Monty Python’s Flying Circus : And now for something completely different…

Vos journées sont moroses ? Entre la crise du Covid, l’hiver et l’approche des fêtes de fin d’année, vous vous sentez déprimés ? Pas de panique, grâce à Rimini Editions, voilà que depuis le 7 décembre dernier, l’intégrale du Monthy Python’s Flying Circus est disponible dans un superbe coffret vidéo, pour la première fois en Blu-ray ! Et il s’agit là du meilleur cadeau anti-déprime que vous pouvez vous offrir tant l’humour des Monty Python est décapant, atteignant des sommets d’absurdité et de comédie irrévérencieuse.

On connaît aujourd’hui beaucoup les Monty Python par leurs films (notamment Sacré Graal ! et La vie de Brian) et par la carrière solo qu’ils ont eue par la suite (notamment Terry Gilliam) mais on connaît moins Monty Python’s Flying Circus, série composée de quatre saisons, œuvre fondatrice et matrice de tout l’humour de la troupe qui éleva l’absurdité au rang de grand art de la comédie. Composée de Graham Chapman, John Cleese, Michael Palin, Eric Idle, Terry Jones et Terry Gilliam, la troupe des Monty Python s’est formée la première fois en 1964 pour un programme radio. Mais c’est seulement en 1969, quand la série commence que les Python vont connaître un véritable succès. En cette année-là, la BBC et les anglais n’étaient pas encore préparés à se recevoir en pleine figure cette suite de sketches brocardant la société anglaise, rompant avec tous les codes de la télévision alors en vigueur, échappant à toute forme de règle ou de censure. À revoir aujourd’hui, le Flying Circus est un joyeux bazar qui n’a rien perdu de sa drôlerie, où chaque membre de la troupe redouble d’inventivité pour faire rire, en allant chercher tout ce qu’il y a de plus invraisemblable ou de plus stupide sans pour autant s’occuper à y ajouter la moindre logique.

Ainsi, au sein même des épisodes (d’une durée de 30 minutes chacun) il ne sert à rien d’appliquer une approche cartésienne : générique de début commençant bien après le début de l’épisode, générique de fin arrivant trop tôt, animation et collages effectués par Gilliam au gré de ses envies, sketches complètement délirants refusant quasi-systématiquement une chute finale (avec très souvent l’apparition d’un militaire arrêtant le sketch car il devenait ‘’beaucoup trop stupide’’ ou encore un poids de 16 tonnes tombant sur la tête des personnages en guise de conclusion), tout dans la série semble n’obéir qu’à une seule règle : celle de ne pas en avoir.

Quand on redécouvre le génie créatif de la troupe, on se rend compte de leur héritage imposant (en France, pas de Nuls ou de Robin des Bois sans les Monty Python) et de l’immense terrain de jeu qu’ils ont pu se permettre au sein d’une chaîne pourtant très corsetée (il paraît d’ailleurs que la BBC détestait la série, ce qui ne serait pas étonnant vu comment de nombreux sketchs s’en moquaient). Il faut dire que tout en pratiquant un délicieux humour nonsensique, les Python abordent tous les sujets : la politique, la télévision, le sport, les arts, la religion, les fonctionnaires, l’armée et le sexe, tout y passe avec un ton si décomplexé qu’il force l’admiration. La modernité du show, datant de près de cinquante ans est ahurissante, devant beaucoup de ses nombreux éclats de rire à un maniement de l’humour échappant à toute forme de temporalité : si les sketches sont profondément ancrés dans la société anglaise de la fin des années 60 et du début des années 70 (la série s’achève en 1974), le ton général y est si absurde et si délirant qu’il n’est jamais daté, évoluant au contraire à un niveau stratosphérique jamais atteint depuis.

La diversité du Flying Circus est également due à ses conditions d’écriture : John Cleese et Graham Chapman (issus de l’université de Cambridge) écrivaient dans leur coin, Michael Palin et Terry Jones (qui s’étaient rencontrés à Oxford) dans le leur tandis que Eric Idle et Terry Gilliam bossaient seuls. Après plusieurs jours d’écriture, la troupe se réunissait et confrontait ses idées : si une majorité trouvait l’idée bonne, elle était conservée. On peut ainsi observer ces différences d’écriture au fil de la série comme l’a parfaitement résumé John Cleese : ‘’ la plupart des sketches où ça gueule venaient de Graham et de moi, tout ce qui démarrait dans un paysage de campagne sur fond de musique dramatique était de Mike et Terry et tout ce qui tournait autour des jeux de mots jusqu’à en devenir insupportable était d’Eric.’’

De même très vite, on remarque les spécificités de chacun des acteurs durant l’interprétation des sketches : Graham Chapman écopait souvent des figures d’autorité pouvant à tout moment basculer dans la folie, John Cleese incarnait souvent des personnages secs et hautains, Eric Idle avait une prédilection pour les personnages libidineux et agaçants, Terry Jones était toujours impeccable en ménagère anglaise ou en homme naïf tandis que Michael Palin pouvait aussi bien jouer les hommes de la classe ouvrière ou les escrocs menaçants et que Terry Gilliam prenait les seconds rôles qu’il restait, plus occupé à réaliser les séquences animées qu’à faire l’acteur. Si la troupe ne comportait pas de femmes, on remarque tout de même que Carol Cleveland était régulièrement de la partie dès qu’il s’agissait d’incarner la caricature de la superbe femme blonde peu intelligente.

La richesse d’écriture et d’interprétation des Monty Python se trouve ainsi dans cette série, sommet d’humour qui s’essoufflera cependant en saison 4, plus courte (seulement 6 épisodes) et souffrant de l’absence de John Cleese, lassé par la troupe et parti vers d’autres horizons. Restent alors 45 épisodes fabuleux où l’on apprend à marcher de façon ridicule, où l’on en sait plus sur le mélèze, où l’on raconte des blagues qui tuent, où l’on s’excuse jusqu’à épuisement d’une fourchette sale dans un restaurant, où l’on découvre des compétions d’échangisme inter-voisinages, où l’on apprend l’art de se défendre contre des fruits et où l’on vend des perroquets morts. Un monde fou, fou, fou que celui des Monty Python, appelé à rester culte à jamais et à prescrire d’urgence contre la monotonie ambiante, peut-être ce que l’on peut vous conseiller de mieux si vous pensiez ne plus pouvoir rire et si vous trouviez que la vie manque de surprises !  

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