
Le cinéma français ne brille pas forcément dans la catégorie de l’horreur. Malgré quelques tentatives, ça n’est pas le fort du pays. Grave de Julia Ducournau avait tout de même réussi à susciter de l’intérêt auprès des amateurs de films de ce genre et Titane cette année poursuivait cette exploration de façon aussi clivante que singulière. La France n’en demeure pas moins encore loin de rivaliser avec les autres films du même acabit outre-Atlantique malgré des tentatives ponctuelles, cette fois c’est Patrick Ridremont (Dead Man Talking) qui est prêt à relever le défi avec son dernier film : Le Calendrier disponible dans les salles le 1 décembre 2021.
Eva (Eugénie Derouand), ancienne danseuse, est paraplégique depuis trois ans suite à un accident de voiture. Pour son anniversaire, elle reçoit de la part de sa meilleure amie (Honorine Magnier) en cadeau un étrange calendrier de l’Avent allemand. Mais ce ne sont pas les traditionnelles friandises qu’elle découvre chaque jour, mais des surprises plus inquiétantes, parfois agréables, souvent terrifiantes, et de plus en plus sanglantes.

C’est bientôt Noël. En contrastant avec cet esprit de fête, des réalisateurs (surtout américains) décident que c’est la bonne période pour sortir des longs métrages d’horreur ou des épisodes de série du même genre spécial Noël. Patrick Ridremont a donc voulu suivre cette tendance avec une vision différente. Loin des habituels films poltergeist à répétition, Le Calendrier pose la question du nombre de sacrifices qu’une personne peut faire pour avoir ce qu’il veut comme – par exemple – des jambes…
L’idée de mettre le personnage principal dans un fauteuil roulant est une idée assez originale. Cela accentue le caractère horrifique de la situation. Face à une entité Eva ne peut s’échapper et demeure bloquée dans son fauteuil. Livrée à elle-même, elle ne peut compter que sur son ingéniosité puisque l’entité qui se cache derrière cet étrange calendrier s’en prend à tous ceux qu’elle aime. La mise au premier plan de son handicap permet aux spectateurs de mieux comprendre la vie difficile que doivent supporter ces personnes dans une société pas toujours prête à leur faciliter l’existence. Au début l’une des scènes d’ouverture dans une piscine publique montre ce décalage entre cette jeune paraplégique et un homme qui l’a draguée. Elle l’arrête tout de suite en sortant de l’eau pour lui montrer sa condition et voir s’il va continuer de lui parler.

Le film aurait pu s’attacher à plus approfondir la création de ce calendrier démoniaque. Sa conception est peut-être issue du folklore allemand, mais on n’en sait pas davantage. Il y a uniquement une indication sur l’entité qui est derrière tout ça sous le nom de « Ich » (la traduction française donne « moi » ou « je »). Par exemple, une scène du film montre que le Calendrier en question est une sorte de malédiction. L’ancien possesseur l’aurait utilisé pour sauver ceux qu’il aime avec évidemment un prix à payer. L’issue est bien funeste. Le scénario reste à la surface des choses sans exploiter ces sujets malgré cette ambiance inquiétante et une tension bien menée. L’idée de base est originale avec des effets spéciaux plus ou moins travaillés. Mais on reste toujours sur notre faim. Le film s’achève sur une fin ouverte qui n’était pas nécessaire. Une simple réponse aux questions aurait suffi puisqu’un deuxième film serait ici inutile.
Il est important d’admettre cependant la bonne tenue de l’ensemble. La réalisation a accordé beaucoup de soin à faire monter en pression le suspense. Ainsi, le spectateur est un peu surpris par les scènes bien qu’elles restent prévisibles. Le film ne fait pas peur en soi. Il faut souligner les efforts d’intégration du folklore scandinave qui reste tout de même assez pauvre de la même façon que le jeu de certains acteurs, pas toujours au niveau des émotions exigées par le scénario.
Soyez le premier à commenter