
Dans la perspective de la sortie au cinéma le 27 octobre 2021 de Pig réalisé par Michael Sarnovski, une question nous taraude : quel est le dernier film, avant celui-ci, à avoir été distribué au cinéma avec Nicolas Cage dans le rôle principal ?
En glanant la réponse présumable, on s’étonne fatalement que cela remonte à 2013 avec Joe de David Gordon Green (Halloween). S’il y a bien eu Snowden d’Oliver Stone où l’acteur passe une tête en compagnie de Joseph Gordon-Levitt, cela va faire un peu moins de dix ans qu’un film avec Nicolas Cage n’avait pas atteint le haut de l’affiche des cinémas. Ce qui équivaut à un exploit de la part de Pig de remettre sur le devant de la scène un acteur incroyable qui se complaît depuis quelques années à apparaître dans des productions bizarres et/ou fauchées pour le simple plaisir de soutenir un autre cinéma.
Il faut souligner dans le même temps le risque encouru par Metropolitan Filmexport de soutenir une telle proposition de cinéma toujours aussi fauchée, mais diablement couillue, traînant depuis quelques semaines des retours positifs notamment depuis sa présentation au festival de Deauville.

Des avis que ce premier long-métrage mérite amplement. L’histoire suit un chasseur de truffes vivant en ermite dans la nature sauvage de l’Oregon, quand l’enlèvement de sa truie truffière le pousse à retourner vers la civilisation à Portland où il devra faire face aux démons de son passé.
Si en substance le pitch vous rappelle vaguement un succès populaire de ses dix dernières années, vous ne vous trompez pas, Pig va dans le sens de John Wick avec Keanu Reeves. Le porc truffier remplace un gentil chien assassiné qui va faire sortir de sa cabane une entité recluse. Il ne fallait forcément pas embêter cette personne, même si Pig prend le contre-pied total à John Wick. Nicolas Cage incarne un homme brisé par la perte de sa famille s’étant réfugié au fond des bois loin de toute l’agitation de la ville. Ville symbolisée par Portland qu’il va fouiller pour retrouver le symbole de son attachement aux émotions sincères et simples avec une bête face à l’appétit cynique de l’humain, mauvais en grande partie, s’adonnant à la torture et aux combats pour se prouver son existence.
Avec Pig, Michael Sarnovski évite toute exagération dans son propos. Le récit est en permanence admissible quand le personnage de Nicolas Cage erre dans la ville en quête de sa truie. Le long-métrage ne fait jamais preuve d’extravagance que ce soit dans d’absurdes combats ou de poursuites. Si vous recherchez cela, passez votre chemin d’un film suivant sa ligne claire, celle d’un homme recherchant son dernier attachement sentimental et familial. Cela tient à peu de choses, le lien qui permet de tenir, de rester debout… rien d’autre. Nicolas Cage capte l’attention attifé en ermite des bois, crade, la barbe et les cheveux longs. Surtout, il ne vrille jamais son jeu dans l’exubérance. Bien au contraire, l’acteur se réserve, ne s’emportant jamais dans des pitreries affichant des masques clownesques. On retrouve une intériorité égale à Joe de David Gordon Green infusant des maux et une colère au fil d’un film qui va se conclure brillamment sur une torture culinaire succulente.
Pig n’est jamais le film attendu par son pitch et son affiche qui cadre la tronche de Cage comme une bête assoiffée de vengeance. Le film est un essai bouleversant s’attachant également au personnage de Amir incarné par Alex Wolff. Jeune homme qui achète les truffes à Rob (Nic Cage) le soutenant dans sa recherche au cœur de Portland. L’histoire déploie en parallèle le cheminement d’un jeune homme en proie au malaise familial entre un père démoniaque (incarné par Adam Arkin – sosie XXL de Georges Clooney – aperçu en amant de Jamie Lee Curtis dans Halloween 20 ans après) et une mère suicidaire. Rob est pour lui cette figure tutélaire qu’il suit inlassablement pour trouver sa voie. Pig est tout aussi touchant par cette deuxième ligne de lecture rassemblant deux hommes que tout oppose, mais tout aussi perdus face aux travers de la vie.

Pour un film indépendant au budget serré tourné en 20 jours, Pig est une réussite déconcertante de simplicité et de justesse. Déployant une touchante course-poursuite pacifique pour retrouver ce lien familial indéfectible, Michael Sarnovski réussit l’exploit de trouver les ingrédients justes pour réussir une recette sentant aux premiers abords le réchauffé. Avec l’aide inestimable de Nicolas Cage, le réalisateur sert un premier long-métrage désarmant d’une simplicité réconfortante qui permettra à l’avenir de revoir le film avec une attention particulière, mais surtout de suivre la carrière de ce réalisateur surprenant et malin.
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