S.O.S Fantômes 2 : New York en danger

Fort du succès du premier film et de tous les dérivés qui en ont découlé, le studio Columbia Pictures faisait pression sur Dan Aykroyd et Harold Ramis afin qu’ils écrivent une suite. Ces derniers étaient contre car ils pensaient que le premier film se suffisait à lui-même. Seulement, Aykroyd avait toujours en tête son idée première qui était de faire voyager ses chasseurs de fantômes dans d’autres dimensions. Dans un premier jet du scénario, ils faisaient tomber les ghostbusters en enfer. Malheureusement l’idée fut rejetée car le succès de la série animée auprès des enfants avait contraint les studios a penser une suite pour tout public. Il aura fallu cinq ans pour accoucher d’un scénario convenable (et surtout convaincre Bill Murray qui a toujours été contre l’idée de faire des suites à ses films) et rappeler tout le casting original. Avoir toute l’équipe du premier film était la condition sine qua non pour monter le projet. Ivan Reitman, tout juste sorti du succès de Jumeaux, est rappelé à la barre. Les chasseurs de fantômes étaient de retour sur nos écrans à la fin de l’année 1989.

Cinq ans après avoir sauvé la ville de l’assaut de montres surnaturels et de l’arrivée d’un être maléfique venant d’une autre dimension, les anciens scientifiques Peter Venkman, Ray Stantz et Egon Spengler, avec leur associé Winston Zeddemore, en sont réduits à animer des goûters d’anniversaire et présenter des shows télévisés pour gagner leur vie. Pendant ce temps, une substance visqueuse et maléfique se déverse dans les égouts de la ville, menant tout droit au musée qui accueille le tableau de Vigo. Vigo, aussi connu sous les noms de Vigo la Tristesse de Moldavie, Vigo des Carpathes, Vigo le Cruel ou encore Vigo le Profane, était un tyran et un sorcier détesté par son peuple. Juste avant d’être massacré en 1610, il lança une prophétie annonçant son retour. Son esprit hante depuis un tableau maléfique qui est restauré au Museum of Modern Art de New York. Janosz Poha, le conservateur du musée, est soumis aux ordres de Vigo qui lui ordonne de lui trouver un enfant pour qu’il puisse se réincarner.

S.O.S Fantômes 2 est un film qui fonctionne parfaitement lorsque l’on est enfant. A bien reconsidérer le film une fois adulte, on sent que c’est un projet imparfait et tiraillé de toute part. Tout d’abord la nonchalance si particulière qui fait de Bill Murray un acteur comique si respecté devient un véritable défaut ici. Il ne s’investit absolument pas dans l’histoire, il n’habite pas l’espace et n’essaie jamais de tirer la couverture à son avantage. Il semble faire cette suite pour faire plaisir à ses amis, rien de plus. Les investigations se concentreront autour de Ray et Egon qui offrent plus de visibilité à Winston (quatrième roue du carrosse dans le premier opus) qui prend une véritable ampleur dans cette suite. Le trio nous servira les séquences les plus drôles du film. Autant les trois acteurs montrent qu’ils s’amusent à répéter l’expérience, autant on sent également que Dan Aykroyd et Harold Ramis ont évincé du scénario des personnages au fort potentiel comique. Ainsi, Rick Moranis devient un personnage quasiment tertiaire à l’histoire. Et pourtant, c’est encore une fois lui qui apporte les séquences les plus hilarantes du film. Sa plaidoirie au tribunal est un pur moment de comédie autant dans son attitude prostrée, timide et soumise que dans ses lignes de dialogues, et particulièrement lorsque Venkman lui souffle ce qu’il doit dire au jury. Rick Moranis est décidément le meilleur acteur des deux premiers films de la saga. Et ne parlons même pas de sa romance avec Annie Potts digne des meilleurs cartoons de l’époque.

D’ailleurs, en parlant de cartoon, Annie Potts possède le même look que son homonyme dans la série animée. Le marketing a mis la pression sur la production du film afin que l’esprit de cette suite colle le plus possible à la série animée qui plaisait aux enfants. Voilà pourquoi aussi S.O.S Fantômes 2 est un film imparfait, il ne laisse pas la possibilité à Ivan Reitman de pouvoir jouer librement sur le tableau horrifique comme il l’avait fait sur le premier film. En détournant l’humour sur d’autres personnages, en minimisant l’horreur, cette suite de S.O.S Fantômes ne réussit pas à atteindre la même grâce que son grand frère. Le montage du film a aussi été tronqué de plusieurs scènes. Il devait y avoir plus de séquences qui reliaient Ray et Vigo et la fin a été rallongée suite a des projections-test non-concluantes. La totale mainmise des producteurs étouffe considérablement la folie créatrice du film. De fait, on se retrouve avec un remake plus ou moins déguisé du premier film uniquement dans le but d’appâter le chaland (et surtout les familles entières). Une fois encore, c’est un film qui fonctionne, il n’est pas raté. Il n’arrive juste pas à se substituer à son modèle.

S.O.S Fantômes 2 est une suite correcte. Beaucoup d’anomalies entachent son bon fonctionnement, mais la nostalgie et le plaisir de retrouver des personnages que l’on a tellement aimé l’emporte sur le reste. S’il y avait une vraie réussite dans le langage cinématographique et l’appropriation des codes du genre dans le premier film, cette suite se montre être un solide pied à l’étrier pour les enfants désireux de se lancer dans une culture fantastique. Pour les adultes venus retrouver l’adrénaline horrifique du premier film, ces derniers seront inévitablement déçus.

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