Placés : Rencontre avec l’équipe du film.

Alors que la situation sanitaire continue d’éloigner des gens et diviser les familles, pendant que la France vie probablement l’une de ses plus grosses crises sociales de l’histoire moderne, Nessim Chikhaoui, quant à lui, décide de réaliser son premier film, Placés. Un film au coeur des problématiques des Maison des Enfants à Caractère Social. Une bonne manière de remettre au coeur de nos discussions un aspect fondamental de l’éducation de valeurs chères à la République qu’elle semble avoir pourtant oublié. Un film rempli de bienveillance et d’humanité. Une occasion pour nous de rencontrer toute l’équipe du film dans une ambiance chaleureuse et décontractée. Où les intervenants vivent à leur rythme un peu comme au milieu de cette maison d’accueil.

Qu’est-ce qui vous a motivé à faire ce film là ?

Nessim Chikhaoui : Ce qui m’a motivé c’est que j’étais éducateur pendant 10 ans dont 7 ans au foyer, en maison d’enfants. Donc mon but était vraiment de montrer autre chose que tout ce qu’il peut se dire et de tout ce qu’on peut voir de cet univers. Notamment sur le métier d’éducateur mais aussi surtout sur ces jeunes AVEC des problèmes et non pas des jeunes À problèmes comme on peut les catégoriser.  

C’est votre premier film?

NC : C’est mon premier film en tant que réalisateur, oui. J’étais scénariste avant (Nessim Chikhoui est scénariste des films Les Tuche depuis le deuxième opus, NDLR) mais ça ne compte pas (rires)

Votre casting est très éclectique, notamment avec des artistes de tous les horizons. Y a-t-il une note d’intention derrière ce choix ?

NC : Il y avait une vraie envie notamment de représenter toutes les générations et de montrer que peu importe les horizons de chacun, tout le monde est là pour la même chose : s’occuper de ces jeunes et de ces nouveaux citoyens. Pour les acteurs, c’était important de montrer la nouvelle génération, la moyenne génération et la génération un peu plus expérimenté et ce qu’il peut arriver dans les maisons d’enfants. Ce sont beaucoup de jeunes qui arrivent mais il y a quand même les plus expérimentés qui sont là pour encadrer tout le monde et être le garant de cette éducation et de cette transmission.

Philippe Rebbot : Sous-jacent dans ta question, il y a aussi l’idée des acteurs expérimentés. Surtout, ce qui fait que l’on peut se retrouver avec Aloïse, Julie (Depardieu), Moussa etc… c’est qu’il y a une sensibilité en chacun de nous qui fait qu’on aurait tous pu chacun réellement incarner ces rôles dans la vraie vie. J’aurais vraiment pu être ce directeur de centre. C’est aussi ça que Nessim a vu en nous je pense, j’espère.

Justement Philippe on a l’impression que vous avez fait ce métier, vivre avec des enfants et les éduquer. Vous avez déjà eu une expérience similaire avant ?

PR : J’étais moniteur de colonie de vacances mais ce n’est pas là où j’étais le champion. J’étais vite débordé. Heureusement que ce n’était pas des gosses à problèmes. Parce que moi je suis vite trouillard (rires)

Comment ça vite trouillard ?

PR : Je suis assez admiratif des gens qui s’occupent à la fois des gosses et des fous. Personnellement j’aurais envie de le faire mais ça me fout physiquement la trouille donc tout de suite je me retrouverai complètement débordé par ces gosses qui ont une espèce de patate, même une espèce de violence. Et moi je dois dire, avec mon corps de lâche… (rires) non mais sérieusement en plus.

On a un peu le sentiment que le métier d’éducateur passe complètement à la trappe dans la vie politique et sociale.

