Les Bouchetrous : Des bestioles en forme de donuts, c’est rigolo, mais c’est pas beau !

De nos jours, il est difficile de proposer un blockbuster d’animation lorsqu’on ne s’appelle pas Disney, Pixar ou Dreamworks. La plupart des majors trustent les salles avec leurs mastodontes tel un rouleau-compresseur qui évince tous les plus petits studios qui tentent de créer tant bien que mal. Si quelques studios ont réussi à tirer leur épingle du jeu au fil du temps avec des franchises fortes (comme Universal avec Moi,Moche et Méchant), et que quelques indépendants parviennent à trouver un chemin mérité (Mon Ninja et Moi), on se surprend à retrouver les studios TriStar à la tête d’un film d’animation original. Les Bouchetrous, production américano-chinoise, a bénéficié d’une visibilité à échelle mondiale et avait les pleins pouvoirs pour asseoir TriStar comme une valeur sûre de l’animation. Pourtant, il a été loin de marquer les esprits. Plutôt discret dans nos salles (totalisant à peine plus de 400 000 entrées), peu, voire pas, de merchandising dans les magasins et une sortie DVD discrète le 6 octobre dernier. Ajoutez à cela des critiques loin d’être dithyrambiques sur la toile et des notes généralement en-dessous de la moyenne, Les Bouchetrous n’ont pas l’air d’être prédestinés à devenir de nouvelles égéries aux yeux de nos bambins. Réputation justifiée ou rendez-vous manqué ? C’est ce que nous avons voulu savoir.

Vous n’avez jamais entendu parler des Bouchetrous ? Pourtant, ces étonnantes créatures, aussi maladroites que joueuses, coulent des jours paisibles sur une île perdue depuis des millions d’années. Jusqu’au jour où d’étranges bestioles débarquent dans leur île : des humains ! Quittant leur île, les Bouchetrous partent à l’aventure et déboulent dans d’immenses villes, découvrant cette curieuse civilisation humaine, et ses animaux de compagnie. Les Bouchetrous se laisseront-ils apprivoiser par ces drôles d’humains ?

Les Bouchetrous est co-réalisé par David Silverman et Raymond S. Persi. Silverman a déjà eu l’occasion de prouver qu’il est capable de bonnes choses (réalisateur de quelques séquences sur La Route d’Eldorado, co-réalisateur sur Monstres et Cie ou encore réalisateur des Simpson, le Film). Avec un début de CV assez qualitatif, Les Bouchetrous s’assurait un avantage considérable. Et pourtant, on ne va pas tourner autour du pot plus longtemps, le film est un désastre en bonne et due forme. Rien ne va, de l’animation insipide aux dialogues indigents, en passant par des personnages inintéressants, Les Bouchetrous est un film abominable. Aussi agréable qu’une descente d’organes pendant une palpation prostatique, le film de Silverman et Persi est le parfait manuel du film d’animation raté sur tous les points. Visuellement, le film ressemble à n’importe quelle série animée fauchée que l’on retrouve sur les chaînes jeunesse. Que c’est moche ! On se croirait revenu en 2001 à l’époque où Shrek débarquait dans nos salles. Si vous avez revu Shrek dernièrement, vous savez que le film est difficilement regardable tant l’animation est dépassée. Les personnages manquent de relief, leur fourrure est aussi inanimée qu’un paresseux sous Prozac, et ne parlons même pas des décors anéantis de tout contraste.

Si seulement le scénario avait été malin, la pilule aurait été plus facile à avaler. Malheureusement, les blagues enfantines n’élèvent jamais le niveau et les deux héros (Ed et Op) sont insupportables, particulièrement Op. Elle est le prototype basique de l’héroïne gaffeuse qui ne fait jamais les bons choix et qui va devoir puiser de la force en elle afin de réparer ses erreurs. C’est le niveau zéro de l’écriture, surtout quand on sait qu’ils s’y sont mis à trois pour nous pondre quelque chose d’aussi creux. C’est d’une paresse infinie et ça ne manque pas d’aligner tous les stéréotypes les plus horribles et dégradants possibles. En considérant que le film veut absolument plaire aux jeunes enfants, c’est vraiment les insulter en toute impunité. D’autant que c’est une erreur stratégique monumentale, car les enfants sont le public le plus difficile à conquérir. Le constat est net et sans appel, les enfants ne s’y tromperont pas tant Les Bouchetrous loupe le coche le plus important : celui de se les mettre dans la poche. Sa sortie discrète en vidéo (uniquement en DVD, qui plus est) reflète parfaitement l’accueil glacial du projet. On pourrait pratiquement parler de sortie technique. D’ailleurs, c’est bien tout ce qu’il aurait mérité, une sortie technique directement en vidéo. Comment peut-on s’y méprendre à ce point ? Est-ce que toute l’équipe technique était cryogénisée ces 20 dernières années ? Un film du calibre des Bouchetrous arrive avec bien trop de retard sur le plan technique et est à peine digne d’un premier jet de scénario écrit par un néophyte en la matière. C’est lamentable !

Les Bouchetrous est un navet intersidéral. Rien ne fonctionne. L’animation viole les rétines quand le scénario prend un malin plaisir à gentiment nous lobotomiser. Passez votre chemin, ce sera le meilleur cadeau que vous pourrez faire à vos enfants. Veuillez nous excuser de vous avoir fait perdre tout ce temps à nous lire. Tout notre baratin aurait été nettement plus efficace si nous nous étions contentés de paraphraser feu Jean-Pierre Coffe : Les Bouchetrous, « c’est de la merde » !

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