New York 1997 : Appelez-moi Snake !

Décidément, Shadowz est une plate-forme qui ne cesse de flatter notre ego. Après un mois d’Halloween particulièrement fructueux, voici que les bougres enchérissent avec quatre films cultes de John Carpenter. S’il fallait encore une raison pour vous convaincre de vous abonner à Shadowz, c’est chose faite. Et notre séance du jour est une évidence, un film qui ne nous sort guère de notre zone de confort tant il est inscrit au panthéon de nos œuvres de chevet à jamais. Seulement, pour les quelques nouveaux venus du fond de la classe, et particulièrement les nouvelles générations qui n’ont pas forcément été biberonnées aux films de Big John, il nous semblait essentiel de revenir sur New York 1997 et de l’ancrer à jamais au sein de nos colonnes. La première association sur grand écran entre John Carpenter et Kurt Russell (deux ans après leur rencontre à la télévision pour Le Roman d’Elvis) est un monument anthologique du cinéma de genre. Elle est de ces collaborations qui nous font aimer le cinéma depuis toujours. Comme dirait notre cher collègue Alexandre : une bonne levrette ne se fait pas sans une bonne fessée. Tel est le credo de New York 1997, chef d’œuvre intemporel qui a encore de longues et belles années devant lui.

En 1988, à la suite de l’explosion de la criminalité aux États-Unis, l’île de Manhattan, un des arrondissements de la ville de New York, est transformée en « île-prison », un pénitencier à ciel ouvert. En 1997, la criminalité continuant d’augmenter, Manhattan est constamment surveillée par les forces de police. Entourée par un haut mur de confinement, des mines ont été placées sur les ponts reliant l’île au continent, rendant toute fuite des criminels impossible. Lorsque l’avion présidentiel, Air Force One, est détourné par des terroristes et s’échoue en plein cœur de Manhattan, les autorités réagissent. Elles envoient Snake Plissken, un redoutable hors-la-loi, sur l’île dans le but de sauver le président des États-Unis retenu prisonnier. Il ne dispose que de 24h pour mener à bien sa mission.

Devoir vendre un film qui a bercé notre enfance n’est pas une mince affaire. L’exercice est nettement plus périlleux que pour n’importe quelle autre critique. Comment rendre le papier aussi instructif que plaisant à lire tout en évitant de répéter ce qui a déjà été dit mainte et mainte fois ailleurs ? On ne peut tout simplement pas. Alors, nous avons essayé de nous lancer dans une analyse de type « découverte », comme si nos yeux se posaient sur l’œuvre pour la première fois. Cinquième long-métrage réalisé par John Carpenter juste après les succès de Halloween et Fog, New York 1997 est une idée qu’il avait mûri depuis 1976, juste après le scandale du Watergate. Big John n’était alors que l’homme derrière Dark Star et Assaut et aucun studio ne voulait de son scénario qui était jugé beaucoup trop violent, effrayant et bizarre. Inspiré par Un Justicier Dans la Ville pour sa manière de dépeindre les rues de New York comme une jungle violente, Carpenter parvient à convaincre quatre petits studios indépendants afin de financer son film. New York 1997 est tourné avec un budget ridicule de 6 millions de dollars et en rapportera plus de 25 millions aux États-Unis. Succès inattendu qui permettra à Big John de se voir allouer d’un budget plus confortable de la part d’un gros studio pour son projet suivant, The Thing. Seulement, les déboires entre grands studios et ambitions artistiques de son auteur sont le genre de sujets qui ont été traités des dizaines de fois et on ne reviendra pas là-dessus. Reconnu par une élite d’admirateurs ne s’étant jamais trompés sur son œuvre, Carpenter est de ces auteurs trop en avance sur leur temps et qui peuvent se targuer de posséder une filmographie (presque) parfaite. Pour New York 1997, Big John lâche les bancs du fantastique et de l’horrifique au profit d’un projet d’anticipation où l’action et la science-fiction prennent le dessus. Qu’on se rassure, il y a, toutefois, une sacré part de fantastique qui ponctue le film. L’errance de Plissken dans les rues désertes de New York où la menace rode dans tous les coins. Les séquences où il tente d’échapper à ses assaillants qui sortent des égouts pour l’attirer à eux sous terre. Il y a clairement des notions de film d’horreur qui se dessinent au fil des séquences. De plus, la musique anxiogène de Carpenter contribue parfaitement à rendre l’atmosphère étrange et inquiétante.

Kurt Russell y trouve l’un de ses meilleurs rôles. De toute manière, c’est un léger euphémisme que de dire que Russell n’a jamais été aussi bon que chez Big John. Tous ses rôles cultes, il les doit à Carpenter. Snake Plissken est devenu une icône de pop-culture dépassant toutes les attentes de son auteur. On le retrouvera surtout chez Kojima qui s’en inspirera allégrement pour sa série des Metal Gear sur Playstation. Pourquoi Plissken est-il autant aimé et respecté ? Tout vient de la manière dont Carpenter écrit son héros. Snake est un personnage désinvolte, l’anti-héros par excellence. Avec une attitude nonchalante, il brise les codes du héros américain tel qu’il était décrit dans les films auparavant. Antipatriotique sur les bords, anarchiste assumé, Plissken est la retranscription à l’écran des idéaux de son auteur. Assumant un nihilisme profondément ancré dans sa chair, Plissken transpire, par antinomie, la cool-attitude idéale qui parfera les héros d’action par la suite dans ce genre de cinéma : des héros qui ne sont pas exempts de défauts (John McClane, Martin Riggs…), mais aimés du public. Bien qu’il ne soit pas à l’origine de ce que seront les héros dans les films d’action par la suite (des films comme Mad Max étant déjà passés par là), on peut affirmer, sans se tromper, que Carpenter a contribué à définir les traits du anti-héros moderne et devenu la norme à Hollywood par la suite. Et cette image d’anti-héros, Carpenter en fera son credo après ce film. S’il était déjà un grand metteur en scène au moment du film, New York 1997 est véritablement le film de la consécration pour Big John, celui où il démontre qu’il est en pleine possession de ses moyens. D’aucuns diront qu’il atteindra ce point l’année suivante pour The Thing (et ils n’auraient pas tout à fait tort), revoir New York 1997 aujourd’hui permet de reconsidérer les choses. C’est un chef d’œuvre absolu, ni plus, ni moins. Tout était déjà là depuis Assaut en vérité !

New York 1997 débarque sur Shadowz dans un cycle consacré à John Carpenter. Les 4 films qui étaient parus dans un coffret steelbook 4K chez Canal profitent d’une rupture de stock de ce dernier pour se montrer sous leur meilleur jour au cœur de la plate-forme. Big John demeure l’un des meilleurs réalisateurs que le cinéma de genre ait connu. Passer à côté de ses films, c’est se priver de ce que le cinéma offre de meilleur. Souvent imité, voire plagié (Lock Out, Banlieue 13), mais jamais égalé, New York 1997 est un film qui se bonifie au fil des années et qui n’a rien perdu de sa superbe. Gloire à Snake !

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Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la plateforme Shadowz.

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