NC : Non seulement il passe complètement à la trappe mais en plus je n’ai pas été financée par la Région Île-de-France. Je leur avais fait une lettre où je trouvais que c’était inacceptable de ne plus financer ces maisons d’enfants et de ne pas financer non plus un film qui parle de ces maisons d’enfants. Et ce que je disais dans ma lettre, c’est que quand à 20h on applaudissait les infirmiers, on applaudissait aussi les éducateurs. Parce qu’à cause du covid, les éducateurs allaient au travail la boule au ventre, s’occuper d’enfants qui n’avaient concrètement pas de parents pour s’occuper d’eux. Donc ce mépris envers ce métier m’a un peu révolté.

PR : Je suis d’autant plus admiratif que ce sont des gens qui ne gagnent pas un kopeck. C’est un sacerdoce, ça devient vraiment de l’ordre d’une mission c’est pour ça d’ailleurs que j’aurais pas pu le faire, j’ai beau avoir un grand cœur, je n’ai pas l’âme de cette mission. D’ailleurs ce sont souvent les mêmes corps de métier qui gagne le moins et aident le plus les autres. Les infirmiers, les médecins, les éducateurs, les enseignants. C’est complètement invraisemblable que ce soit ceux qui s’occupent de nous, qui soient les moins bien payés. Pire encore, que de temps en temps on revalorise le métier avec des miettes juste pour donner l’illusion. Accessoirement les discours que j’entends autour de ça en ce moment me rendent complètement dingue. Ça aussi s’ajoute au courage, d’y aller tous les matins à 8h du mat pour s’occuper de gosses qui peuvent aussi être chargés de leurs problèmes et ne pas être sûr qu’on pourra payer l’essence etc… À quel point tout cela complique la vie.

NC :  Sans parler des nuits.

Il y a beaucoup de démissions dans ce métier ?

NC : Bien sûr, il y a des démissions, des réorientations. Après, le métier d’éducateur à plusieurs facettes. J’ai fait 7 ans en maison d’enfants puis 3 ans en AEMO (Action Educative en Milieu Ouvert, ndlr) où j’avais des horaires plus cool, je faisais du 10h/18h. Du coup je me retrouve à travailler avec des jeunes à leur propre demande pour un suivi éducatif. Ou alors c’était la juge, ou l’ASE (Aide Sociale à l’Enfance) qui faisaient des contrats. Je me retrouvai à aller dans des familles pour analyser des situations s’il fallait les éloigner ou non de leur famille ou s’il fallait juste les accompagner.  Parce que parfois un jeune il a juste besoin de quelqu’un qui l’écoute et le soutienne. Donc oui, il y a beaucoup de démissions, moi j’ai arrêté au bout de 10 ans au moment où ma femme était enceinte. J’étais déjà sensible mais j’étais devenu ultra-sensible. Je me souviens de situations lorsque je rentrais chez moi où je me suis mis à chialer. Alors que j’avais plutôt une bonne carapace au moment où ma femme est devenue enceinte, je suis devenu beaucoup plus fébrile. Et comme je ne me voyais ni chef de service, ni directeur, j’ai eu de la chance de pouvoir bifurquer tout en continuant à en parler. Et de toute manière on n’arrête jamais vraiment d’être éducateur.

Il y a vraiment un nouveau rapport à la comédie et au drame dans les films français en ce moment. J’ai vu un gros rapprochement avec Hors Norme de Olivier Nakache et Éric Toledano, ainsi que Patients de Grand Corps Malade. Quels ont été l’impact de ces influences sur la manière de raconter et d’aborder cette histoire ?

NC : Alors pour moi Nakache et Tolédano sont une vraie référence car il savent traiter de la bienveillance avec de l’humour avec Intouchables ou Nos Jours Heureux. D’ailleurs c’est un film que je montrais tout le temps en maison d’enfants. En fait quand j’ai présenté ce film aux producteurs, j’ai dit “je voudrais que ce soit un mélange de Polisse et de Nos Jours Heureux”. Parce qu’il y a un côté très dur qu’il peut y avoir avec les sujets de Placés, accompagné de ce côté lieu de vie avec des rires, des larmes, des coups de gueule etc… Donc je ne voulais pas me lamenter sur leurs situations, en tant qu’éducateur ce n’est pas comme ça que l’on aide les gens. Donc ce que j’ai voulu montrer c’est le côté positif de cette maison d’enfants, que l’on ne voit jamais habituellement, que ce soit dans les documentaires ou autres, où on nous montre souvent que les côtés sombres. Qui existent évidemment mais on oublie trop souvent de nous montrer le côté solaire de la vie qui est réel.

