SOS Fantômes : La Chasse au Féminin

Ghostbusters 3 a été pendant de longues années une arlésienne pour les fans du diptyque signé par Ivan Reitman. Ce potentiel troisième opus a subi un development hell entre la proposition d’une suite classique par Dan Aykroyd et/ou un film d’animation dans le courant des années 2000 jusqu’au décès de Harold Ramis en 2015, co-scénariste et acteur principal de la saga. Une nouvelle  séquelle qui n’emballait pas réellement l’équipe surtout après le succès mitigé du second opus. Dan Aykroyd et Harold Ramis réussirent à recycler leur scénario pour un jeu vidéo en 2009 puis sa suite en 2011.
Alors qu’une frange fanatique s’impatientait d’un troisième film, Sony/Columbia annonce en 2015 une relecture féminine au grand désespoir des gardiens du temple décidés à détester instantanément cette nouvelle proposition réalisée par Paul Feig accompagné par ses deux actrices fétiches, Kristen Wiig et Melissa McCarthy.

Si Jennifer Lawrence et Emma Stone sont sondées pour participer au film, le choix se porte sur Kate McKinnon et Leslie Jones pour compléter le quatuor des chasseuses de fantômes sévissant toujours à New York. SOS Fantômes féminisé est d’avance proclamé détestable et mauvais. Peu de circonstances atténuantes sont accordées au film de Paul Feig, dont Les Flingueuses et Spy n’étaient pas sans nous inquiéter sur sa capacité réelle à relever le défi de SOS Fantômes. Il réussit tout de même à convaincre un large public faisant de ce remake un succès à l’international. Découvrant le film après le raz de marée de déjection subi à sa sortie, le constat s’impose avec enthousiasme : cette version féminine est bien supérieure à ses grands frères

Cette version 2016 de Ghostbusters reprend les grandes lignes du premier opus signé par Ivan Reitman. Melissa McCarthy et Kristen Wiig incarnent deux scientifiques renvoyés de leurs universités s’alliant pour combattre l’hypothétique existence de fantômes à New York. Paul Feig et sa scénariste Katie Dippold calfeutrent un scénario original signé Dan Aykroyd/Harold Ramis aux trous d’air minant le rythme du film. Ghostbusters 1984 est un film imparfait. Son intérêt s’estompe après la séquence à l’hôtel en compagnie de Glouton. Les personnages ne sont jamais bien dessinés, guère passionnants à suivre. Le quatuor masculin est une caricature de NERDS avant-gardistes se servant de l’université de New York comme laboratoire pour des expériences fumeuses. Leurs semblables féminins sont en cela mieux caractérisés trouvant chacune leur place dans ce groupe homogène et singulier. Melissa McCarthy et Kristen Wiig, cheffes du groupe, sont parfaitement secondées par Kate McKinnon. Cette dernière incarne une variation dérangée de «Q» inventant une pelletée de gadgets impressionnants. Leslie Jones complète l’équipe trouvant une place de choix. Les scénaristes lui écrivent un background défini à contrario de Ernie Hudson, relégué à l’arrière-plan dans les deux premiers films.
Chez Paul Feig le moindre personnage du groupe est défini même la gageure Chris Hemsworth. L’acteur australien, popularisé pour son rôle de Thor chez Marvel, s’accapare le rôle du secrétaire complètement idiot avec ses lunettes sans verres ne sachant pas répondre au téléphone. Le personnage de Kevin est instantanément culte au cœur d’un film lumineux et irrévérencieux.

Il faut bien l’avouer, sous ce débordement d’effets spéciaux fantastiques (notre écran UHD-4K ne s’en remet toujours pas), SOS Fantômes – la Chasse est Ouverte est bien plus drôle et fun que l’original patriarcal ne tenant essentiellement que sur le flegme épuisant de Bill Murray. Quand deux trois punchlines font sourires au cœur des années 1980, ces quatre bonnes femmes au charme renversant se partagent le boulot avec aisance. Paul Feig gère à merveille le cas Melissa McCarthy. L’actrice, remarquée dans Mes Meilleures Amies du même Paul Feig, n’en fait jamais des caisses laissant le champ libre aux loufoqueries à Kate McKinnon parfaite en NERD déjantée. Actrice incroyablement drôle débarquant du Saturday Night Live (tout comme Dan Aykroyd et Bill Murray à l’époque ou ses copines Kristen Wiig et Melissa McCarthy), Kate McKinnon a aujourd’hui du mal à trouver sa place à Hollywood. Un milieu éternellement pudibond pour une actrice à l’homosexualité assumée. Elle continue alors à s’éclater dans des programmes comiques à la télévision américaine, inaccessible ou trop peu pour nous audience française. On se délecte donc de sa présence folle et douce dans ce Ghostbusters au féminin surprenant.

Cette version 2016 de Ghostbusters est un divertissement surprenant par son humour gras et insolent constamment drôle. Le long-métrage insuffle un rythme effréné au coeur de séquences fortes et diablement orchestrées. La séquence du concert est incroyable en amuse-bouche avant la descente dans la cave de l’hôtel ou ce final dans les rues de New York. La scène jubilatoire foisonne de Ghosts de toutes sortes envahissant le moindre recoin de l’écran. Glouton réapparaît même en clin d’oeil et en charmante compagnie pour du nawak assumé.
Le véritable plaisir face à cette relecture pop et coloré est de constater le respect accordé par les auteurs et les comédiens au matériel de base. Colmatant au mieux les failles d’un premier film imparfait en tout point, cette féminisation des Ghostbusters est l’aboutissement moderne d’une idée originale géniale. Jamais lourd par un discours #MeToo (mouvement alors en marche à la sortie du film), cet opus Ghostbusters s’impose comme une comédie fantastique totale. N’écoutez pas les dires frauduleux des gardiens d’un temple fragile consacré aux Ghostbusters originaux, faites-vous un avis propre sur cet opus, pour nous, récréatif à souhait.

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