SOS Fantômes – l’Héritage : Place aux jeunes !

Pardon mesdames, faites place aux jeunes, mais surtout au retour de l’équipe originale à la manœuvre de ce nouveau Ghostbusters en lien direct avec les deux opus datant des années 1980. Secouée par les gardiens du Temple, la relecture féminine de Ghostbusters n’a pas convaincu le studio de capitaliser sur des suites malgré le succès à l’international du film réalisé par Paul Feig. De quoi ravir les fans de la première heure avec cet héritage réalisé par Jason Reitman, fils d’Ivan, qui prend la relève pour redonner un bon coup de jeune bénéfique à cette franchise moribonde.
Pourtant, les femmes ont réussi à dynamiser la chasse aux fantômes dans la version décriée de 2016. Le film n’a pas réussi à convaincre les inconditionnels de la première heure de la franchise, malgré toutes les qualités que nous lui trouvons. La Columbia – studio producteur propriété de Sony – en a pris note pour mieux valider l’idée de Jason Reitman, plus habitué aux comédies dramatiques et autres films indépendants, pour relancer une saga dilettante sur ses intentions, mais surtout sur ses possibilités.

Depuis une trentaine d’années, la saga Ghostbusters n’a jamais réussi à trouver son plein potentiel entre un deuxième opus forcé en 1989 et l’arlésienne pendant vingt ans d’un troisième film. La franchise se pérennise grâce à un logo culte floqué sur une flopée de T-Shirt pour geek et un tube des charts par Ray Parker Jr plagié à l’origine sur une musique de Huey Lewis et sa chanson I Want a New Drug. Ce n’est malheureusement pas le remake féminin qui a comblé l’attente fébrile des fans et la sortie de quelques jeux vidéo au début des années 2010. Jason Reitman arrive alors à point nommé avec cette idée d’héritage et de transmission. 
L’idée de départ pour ce troisième film provient de l’image d’une jeune fille de 12 ans trouvant un Lance-Proton dans une vieille étable. Image aujourd’hui mise en scène dans cet opus qui se sous-titre Afterlife en version originale. La vie d’après de ces quatre hommes qui ont abandonné toute ambition pour mieux se séparer. Le film débute sur l’arrivée d’une famille sans le sou dans une vieille demeure délabrée. Elle appartient au grand-père qui vient de décéder, et sans grand spoiler, ce grand-père n’est autre qu’Egon Spengler. Vivant reclus dans cette maison depuis des années, il guettait une menace soulignée dans l’introduction palpitante du film. Dès les premières images, on ressent l’ambition du fils Reitman qui souhaite passer un cap. Il s’échappe de New York pour se réfugier en Oklahoma où Callie Spengler trouve un point de chute avec ses enfants, faute d’argent. 

De ce point de départ rafraîchissant, la franchise expose de nouveaux jeunes personnages. Le futur de la saga va essayer de déployer ses ambitions nouvelles avec ses quatre personnages pleins d’avenir. Deux d’entre eux sont les petits enfants d’Egon, Trevor et Phoebe, l’héritage souligné par le titre français. Phoebe est la qualité principale d’un long métrage qui s’articule autour d’elle. Elle est l’héritière directe d’Egon par son style reprenant ses gestes et ses mimiques, son côté autiste passionné, répulsif chez Harold Ramis, ravageur chez McKenna Grace (Mary). Jason Reitman réussit à mieux cerner le personnage, à lui donner une forme attachante bien aidée aussi par les inspirations évidentes dues à la série Stranger Things. Le film reprend même l’un des acteurs principaux, Finn Wolfhard qui incarne Trevor, petit-fils aîné, mis de côté une grande partie du film avant un dernier tiers explosif assumant un autre héritage, référence évidente de ce troisième film, Les Goonies.
Tout se regroupe finalement avec cet amas de références se conjuguant pour trouver une force exceptionnelle et devenir un redémarrage générationnel bénéfique à la licence Ghostbusters. Les Goonies qui nourrit Stranger Things (on pense aussi beaucoup à la nouvelle adaptation de Ça de Stephen King) pour mieux relancer SOS Fantômes. On ne remerciera jamais assez l’épisode 2 de la saison 2 de la série Netflix dans lequel les quatre héros sont déguisés en chasseurs de fantômes pour Halloween. Sans nul doute que cela ait donné des idées à certains.

SOS Fantômes – L’Héritage est une réussite surprenante. Un programme enlevé qui prend son temps pour reposer des bases saines avant le déclenchement frénétique de l’aventure. Le temps que Trevor répare la Cadillac Eldorado Biarritz qui pourrit dans la grange, que Phoebe trouve ses marques et les indices laissés par son grand-père. Dès la trouvaille des lances-potrons imaginés comme tels par Jason Reitman, ce troisième opus se lance dans une échappée belle qui ravira tout le monde. Les fans seront aux anges tout comme les réfractaires aux deux premiers films imparfaits trouvant un bel héritage avec cette proposition. Jason Reitman reprend fièrement le flambeau avec un long-métrage sérieux, sensé sur ses intentions et sa finalité renversante. Un final où il croise les effluves émotionnels de façon bouleversante. Tout se regroupe, convoquant inévitablement le passé jusqu’à ses antagonistes semblant oublier le second opus par endroit, le premier Ghostbusters restant iconoclaste en tout honneur. Avec cette vie d’après, la relève semble être assurée, laissons le bénéfice du doute sur l’avenir, à savoir l’appréhension judicieuse du succès potentiel du film par le studio et les principaux intéressés. Que les erreurs ne se répètent pas avec une énième séquelle banale pour mieux enterrer de nouveau une franchise ayant trouvé une seconde jeunesse.

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