Army of Thieves : Ocean’s Nazebroque

Il y a quelques mois, nous vous vantions les mérites régressifs du dernier rejeton de Zack Snyder, Army of the Dead. Si nous avions extrêmement apprécié le moment, crétin et bourrin à souhait, nous étions dubitatif quant aux ambitions de Netflix à vouloir lui créer un univers étendu. Si Snyder a d’ores et déjà annoncé qu’il planchait sur la suite de son film (qui devrait s’intituler Planet of the Dead), Netflix avait déjà flairé la bonne pompe à fric et mis en chantier la préquelle d’Army of the Dead quasiment en simultané du tournage de ce dernier. Aujourd’hui, plus que jamais, la figure du zombie est devenue une icône de pop-culture et nous est servi à toutes les sauces, jusqu’à plus soif. C’est ainsi qu’Army of Thieves est venu pointer le bout de son nez sur la plate-forme, à peine cinq mois après la sortie du film de Snyder. Confié à Matthias Schweighöfer (l’interprète de Sebastian, aka Ludwig Dieter, le braqueur de banque dans Army of the Dead), Army of Thieves prend place en Europe au début de l’épidémie zombiesque qui touche Las Vegas. Nous allons en apprendre un peu plus sur son histoire et sur les événements qui l’ont conduit à se retrouver aux États-Unis pour son ultime braquage. Bienvenue au sein d’une origin story que vous n’aviez pas demandé et qu’on vous a imposé sans vergogne…

Sebastian est caissier de banque dans une petite ville d’Allemagne. Passionné par les coffres-forts et leurs mécanismes ardus, il est entraîné dans l’aventure de sa vie lorsqu’une femme mystérieuse le recrute pour rejoindre son équipe. Composée des criminels les plus recherchés d’Interpol, la bande met au point une succession de braquages censée les faire rentrer dans l’histoire. En effet, les criminels tentent de voler une série de coffres-forts légendaires et réputés impossible à forcer disséminés aux quatre coins de l’Europe.

Qui avait réellement envie d’en savoir plus sur ce personnage qui se fait appeler Ludwig Dieter ? Qui voulait vraiment connaître son histoire ? Comme nous l’avions évoqué lors de notre chronique sur Army of the Dead, Snyder ne s’embêtait absolument pas à développer ses personnages. Ils assuraient une fonction précise tout juste prompte à mettre en lumière le héros interprété par Dave Bautista (seul personnage ayant une vraie valeur aux yeux de son réalisateur). De facto, difficile de se lancer à corps perdu dans un projet de plus de 2h auprès d’un héros dont on se fout royalement. Et les a priori seront fondés. Army of Thieves est au cinéma ce que McDonald’s est à la restauration : du remplissage terne à la saveur monotone. Ce n’est pas un navet à proprement parler, mais c’est d’une banalité consternante. Rien ne déraille, mais rien ne fonctionne parfaitement non plus. Le film n’est qu’un long électroencéphalogramme plat qui ne décolle jamais. À commencer par le genre du film en lui-même qui ne se trouve jamais. Est-ce une comédie ? Un film d’action ? Une parodie ? On ne sait pas vraiment. Le film aligne diverses séquences qui nous laissent perpétuellement circonspects. On ne sait pas s’il faut rire de dépit ou de bon cœur. On ne sait pas s’il faut frissonner pour le sort des héros tant la menace qui plane sur eux (la traque de la police d’Interpol) est aussi ridicule qu’incongrue. En même temps, malgré tout le respect que nous lui devons pour ses talents de comique, se payer les services de Jonathan Cohen pour camper l’inspecteur en chef n’accorde aucun crédit au film. Ce dernier tient absolument à coffrer la bande car l’un des leurs lui a tirer une balle dans le cul auparavant. Il n’en sera rien de plus, juste l’envie de coller un bourre-pif au type qui lui a tiré dans le fondement… On vous l’a dit, on ne sait vraiment pas s’il faut rire de bon cœur ou de dépit !

Mais il n’y a pas que le cas de Jonathan Cohen qui est à pointer du doigt. Tout le casting semble ne pas savoir ce qu’il est venu faire dans cette galère. Mis à part Matthias Schweighöfer qui a l’air de croire au potentiel de son personnage, tous n’assurent qu’une fonction de « donneur de réplique ». Et lorsque l’on essaie de comprendre ce que peut bien trouver Schweighöfer à son héros, c’est encore l’incompréhension qui règne en maître. Pendant 2h on va l’admirer s’extasier devant des coffres-forts. Nous allons assister à des séances quasiment érotiques où Dieter ouvre des coffres comme Don Juan se régale à draguer de la donzelle à tour de bras. Army of Thieves aurait été sous-titré « l’homme qui ouvre des coffres-forts » que ça n’aurait pas été étonnant. Et le comble pour une équipe de braqueurs, c’est qu’ils ouvrent des coffres juste pour les ouvrir. Ils ne se contentent de repartir qu’avec quelques liasses, pour la gloire, pour le panache de ne pas s’être fait prendre. Si tout ce qui tente d’être développé autour des braquages avait eu un semblant d’intérêt, on aurait pu lui pardonner ses échauffourées. Sauf qu’il n’y a vraiment rien à se mettre sous la dent. Les personnages sont plats, alignent des blagues méta à foison et s’enferment dans leurs stéréotypes en attendant péniblement leur cacheton. Army of Thieves est un film qui pue l’opportunisme à 300%. Il imite le style de Snyder par moment juste pour assurer une quelconque continuité avec son film (on ne compte plus les plans d’inserts sur les rouages des coffres qui s’ouvrent, cela frôle l’indécence et cela couvre 1/8ème des plans de coupe du film). Comment est-on passé d’un film de zombies fun à un film de braquage aussi monotone qu’un débat sur la survie des huîtres sur le Bassin d’Arcachon ? La réponse se trouve dans Army of Thieves !

Army of Thieves est un film à la réalisation terne, aux enjeux inexistants et au casting indigent. Fort du succès d’Army of the Dead, il y a des chances pour que le film cartonne sur Netflix, mais la pilule demeure difficile à avaler. On ne demandait pas le film du siècle, loin s’en faut. Seulement, il a la particularité de louper tout ce qu’il tente d’entreprendre. Les minutes défilent sans susciter aucune émotion. Nous n’en sortons ni triste, ni en colère. Le film n’attire qu’un certain dédain et c’est peut-être ce qu’il peut arriver de pire pour une œuvre : ne rien provoquer. On s’en tamponne le coquillard comme de notre dernier verre de soda. Army of Thieves finira au fin fond du catalogue Netflix et ne sera qu’un lointain souvenir d’ici quelques mois, et ce, en dépit de l’univers étendu qui est en train de se préparer.

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