Skyfall (2012) : « Méditez vos péchés. »

James Bond

A la suite de la sortie de Quantum of Solace, Daniel Craig se voit offrir des premiers rôles dans de grosses productions. Son talent semble intéresser le grand Hollywood. Malheureusement, la qualité des films dans lesquels il jouera aura raison de son succès. 2011 se montre pourtant prolifique pour lui puisqu’on le retrouvera dans pas moins de 4 films au cinéma. Il partage l’affiche avec Harrison Ford dans Cowboys et Envahisseurs de Jon Favreau. Malgré un pitch alléchant, le film ne tient absolument pas ses promesses et est un échec commercial et critique. Il tient le premier rôle aux côtés de sa femme, à la vie comme à l’écran, Rachel Weisz dans le film de Jim Sheridan, Dream House. La production désastreuse de ce dernier amène les acteurs et le réalisateur à ne même pas se lancer dans la promotion du film. Fort heureusement, il va renouer avec le succès en prêtant sa voix à Racham le Rouge et Ivan Ivanovitch Sakharine dans Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne de Steven Spielberg. Enfin, l’accueil mitigé du public ne donnera pas raison à sa performance dans l’adaptation de Millénium de David Fincher. Une grosse année cinéma en demi-teinte qui lui permettra toutefois de se marier avec Rachel Weisz, il n’aura pas tout perdu au change (sic!). En 2012, il renfile le costume de James Bond pour la troisième fois.

L’ordre de mission

Laissé pour mort lors de sa dernière mission, Bond décide de profiter de sa sortie de route afin de se retirer. Il apprend que plusieurs agents infiltrés dans le monde entier se retrouvent exposés aux yeux du monde. Le MI-6 est directement attaqué et M est obligée de relocaliser l’Agence. Son autorité est remise en cause par Mallory, le nouveau président du comité chargé du renseignement et de la sécurité. Le MI-6 se retrouve sous le coup d’une menace intérieure et extérieure. Bond refait surface afin de venir en aide à M. Il est le dernier allié à qui elle peut faire confiance. Bond va devoir agir dans l’ombre afin d’identifier l’objectif de Silva, un mystérieux cyber-terroriste qui semble connaître tous les rouages du MI-6.

Daniel Craig retrouve le réalisateur Sam Mendes, 10 ans après avoir tourné pour lui dans Les Sentiers de la Perdition. Skyfall a fait l’unanimité lors de sa sortie en salle. Auréolé de l’Oscar de la meilleure chanson, et obtenant des recettes mondiales de plus d’un milliard de dollars (faisant de lui l’épisode le plus rentable de la saga), Skyfall fêtait de la plus belle des manières les 50 ans d’existence de la franchise au cinéma. Il faut bien l’avouer, Skyfall est l’un des meilleurs, si ce n’est le meilleur, James Bond jamais sorti. Tout ce qui fait l’essence des films Bond est transcendé à la perfection, Sam Mendes a bossé son sujet sous tous les angles. La séquence d’ouverture est à couper le souffle. La chute de Bond, laissé à son triste sort, offre la dimension idéale aux lyrics du morceau d’Adele. La volonté de coller avec le style de la franchise Mission : Impossible n’est plus à mettre en doute : l’ouverture vertigineuse de Skyfall vient sérieusement marcher sur les plate-bandes d’Ethan Hunt. Skyfall prend également le temps de développer son intrigue. Dans ce nouvel opus où Bond sera encore sur les traces de la fameuse Organisation qu’il traque depuis Casino Royale, tous les secrets les plus enfouis des personnages principaux menacent de faire surface. Sam Mendes soigne sa réalisation avec une méticulosité hors-pair. Il y a des séquences d’une beauté hallucinante (la séquence à Shanghai, pour ne citer qu’elle) qui rend honneur à la conversion en IMAX du film. C’est d’ailleurs le premier film de la saga a avoir été entièrement tourné en numérique. L’entrée définitive de Bond dans l’ère numérique moderne ne pouvait pas se faire d’une plus belle manière, Skyfall est un film à voir impérativement.