Est-ce que vous avez eu des cas comme Emma par exemple ?

NC : Oui bien sûr, énormément même, j’ai eu une Emma qui a fait de la prostitution. Elle a eu cette période horrible et s’en est sortie. Elle est revenue dans la maison d’enfants où elle n’était plus placée pour montrer qu’elle allait mieux. Souvent j’ai beaucoup de jeunes qui deviennent puéricultrices et aident les jeunes enfants.

PR : Tu vas me dire si je me trompe mais j’ai l’impression que beaucoup des éducateurs viennent du même endroit que les jeunes.

NC : Du même milieu social tu veux dire? Oui bien sûr.

PR : C’est aussi pour ça que je ne me sens pas légitime à faire ce métier. J’ai le sentiment que beaucoup d’éducateurs sont d’anciens jeunes avec des problèmes qui veulent faire ce métier pour aider comme ils ont été aidés. C’est un cycle magnifique.

NC : Il y a beaucoup d’enfants placés qui deviennent éducateurs. Comme Lyes Louffok par exemple qui est un peu le porte-parole des enfants placés et des dérives du milieu. Il est sur le terrain tous les jours et il a écrit un superbe bouquin autobiographique qui s’appelle Dans l’enfer des foyers et a été adapté en téléfilm sous le nom L’Enfant de personne. Il aborde la thématique sur les côtés plus sombres parce qu’il les a vécus et qu’il raconte son histoire. Mais c’est important de montrer ce côté-là pour faire avancer les choses et c’est complémentaire avec mon film. Pour revenir sur la comédie, c’est important pour moi aussi car cela permet une soupape de décompression et c’est pour ça que je suis très fan des films anglais qui ont souvent un très bon équilibre. Quand j’ai fait ce film je me suis dit que je voulais faire un film que je pourrais moi-même aller voir au cinéma, et je vais très rarement voir des drames.

PR : Des fois la comédie vient juste dans le fait d’avoir des moments de pause. Même si ce n’est pas nécessairement comique, ce qui touche et donne envie de rire, c’est que le temps d’une chicha, la tension disparaît (rires).

Comment vous avez trouvé les jeunes ? Comment vous vous êtes intégrés dans le processus du tournage ?

Lucie Charles-Alfred : Alors la directrice de casting pour les jeunes c’était Manon Le Bozec et David Bertrand pour les adultes. Lorsque j’ai fait le casting, je suis d’abord passé pour la copine de Emma, Lucie. Donc pour un rôle différent. Puis j’ai beaucoup parlé avec Nessim. Il m’a beaucoup questionné et ça s’est fait très naturellement. Il m’a rappelé pour un deuxième casting, puis un troisième avec d’autres jeunes. Puis on a fait des séances de lecture et il m’a confié le rôle de Emma. Et avant ça j’avais déjà eu deux expériences, sur un téléfilm et un court-métrage. Et depuis j’ai tourné dans un long-métrage qui s’appelle La Traversée et un autre long-métrage qui s’appelle Ma Cam.

Victor Le Fèvre : Nessim m’a laissé carte blanche au niveau des dialogues et de mon phrasé, mais il m’a briefé avant le tournage. Il m’a dit ce qu’il attendait de moi et de mon rôle et surtout de mon énergie de jeu. Je pense avoir répondu à ses attentes et ça s’est fait assez naturellement parce que c’était mon premier rôle. Et Placés est mon premier film et j’en ai fait un deuxième qui s’appelle L’école est à nous.

Effectivement c’est réussi, on ressent bien ton énergie surtout durant la scène où tu t’embrouilles avec Shaïn.

