiloquent qui préfigure la notoriété de certains futurs grands noms de la comédie à la Jim Carrey. C’est un festival de grimaces, Campbell en fait des caisses et nous emmène de force au sein d’une folie enivrante qui fonctionne du feu de dieu. Que de séquences cultes reposent sur ses épaules – on ne saurait les compter ni même en choisir une en particulier ! Bruce Campbell donne de sa personne (ce qui lui vaudra une avalanche de blessures) et impose à Sam Raimi de ne pas relâcher la cadence. Voilà pourquoi le film fonctionne, les deux talents devant et derrière la caméra redoublent d’exigence titanesque pour proposer le spectacle le plus burlesque et divertissant possible. Car, si Bruce Campbell en impose en anti-héros gaffeur et décérébré, il ne faut pas omettre les ambitions artistiques de Raimi. L’armée des Ténèbres propose des plans audacieux concoctés le plus souvent avec les moyens du bord (la marque de fabrique de la trilogie Evil Dead) et qui font des ravages. Techniquement parlant, le film est une leçon d’artisanat qui transpire l’amour du cinéma. Il est évident que Sam Raimi figure parmi les auteurs les plus importants de sa génération, le cinéma fantastique lui doit énormément. L’armée des Ténèbres n’a pas eu l’héritage escompté par la suite et se voit souvent considéré comme l’épisode mal-aimé. Plus qu’un devoir pour nous de vous convaincre de ses qualités (et parce qu’il appartient à notre immense liste de films doudous depuis toujours), revoir L’armée des Ténèbres aujourd’hui, au regard de la filmographie de son auteur, c’est surtout se rendre compte de l’aspect visionnaire des ambitions de Raimi. En voulant saluer ses pères, Sam Raimi n’a pas conscience qu’il se transforme lui-même en auteur essentiel et qui comptera pour les générations à venir. La preuve ultime, si besoin était de le préciser, d’un très grand film.

L’armée des Ténèbres est une série B absolument délicieuse à l’humour ravageur et portée par un duo de génies au meilleur de leur forme. Bruce Campbell y inscrit son nom au panthéon des meilleurs anti-héros du septième art pendant que Sam Raimi démontre l’importance de sa créativité. Nous n’avons pas attendu Spider-Man pour nous rendre compte à quel point Sam Raimi est un artiste éminent qui manque cruellement au cinéma depuis son dernier film en 2013. Espérons que son retour (prévu sous la houlette de Marvel) sera à la hauteur de son talent. En attendant, L’armée des Ténèbres est disponible immédiatement sur Shadowz et n’attend plus que vous.

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Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la plateforme Shadowz.

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