Antagoniste

Javier Bardem est un nom qui parle à la sortie du film. Après avoir décroché l’Oscar du meilleur second rôle masculin en 2008 pour son rôle de tueur en série dans No Country For Old Men des frères Coen, il ne fait plus un doute qu’il peut incarner le mal avec une grande froideur. Sans être aussi froid que chez les Coen, il campe un Raoul Silva qui ne véhicule aucune émotion si ce n’est la colère qu’il voue à M. Ce n’est pas la première fois que Bond a affaire à un antagoniste déchu, un ancien agent du MI-6. En revanche, c’est la première fois que le méchant ne souhaite qu’une seule chose : la mort d’un personnage. Exit le jeu de pouvoir, l’envie de richesse ou de conquête du monde. Tout ce que veux Silva, c’est tuer M. Il en fait une affaire personnelle. Et son seul moyen de l’atteindre est de détruire le MI-6. Il y a une certaine idée du chaos qui se dégage chez Silva qui lorgne énormément du côté du Joker de chez Nolan. Un personnage fort que Javier Bardem va camper jusqu’aux racines de ses cheveux. La folie semble être son dada puisqu’on le retrouvera, une fois encore, dans un rôle tendancieux chez Aronofsky en 2017 dans Mother ! Mais aussi dans le rôle du méchant dans Pirates des Caraïbes : la Vengeance de Salazar la même année. Et, toujours en 2017, sous les traits de Pablo Escobar dans le film éponyme réalisé par Fernando Leon de Aranoa. Plutôt discret au cinéma après Skyfall, Javier Bardem n’a pas besoin de multiplier les rôles, il sait choisir ceux qui marquent. Preuve en est avec les films cités ci-dessus.

James Bond Girl

Séverine est la maîtresse de Silva. Elle promet à Bond de lui livrer Silva uniquement si ce dernier accepte de le tuer. Campée par l’actrice française Bérénice Marlohe, la jeune femme était surtout connue pour être apparue dans quelques séries télévisées. Au cinéma, elle ne connaîtra rien de vraiment notable si ce n’est un rôle dans Song to Song de Terrence Malick en 2017. Par ailleurs, son rôle est vraiment mineur dans le film puisque Silva n’hésitera pas à l’abattre sans sourciller. Lorsqu’elle disparaît en milieu de métrage, on se questionne. Encore une James Bond Girl qui disparaît violemment sous l’ère Craig…et pourtant, la James Bond Girl du film n’est pas celle que l’on pensait.

Miss Moneypenny aurait pu endosser le rôle, mais elle est très vite écartée également. Skyfall fait état de la relation mère/fils qui unie Bond et M. Si elle est loin de l’archétype que le spectateur se fait de la James Bond Girl, c’est bel et bien M qui tient ce rôle ici. Sa présence quasi-constante, sa poigne, les fêlures qu’elle cache et son entière dévouement à la protection de Bond en font LA James Bond Girl du métrage. Dernier baroud d’honneur pour Judi Dench qui offrait ses traits à M depuis GoldenEye, elle immortalise la figure maternelle qu’elle représente pour Bond. Tout l’épilogue dans la demeure des Bond transpire l’émotion. Catharsis ultime pour M, elle se lave de ses péchés, pistolet à la main, dans une séquence musclée à faire pâlir Maman, J’ai Raté l’Avion. Judi Dench fait ses adieux à la franchise Bond avec panache et non sans une certaine émotion. On la retrouvera chez Stephen Frears en 2014 pour Philomena, chez Tim Burton en 2016 pour Miss Peregrine et les Enfants Particuliers ou encore, plus récemment chez Tom Hooper pour le très critiqué (et surtout mauvais) Cats.

Section Q

Le personnage de Q est enfin réhabilité, sous les traits de Ben Whishaw, bouille parfaite pour apporter au rôle ce côté geek des temps modernes. Les gadgets restent futiles, surtout compte tenu du mauvais état physique de Bond. Notre agent secret aura tout de même droit à un Walther PPK/S muni d’une reconnaissance d’empreintes ainsi qu’une radio qui donne sa localisation à ses supérieurs au moment où il l’active. Côté voiture, on se souviendra surtout du retour de l’emblématique Aston Martin DB5 (vue pour la première fois dans Goldfinger) revue et corrigée. Clin d’œil emblématique parmi les innombrables qui parsèment le film qui fêtait alors, rappelons-le, le cinquantième anniversaire de la saga au cinéma.

1 Rétrolien / Ping

  1. Mourir peut attendre : Baroud d'honneur -

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*