Shaïn Boumedine : On s’aime beaucoup en plus, donc c’était pas facile à faire mais il fallait qu’on arrive à faire un truc réaliste où on se rentre dedans et ça a bien fonctionné je pense. 

NC : J’ai beaucoup discuté avec chacun mais c’est surtout l’humain qui était plus important que le professionnel. C’était l’échange que je voulais mettre en avant.

LCA :  D’ailleurs ce qui était bien c’est qu’il y avait tout de suite le réalisateur sur le casting. D’habitude il y a juste le directeur de casting mais la Nessim était là tout le temps et personnellement je trouve ça mieux. Donc il peut vraiment voir avec toi ses attentes.

Et où avez-vous tourné ? Où se situe cette maison ?

NC : À Villiers-sur-Marne. C’était une maison qui était destiné à la vente et on est parti en maison d’enfants pour reconstituer exactement le foyer dans lequel j’étais à l’époque. Et je voulais absolument une maison en meulière parce que ma première expérience était une maison en meulière et ça m’avait beaucoup marqué. Beaucoup pensent que les foyers sont des maisons avec des néons sombres. Et je voulais absolument reconstituer cette ambiance que j’ai connu du foyer. Presque une maison de famille avec chacun sa chambre où on ressent le vécu de la famille. Ce qui est important c’est la vie qu’il y a à l’intérieur.

Concernant la chanson que l’on entend à la fin. Elle est particulièrement entraînante. Quelle est la genèse de ce projet artistique ?

Aloïse Sauvage : C’est vrai qu’on a des bons retours sur la musique à chaque fois qu’elle passe au générique de fin. D’abord on s’est rencontré au tournage avec tous les comédiens et on s’est rendu compte avec Vicky et Moussa qu’on évoluait tous dans le monde de la musique. Ça s’est fait après le film et je sais que Nessim avait très envie de faire un projet artistique musical. Dans le film il y a un morceau de Vicky et un morceau de moi. Et on voulait un peu sceller tout ça en racontant le film dans un morceau en commun. Nessim a vraiment insisté sur la thématique de la sortie sèche. En gros, à la majorité, si le jeune sort du foyer et qu’il n’a pas de continuité professionnelle ou de contrat Jeune Majeur, toutes les vivres sont coupées, il n’y a plus d’aide. C’est ce qui donne souvent lieu à être à la rue. On s’est retrouvés en studio et puis la magie a opéré. Vicky avait un couplet, Moussa a commencé à écrire des petites choses, moi j’ai commencé par l’outro puis j’ai chanté une mélodie qui est devenue le refrain et par effet ping-pong on a créé le morceau tous ensemble. Tout part de la base musicale du film créé par Demusmaker. C’est avec ce thème musical qu’on a réussi à créer le morceau. Au final c’est assez incroyable ce truc familial que Nessim a réussi à faire où on se renvoie tous la balle en tant qu’artiste et humain.

Moussa Mansaly : Aloïse je l’ai rencontrée sur ce tournage et ce qui est intéressant c’est que j’ai fait ce titre là mais j’ai aussi fait un titre avec elle sur mon album et tout s’est fait très organiquement. Vicky est un artiste, Aloïse est une artiste, moi je suis un artiste donc ça coulait de source de faire un morceau tous les trois. Et forcément comme la mayonnaise avait pris durant le tournage, elle a aussi pris dans le studio.

VLF : Et puis comme ça tenait aussi à coeur à Nessim de résumer en chanson ce projet, ça s’est fait très naturellement et rapidement. C’était fluide, on maîtrisait le sujet (rires).

Justement il y a une impression d’harmonie et de spontanéité. 

AS : Ce n’est pas qu’une impression (rires)

Vous avez répété beaucoup de prises ?

LCA : Pas tant que ça.

NC : À part Nailia Harzoune (Rires)

Nailia Harzoune : Attention à ce que tu dis toi !

