Spectre (2015) : « Vous êtes un cerf-volant qui danse dans un ouragan M. Bond ! »

James Bond

Daniel Craig renfile le costume de James Bond pour la quatrième fois consécutive. Il n’a absolument pas été productif au cinéma après Skyfall puisqu’il n’a tourné dans aucun autre film par la suite. Trois années d’inactivité sur le grand écran. En revanche, il développait une série pour la télévision, Purity. Adaptée du roman éponyme de Jonathan Franzen, la série aurait dû être développée sur deux saisons. Elle aurait conté la rencontre entre une jeune femme sans but réel dans la vie et un charismatique et provocateur chef d’entreprise. Daniel Craig aurait co-produit la série et interprété le rôle principal. Seulement, à la suite de la décision de Craig de reprendre son rôle de Bond, la série se voit annulée.

L’ordre de mission

Un message cryptique venu tout droit de son passé pousse James Bond à enquêter sur la sinistre organisation qu’il traque depuis Casino Royale. Il décide de s’allier avec la fille d’un ancien ennemi, Madeleine Swann, afin de découvrir la vérité qui se cache derrière le SPECTRE.

Voilà ! La fameuse organisation qui nous tient en haleine depuis maintenant quatre films vient de trouver son nom. Spectre vient poser les dernières pierres de la nouvelle mythologie Bond en offrant un final à la hauteur des attentes du spectateur. Les producteurs ont proposé à Sam Mendes de reprendre la réalisation après l’immense succès qu’a rencontré Skyfall. Il décline l’offre dans un premier temps, pour des questions d’emploi du temps, car il avait des engagements à tenir au théâtre puisqu’il planchait sur les adaptations de Charlie et la Chocolaterie et Le Roi Lear. Quelques réalisateurs furent approchés, mais le studio accepta de repousser le film d’une année afin que Mendes puisse honorer ses activités théâtrales avant de plancher sur le film. Il va sans dire que Spectre honore sa continuité avec Skyfall. Mendes ouvre son film sur un plan-séquence détonnant et nous remet directement le pied à l’étrier. Si, visuellement, Spectre surprend moins que Skyfall, il n’en demeure pas moins un film d’espionnage diaboliquement redoutable. Certaines séquences coupent littéralement le souffle. Spectre nous gâte et apporte toutes les réponses aux questions soulevées lors des précédents films.

Antagonistes

Spectre s’offre deux antagonistes qui vont donner du fil à retordre à James Bond. Le premier est l’homme de main, M. Hinx, qui pourchasse James pendant une grosse partie du film. Personnage iconique qui s’inscrit dans la lignée des meilleurs hommes de main de la série comme Oddjob ou Requin, il semble indestructible. Empreint d’un mutisme à faire pâlir, il erre comme une machine dans le seul but de tuer notre célèbre agent secret. La carrure imposante de Dave Bautista joue à merveille sur l’effroi que renvoie son personnage. Tout juste sorti d’un rôle marquant, son personnage de Drax dans Les Gardiens de la Galaxie, il avait réussi à se détacher de son passé de catcheur pour venir imposer sa fibre de comédien à Hollywood. Cherchant indubitablement à répéter le succès de The Rock (Dwayne Johnson), on le sent investi dans son rôle. Avec Les Gardiens de la Galaxie et Spectre, il s’offre une visibilité énorme, ce qui ne l’empêchera pas de rester enfermé dans bon nombre de DTV par la suite. Fort heureusement, quelques réalisateurs de renom lui feront confiance. On le voit chez Denis Villeneuve en 2017 pour Blade Runner 2049, ce même Denis Villeneuve qui lui redonne sa chance pour son adaptation de Dune sortie en 2021, après avoir été repoussée faute à la pandémie du COVID-19. Il montrera aussi sa fibre paternaliste dans son rôle de videur dans Hotel Artemis en 2018. Quelques rôles çà et là qui nous permettent de garder un petit œil sur lui, il n’est pas loin du rôle qui lui fera avoir la carrière d’actioner à la Dwayne Johnson qu’il semble vouloir s’offrir.

