7 jours : Escapade révélatrice

Partir pour quelques jours dans un endroit isolé du monde pour jouer les Robinson Crusoé modernes n’est pas une chose si impensable que ça aujourd’hui. Qui ne rêve pas de s’évader, de se retirer ne serait-ce qu’un jour ou deux pour apprécier le calme de la nature et profiter des personnes qu’il aime ? 7 jours de Yuta Murano est une représentation de cette envie irrésistible d’aventure de jeunesse. La France étant assez souvent en retard en ce qui concerne la sortie des films d’animation japonais (le Covid n’a rien arrangé non plus) ce long-métrage d’animation sorti dans les salles nippones en 2019 et tiré de la série de livre Bokura no nananokakan sensō sera donc visible sur nos écrans à partir du 6 octobre prochain grâce à Eurozoom.

La veille des vacances d’été, Mamoru découvre que sa voisine Aya, dont il est secrètement amoureux, va déménager. Il lui propose de fuguer une semaine pour fêter ses 17 ans. Ils se cachent dans une usine désaffectée où ils sont rejoints par leurs amis. Ils découvrent bientôt qu’ils ne sont pas seuls à se cacher là : un jeune réfugié thaïlandais tente d’échapper à la police en attendant de retrouver ses parents. La joyeuse escapade prévue par Mamoru se transforme alors en guerre de 7 jours pour sauver leur protégé.

Si le film prend au début des allures de Shojo banal avec cet amour inavoué que ressent le romantique Mamoru vis à vis d’Aya la timide, il empreinte rapidement un chemin plus poussé. Oui il y a de l’amour, une prise de conscience et des déclarations d’amitié sous un soleil estival, mais les enjeux vont plus loin. Ces camarades de classe que tout oppose vont être liés par un petit thaïlandais clandestin plutôt agile et futé. 7 jours aborde des thèmes sérieux et assez audacieux en comparaison d’autres films ou séries d’animation du genre. Il devient rapidement politique en abordant des sujets comme l’immigration ou les dérives des réseaux sociaux qui sont au centre du récit, tout comme les notions de travail ou de pression sociale. Et pour ces jeunes gens cela suffit. Ils lancent une sorte de guerre contre les adultes qui résonne avec l’actualité d’aujourd’hui, notamment lorsque le film dépeint le comportement des agents d’immigration vis à vis des réfugiés. En associant l’humour avec cette idée pour mieux l’ancrer dans un film d’animation 7 jours nous apporte un message d’espoir et une leçon d’entraide traversant les générations.
D’une certaine manière, un combat s’établit aussi entre les personnages et leurs mensonges. Une lutte contre eux-même pour tenter de comprendre et d’assumer les conséquences de leurs actes. Le film tâche de défendre l’idée qu’une fois que l’on se débarrasse de l’hypocrisie, on peut se focaliser sur le plus important. 

Sous ces personnages adolescents qui ont l’air d’avoir une vie plus que « normale » se cache en réalité des secrets enfouis… mais les révéler aurait des conséquences terribles sur leur vie et sur celle de leurs proches ! D’un autre côté, dès que leurs secrets sont révélés la situation amicale du groupe change radicalement. Intérioriser sa vraie nature et ses réels sentiments empêche les personnes de se rapprocher sur le plan de l’intime. C’est dans la confiance que des amitiés se créent et des amours inédits se forment (bien que cette idylle reste assez facile à déterminer en lisant entre les lignes du scénario). Eux qui d’abord faisaient semblant d’être ce qu’ils n’étaient pas deviennent les personnes qu’ils auraient voulu paraître dès les premiers instants partagés. Ainsi ils ont pu élaborer des stratégies créatives dans un environnement hostile. Ils réussissent à aller au-delà des choses en se focalisant sur un objectif commun. Et d’un autre côté nous avons des adultes, leurs agissements ne sont pas coordonnés et fonctionnent dans un but purement pratique.
7 jours se construit donc au travers des différents souvenirs des personnages qu’il dépeint. On découvre ainsi leurs souvenirs, leurs motivations plus complexes qu’il n’y paraît dans une cascade de petites ellipses. C’est dans cette logique évolutive que l’histoire prend forme.  

7 Jours dresse des réflexions autour de mises en scène, d’élaborations stratégiques destinées à repousser l’envahisseur représenté par le monde adulte. Il défend des idées clés aujourd’hui en lien avec notre actualité. Avec cette histoire plus profonde qu’il n’y paraît, Yuta Murano et le scénariste Ichirô Ôkouchi ont réalisé un animé qui plaira à toute la famille et dont la morale sera probablement autant pertinente chez les jeunes que chez les plus âgés.                                          

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