NC : Il n’y a pas eu d’épuisement dans les scènes

AS :  À part avec les différents axes de caméra, il n’y avait que très peu de prises superflus. Ce qui était fort c’est qu’on avait un scénario, la trame est ce qu’elle était avec des dialogues bien écrit et Nessim donnait vachement de liberté de jeu. Il y avait une telle entente que vous vous vanniez facilement entre les scènes et quand ont changeait d’axe, vous rajoutiez des trucs, c’était vivant.

PR : Il y avait surtout le fait que tout le monde connaissait bien son personnage. Parce que le texte au final, à partir du moment où tu connais ton personnage et ta situation, tu ne vas jamais te gourer.

AS : Et puis tous les petits accidents d’élocution sont bons à prendre, on a envie de les avoir. On a envie que untel bégaie, que sa langue fourche etc. Mais il n’y avait pas d’erreur à proprement parler.

NC : C’est aussi pour ça que le casting était assez simple c’est que j’ai pris des gens qui ressemblaient vraiment à leurs personnages. Sauf Philippe qui, pour moi, a été une vraie composition (rires).

Est-ce que vous connaissez ce milieu des foyers et des enfants placés ?

VLF : Oui, personnellement je le connais. J’ai des amis à moi qui ont déjà été placés et je connais aussi des éducateurs mais j’avais un très mauvais à-priori des foyers avant d’avoir tourné dans ce film et de l’avoir vu à l’écran. Pour moi c’était la prison, c’était une punition. Quand j’étais petit et que je faisais des bêtises, ma mère me disait “Fais attention là, tu frôles le foyer, tu vas aller au foyer”. Au final c’est pas du tout ce qui est montré dans le film et ça m’a appris beaucoup de choses. Ça m’a appris que placé ou non, si tu as envie de prendre un bon chemin dans ta vie tu vas prendre un bon chemin dans tous les cas. Que tu sois dans une famille, une famille d’accueil, ou dans un foyer avec des éducateurs, si tu veux prendre un bon chemin, tu prendras un bon chemin. Si tu veux prendre un mauvais chemin, tu prendras un mauvais chemin.

SB : Je connais également quelques personnes qui ont été placés et quelques éducateurs aussi. Je suis assez d’accord avec Victor, je ne pense pas qu’il y ait de règles. Ce n’est pas parce qu’on est jeune dans un foyer ou pas dans un foyer que l’on va avoir un bon ou un mauvais parcours. C’est avant tout notre appréhension de la vie.

MM : J’avais également des amis en foyer et des amis éducateurs mais je n’avais pas la vraie vue en immersion du sujet. J’avais beaucoup d’amis qui allaient au foyer quand moi, le soir, je rentrais chez mes parents. Donc, quand on est jeune, on n’a pas forcément cette notion de la vie en foyer, et surtout, je vivais au quartier et c’est un peu une grande famille. Tout le monde est pareil, on ne cherche pas à savoir d’où tu viens, quelles sont tes origines ou de quelle condition sociale tu es. Comme le soir tu rentres dans ton cocon familial, tu n’as pas ce déclic de te dire qu’il y a d’autres jeunes qui eux, rentrent dans leur foyer et ne voient pas leurs parents. Je pense qu’on est le produit de notre environnement mais c’est aussi notre rapport à notre évolution dans cet environnement qui fait que l’on se crée notre détermination ou pas. Après il y en a qui arrivent à développer ça dans ce qu’ils vivent et ce qu’ils ressentent, et d’autres qui ont besoin de gens pour les aider justement à trouver cette détermination.

Comment s’est faite votre rencontre à vous deux Nailia et Shaïn ? Vous vous connaissiez avant ?

SB : Non du tout on ne se connaissait pas avant, on s’est rencontré sur le casting.

NH :  Un peu quand même non ? (rires)

MM :  Oui c’est ce que je me disais vous vous connaissiez un peu.

SB : Oh la galère…

NH : Non je rigole on ne se connaissait pas je vous jure.

SB : Non écoutez elle est arrivé au casting habillée n’importe comment, elle revenait d’une semaine de théâtre à Bordeaux et puis Nessim m’a dit « c’est d’elle dont tu vas tomber amoureux ». J’ai eu du mal à y croire au début. (rires)

NH : Ah oui il était dégoûté, vraiment dégoûté.