Le second vilain du film, la tête pensante de l’organisation SPECTRE, celui qui sera à deux doigts de réussir à lobotomiser James Bond, le terrible Franz Oberhauser, est campé à merveille par le prodigieux Christoph Waltz. En plein boom depuis qu’il a vu sa carrière exploser en 2009 pour son interprétation du terrible SS Hans Landa dans Inglourious Basterds de Quentin Tarantino, l’acteur germano-autrichien n’a eu de cesse de nous montrer l’étendue de ses talents. Que ce soit le pragmatique Dr. Schultz dans Django Unchained en 2012, l’informaticien Qohen Leth dans Zero Theorem de Terry Gilliam en 2013 ou encore le mari aimant et dévoué dans Big Eyes de Tim Burton en 2014, Christoph Waltz peut tout jouer, et à la perfection. Pour son rôle dans Spectre, il offre un homme dangereux et redoutable, un homme froid et sans pitié qui n’est dirigé que par sa soif du chaos. Il ne va pas manquer de jouer avec Bond, lui faisant frôler la mort de très très près. Pour Christoph Waltz, ce rôle n’est pas vraiment une aubaine. Ce rôle n’est qu’une manière de confirmer, une fois de plus, son immense talent. Nous devrions le retrouver, d’ailleurs, dans le nouveau volet de la saga Bond cette année. Autant dire que nous avons hâte de voir ce qu’il peut nous réserver à nouveau.

James Bond Girl

Quand bien même il eut été de bon ton d’évoquer la présence de Monica Bellucci au casting, son passage éclair et sa brève séduction par Bond dans le film ne nous permet pas de la considérer comme une véritable James Bond Girl. A l’origine, la production souhaitait une actrice scandinave pour camper le rôle de Madeleine. Quand Léa Seydoux a finalement obtenu le rôle, Sam Mendes a décidé de réécrire son rôle afin que ce dernier corresponde à la nationalité de l’actrice. Léa Seydoux n’était pas étrangère au cinéma hollywoodien puisque nous avions déjà pu la voir chez Ridley Scott en 2010 pour Robin des Bois, Brad Bird en 2011 pour Mission : Impossible – Protocole Fantôme. La même année, elle était également chez Woody Allen pour Minuit à Paris et en 2014, elle était chez Wes Anderson pour The Grand Budapest Hotel. Léa Seydoux se distingue pour ses choix divers et ses rôles forts. Sa présence dans Spectre se voit comme une évidence, elle est une valeur sûre du cinéma français et une belle étoile montante au niveau international. Elle confère à Madeleine ce qui avait séduit Bond chez Vesper dans Casino Royale. Une femme fragile au caractère fort. Elle résiste au charme de notre agent secret pour mieux le faire succomber. La finalité sera différente pour elle, et l’happy-ending de Spectre en témoigne. Nous la retrouverons au casting du prochain Bond. Peut-être verrons-nous notre héros évoluer vers une routine amoureuse aux côtés de Madeleine ?

Section Q

Sans sortir l’artillerie lourde, Spectre innove sur quelques points technologiques. Bond se retrouve avec un produit liquide (le Smartblood) injecté dans son corps et qui permet au MI-6 de le géolocaliser en temps réel. Q lui offre également une montre avec une charge explosive intégrée. Côté grosse cylindrée, James Bond conduit une Aston Martin DB10 Concept-Car qui a la capacité d’atteindre les 100km/h en 3 secondes, un blindage pare-balle intégral, des mitrailleuses arrière, un lance-flamme frontal ainsi qu’un siège éjectable. Une bien belle machine que Bond ne peut, inévitablement, pas garder en bon état très longtemps…au grand dam de Q. On peut également admirer une Jaguar C-X75 lors d’une course-poursuite dantesque dans les rues de Rome. Enfin, le film se conclut avec la fameuse Aston Martin DB5 qui avait été broyée et anéantie à la fin de Skyfall. La mythique voiture emblématique de la saga Bond l’emmène vers de nouvelles aventures avec, à son bord, sa nouvelle conquête, Madeleine Swann.

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  1. Mourir peut attendre : Baroud d'honneur -

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