Hail Satan ? : No God, No Master !

Voilà déjà une semaine que Shadowz nous abreuve d’un film par jour pour mieux nous préparer à la soirée tant attendue du 31 octobre. Une semaine de films éclectiques et pour tous les goûts (allant de Highlander à L’enfant du Diable, film culte de Peter Medak que nous vous invitons à découvrir de toute urgence). Bien évidemment, il aurait été facile de nous concentrer sur un des deux films susmentionnés tant ils nous ont bercé. Mais cette semaine a vu débarquer sur la plate-forme un documentaire sur un sujet hors du commun. Sujet pas vraiment atypique en ce qui concerne le credo de la ligne éditoriale de Shadowz, mais suffisamment inhabituel pour appâter le chaland. Présenté lors de la dernière édition de BIFFF, Hail Satan ? nous plonge au cœur d’une église particulière. Fondé aux États-Unis en 2012, Le Temple Satanique appelle à une révolution satanique dans le but de sauver l’âme de la nation américaine. Avec moins de dix années d’existence, il est déjà l’un des mouvements religieux les plus controversés de l’histoire américaine. Hail Satan ? propose au spectateur de s’immerger au cœur de ce mouvement. Sous couvert des interventions des fondateurs et des activistes du Temple Satanique, le documentaire de Penny Lane ne posera aucun regard critique. Elle donne librement la parole aux acteurs du mouvement dans le but de leur permettre d’avancer leurs convictions. Entre scandales politiques et religieux et activisme assumé, Hail Satan ? nous ouvre en grand les portes de la religion satanique moderne.

Oubliez les rites sacrificiels d’animaux et autres invocations du démon au cœur d’un pentagramme tracé au sang de vierge, Hail Satan ? nous expose une religion comme il en existe des tas d’autres. Selon les dogmes du Temple Satanique, chaque membre peut y adhérer sans distinction ethnique, de sexe ou d’orientation sexuelle. L’entraide est une valeur essentielle défendue par le Temple. Les satanistes se définissent comme des athées modernes. Ce qui les différencie des athées réside en l’image de leur idole. Le fait de glorifier le nom de Satan n’a pour seul but de choquer et remuer la bien-pensance de l’Église Catholique. En effet, Le Temple Satanique a été fondé par des personnes qui ne se reconnaissaient pas dans la religion catholique. Le satanisme est le moyen, pour ses adeptes, de remuer les idéaux politiques de leur pays. Les États-Unis se disent être un pays laïque. Seulement, il est évident que l’État ne se distingue pas de l’Église (la doctrine est omniprésente dans leur vie de tous les jours, jusque sur les billets d’un dollar qui sont affublés d’un « In God We Trust »). Le Temple Satanique entend donner la chance à tous les idéaux religieux. Ils prônent la tolérance et la pluralité des religions. Sur le papier, cette religion paraît idéale. À en croire les idées défendues, nous avons tous, en chacun de nous, une part de satanisme. Pourtant, Hail Satan ? se targuera bien d’en faire l’apologie du culte. Il y a un revers de la médaille qui encrasse quelque peu la belle image entretenue par ses partisans.

Des propres aveux des membres du culte, Le Temple Satanique, comme toute religion, possède des adeptes extrémistes. Et c’est en dévoilant ses cartes au compte-goutte que le documentaire en devient fascinant. Penny Lane nous présente certains adeptes qui connaîtront une certaine dérive dans la pratique de leur religion. Elle se garde bien de nous annoncer la couleur. Quand le couperet tombe, c’est non sans une certaine sidération que nous constatons que tout n’est pas rose. Si les actions menées par les activistes sont louables (collectes pour les sans-abris, nettoyage citoyen des plages et autres espaces publics…), il y a un discours qui se dessine derrière les actes qui fait froid dans le dos. Une fois encore, tout le monde n’est pas à mettre dans le même panier et Penny Lane se garde bien de poser un quelconque jugement. En revanche, lorsqu’elle nous présente le discours d’une adepte en particulier qui incite à la violence et au meurtre du président Donald Trump, on ne peut s’empêcher de douter des bienfaits de cette religion. Les grosses têtes du Temple Satanique se défendent en évinçant la brebis galeuse du troupeau, mais les paroles demeurent tout de même. Si Le Tempe Satanique se veut défendre des idéaux à la limite de l’anarchie en combattant le système par le système, il revendique également le droit à la provocation comme forme d’expression libertaire. Agir en tout état de conscience est son credo. Pourquoi ne cautionne-t-il donc pas les paroles d’incitation à la rébellion d’une de leurs adeptes ? Voilà pourquoi le film se montre tendancieux sur ses idées. L’équilibre entre la moralité et la violence est précaire et, comme toute religion aux idées extrêmes, elle fait peur et provoque un rejet évident. Hail Satan ? laissera un goût amer en fin de métrage. S’il fascine de prime abord et si l’on se retrouve parmi certaines doctrines, il est difficile d’entièrement cautionner ses bien-fondés.

On ne pourra pas nier qu’un documentaire de la trempe de Hail Satan ? permet de mieux connaître son sujet. En laissant une distance suffisante entre ses acteurs et son avis journalistique, Penny Lane expose toutes les facettes de son sujet. Exempté de tabous et sans prendre aucune pincette, Hail Satan ? ne fait jamais l’apologie de son sujet pour autant. Le film pose le regard le plus neutre possible envers la communauté qu’il dépeint. Encore une belle exclusivité sur la plate-forme Shadowz qui nous gâte comme personne en cette période « halloweenesque ».

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Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la plateforme Shadowz.

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