Shang-Chi et la légende des dix anneaux : Lord of the rings

Après avoir exploité une bonne partie de ses héros iconiques, le Marvel Cinematic Universe puise désormais dans un catalogue de personnages plus confidentiels pour lancer sa nouvelle phase. Difficile donc d’être totalement enthousiasme à l’idée de découvrir Shang-Chi et la légende des dix anneaux et c’est ce qui fait la première qualité du film : puisqu’on ne s’attendait à rien de particulier, la surprise peut l’emporter. Et des surprises, Shang-Chi en comprend quelques-unes, s’avérant bien plus intéressant qu’on n’aurait pu le penser.

Le film nous raconte donc l’histoire de Shang-Chi qui vit d’un petit boulot de voiturier à San Francisco avec sa meilleure amie Katy. Cela fait des années qu’il a fui son passé et l’ombre de son père : le Mandarin, le véritable chef de la mystérieuse organisation des dix anneaux qui avait été mise en scène dans Iron Man 3 par Aldrich Killian dans un twist qui reste encore régulièrement conspué par les fans mais qui trouve ici réparation. Armé de ses dix anneaux (des bagues dans les comics, transformés ici en bracelets pour éviter la comparaison avec les pierres d’infinité du gant de Thanos et pour rendre les combats plus cinématographiques), le Mandarin a quasiment conquis le monde mais s’était rangé quand il avait rencontré la mère de Shang-Chi. Celle-ci étant décédée, il est cependant hanté par sa voix et est persuadé qu’elle est retenue prisonnière dans son pays d’origine, une contrée mystique à l’accès quasiment impossible. Il se lance donc à la poursuite de son fils et de sa fille pour achever sa quête et sauver sa bien-aimée…

Avec cette idée, le film s’offre son premier bon point, à savoir nous offrir un méchant chez Marvel qui pour une fois ne veut pas dominer le monde et mettre le chaos dans l’ordre mondial mais a au contraire une motivation plus intime, le rendant beaucoup plus nuancé. Le fait d’avoir confié le rôle au toujours charismatique Tony Leung Chiu-wai est aussi une très belle idée, l’acteur ayant suffisamment de magnétisme et d’expérience pour livrer une interprétation plus subtile qu’à l’accoutumée pour un méchant marvellien.

Ce qui frappe le plus dans Shang-Chi, c’est d’ailleurs sa capacité à ne pas ressembler à un Marvel. Si l’on enlève les inévitables références, scènes post-génériques et humour parfois lourdingue, Shang-Chi et la légende des dix anneaux va beaucoup plus lorgner du côté du cinéma de Zhang Yimou ou de la trilogie Détective Dee que du simple produit de consommation de masse que Marvel produit depuis maintenant plus de dix ans. Destin Daniel Cretton (States of Grace, La voie de la justice) offre un spectacle qui s’inscrit certes dans les canons du MCU mais qui tente d’avoir sa propre identité. On sera ainsi étonnés de voir que les chorégraphies des combats ont bénéficié d’un soin particulier, permettant de rendre honneur aux arts martiaux utilisés par les personnages tandis que la présence de Bill Pope à la photographie (la trilogie Matrix, Spider-Man 2 et 3) assure à l’ensemble des visuels de qualité, ne dissimulant pas toujours quelques CGI maladroites mais beaucoup plus discrètes que dans les précédentes productions de la firme.

Visiblement plus inspiré par tout un pan du cinéma asiatique que par le travail de ses confrères chez Marvel, Destin Daniel Cretton impose alors au film une personnalité fort sympathique, Shang-Chi n’ayant pas peur de virer à la pure fantasy dans son dernier acte avec un joli bestiaire. Certes, dans le fond il n’y a rien de nouveau chez Marvel, la prise de risque est inexistante et le scénario souffre d’un vrai problème de rythme mais cette volonté d’offrir plus qu’un simple spectacle de CGI est sincèrement palpable comme en témoigne l’investissement de Simu Liu dans le rôle principal, l’acteur ayant les épaules suffisamment solides pour tenir l’ensemble et nous faire attendre avec curiosité la suite, évidemment teasée dès la fin du film. Nous serons en tout cas au rendez-vous, finalement enthousiasmés par cette proposition haute en couleurs et pleinement divertissante.

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  1. Édito – Semaine 38 -

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