Belle : Du mal-être à l’épanouissement

Décidément, nous sommes gâtés en cette fin d’année. Après plusieurs propositions sympathiques comme House of Gucci, La méthode Williams ou encore Spider Man : No Way Home, c’est à présent un film d’animation japonais qui sort au cinéma. Et c’est Mamoru Hosoda (Les Enfants loups, Ame et Yuki) qui réalise avec les studios Chizu, Belle (Ryū to sobakasu no hime en version originale), une adaptation du conte La Belle et la Bête. Il sort le 29 décembre au cinéma. 

Dans la vie réelle, Suzu est une adolescente complexée, coincée dans sa petite ville de montagne avec son père. Mais dans le monde virtuel de U, Suzu devient Belle, une icône musicale suivie par plus de 5 milliards de followers. Une double vie difficile pour la timide Suzu, qui va prendre une envolée inattendue lorsque Belle rencontre la Bête, une créature aussi fascinante qu’effrayante. S’engage alors un chassé-croisé virtuel entre Belle et la Bête, au terme duquel Suzu va découvrir qui elle est. 

Dans la continuité de ses autres films comme Le Garçon et la Bête ou encore Mirai, ma petite sœur Mamoru Hosoda soigne les expressions des visages de ses personnages. Son style est fluide avec une palette de couleurs claire (par moment terne) dans le monde réel autant que dans le virtuel (sujet déjà exploré dans sa filmographie avec Summer Wars). Il y a aussi un mélange d’animation entre la CGI et la 2D pour que l’on puisse bien différencier ces deux mondes. Ici, la CGI n’est pas dérangeante et efficace. Au sein de U, les plans sont grandioses et nous font voyager.

Le travail y est beaucoup plus fourni et ça se voit à l’écran. La réalisation a su faire preuve d’imagination avec des décors tout droit sortis d’un conte féerique (une baleine transporte Belle lorsqu’elle chante devant tous les autres avatars) et dans un même temps moderne. Belle s’y produit en interprétant des chansons qui ajoutent de la douceur au tout. La musique « A Million Miles Away » est particulièrement prenante. Les paroles, la mise en scène, les effets 3D rendent ce moment magnifique. Son timbre de voix transmet les émotions de son personnage. On ressent sa fragilité, et son envie de divulguer son identité pourtant elle n’y arrive pas. Son mal-être l’empêche de montrer aux avatars qui elle est réellement. 

Non seulement Belle est un film beau visuellement mais il est aussi bien écrit avec des thématiques assez lourdes et sensibles. L’intrigue explore les complexes qu’une adolescente peut avoir au cours de sa scolarité. Pour sortir de ce sentiment de solitude, les adolescents se cachent derrière leurs écrans pour accomplir des choses, partager du contenu.  

Des grands thèmes s’en dégagent et explorent les côtés sombres des réseaux sociaux : le harcèlement, la création d’une fausse vie pour d’une part prendre confiance en soi et d’autre part impressionner les autres. Le but est d’entrer dans une sorte de norme créée par ce type de réseaux : être toujours au top, n’avoir aucun défaut. Cette pression est ce qui pousse Suzu à ne pas divulguer son identité. Outre ces thèmes liés à U, toute l’intrigue va bien au-delà. Il est surtout question ici de la maltraitance domestique et des conflits familiaux liés à des événements déterminants comme par exemple le deuil. 

Plus le film avance, plus Suzu affronte ses angoisses. Elle prend de l’assurance dans les deux mondes. D’une certaine manière, elle y est contrainte pour sauver la bête. Belle alias Suzu évolue à la manière d’un papillon dans sa Chrysalide. Au départ isolée (même avec son père) et ses camarades, elle se découvre et exploite pleinement son potentiel. 

Regarder Belle est un réel plaisir. Mamoru Hosoda est de retour après un Mirai, ma petite sœur décevant. Il reprend ses thèmes de prédilection pour les exploiter de manière différente. À noter que pour écouter la douce voix de Kaho Nakamura, nous vous recommandons de le voir en version originale japonaise sous-titrée. Son timbre est magnifique et plein de douceur. 

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*