SB : Non c’est une super comédienne et puis on s’entendait très bien quand on faisait les lectures et puis ça s’est confirmé lors du tournage.

NH : Alors moi je connaissais déjà Shaïn parce que je l’avais vu dans le film d’Abdellatif Kechiche donc j’étais trop contente et je voulais absolument faire ce film. Je voulais absolument embrasser Shaïn. (rires) Non en vrai on s’est super bien entendus et c’est ça qui était très beau. On a tous développé des relations assez fusionnelles amicalement parlant. C’était très fort comme tournage et là où Nessim est fédérateur, c’est que comme il a travaillé dans un foyer, il a recréé cette ambiance là, avec beaucoup de convivialité, beaucoup de blagues, beaucoup de bienveillance et on était tous dans cet esprit là. 

Est-ce que vous pourriez être éducateur ?

MM : Je pense que oui. Surtout si c’est bien payé (rires). Plus sérieusement au centre social on a eu des éducateurs d’éducation de notion de respect et de valeur de la d’où on vient. C’était assez simple de rentrer dans le moule de l’éducateur et puis c’était intéressant d’évoluer avec ces jeunes qui ont beaucoup d’énergie et de spontanéité. Ça change un peu, c’est pas comme si on tournait avec des mecs qui sont académiques, où ils déclament leurs textes sans rien dégager.

Tu as fait du foot avant. Maintenant tu rappes et tu joues dans des séries télévisées et des films. Tu as un parcours atypique, comment tu le décrirais ? Et sur quelles voies tu comptes poursuivre ta carrière ?

MM : Alors en fait je marche à l’énergie, que ce soit de la musique, le sport ou quoi que ce soit pour moi c’est de l’art, c’est de l’expression des sentiments donc je ne choisi pas un art plutôt qu’un autre. Ça c’est un problème qui est très français où on te rentre dans des cases. Alors qu’aujourd’hui on le voit on a de plus en plus ce besoin d’être pluridisciplinaire comme on dit. Ça veut dire que je fais à l’envie. Après c’est ça qui est bien dans le cinéma, c’est qu’on se met dans la peau de plein de personnages et on apprend à se découvrir soi-même. Ça fait un peu schizophrène mais ça fait partie du jeu.

Est-ce que vous aimeriez rejouer ensemble, tous ?

MM : Personnellement ça fait déjà deux films avec Nailia, j’en peux plus. Regardez comment elle mange son gâteau, elle s’en fiche complètement.

VLF : Elle partage même pas…

NH : Ce serait pas très covid friendly.

MM : Ouais ça t’arrange bien le covid (rires) ! Bah oui avec grand plaisir après Shaïn c’est trop grand, c’est trop haut, c’est le haut du panier.

SB : Bien sûr c’est toujours un kiff de les recroiser tous autant qu’ils sont. Par exemple j’avais recroisé le petit Elyes qui joue Viorel avec nous dans le film sur un autre projet dans lequel il joue mon petit frère. 

MM : Pareil j’ai tourné avec Philippe Rebbot cet été sur un autre tournage. C’est trop cool de se revoir dans d’autres personnages mais l’énergie reste la même donc j’espère qu’on se retrouvera dans d’autres projets oui.

VLF : Le monde du cinéma est tout petit.

Est-ce que tu as déjà oublié ta carte d’identité à un examen ?

SB : Non je ne crois pas mais c’est aussi parce que je n’ai pas fait beaucoup d’examens. Mais pour l’anecdote le jour du bac je suis arrivé en retard on a mis trois quart d’heure avant de trouver ma salle avec les surveillants je suis quand même sorti en avance en ayant le bac.

Propos recueillis à Paris le vendredi 07 janvier 2022 à l’hôtel Terminus Nord.
Remerciements à Mathis Elion pour nous avoir permis de conduire cet entretien.
Un grand merci à toute l’équipe du film pour s’être prêtée au jeu de cet entretien.

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