Uncle Peckerhead : Hit & die on the road

Outre l’aspect qualitatif du catalogue de Shadowz, nous attendons souvent impatiemment la sortie de leurs exclus. Depuis sa création, la plate-forme n’a eu de cesse de nous proposer des films absolument bluffants, atypiques et qui offrent un certain vent de fraîcheur au sein d’un genre qui peut vite avoir tendance à tourner en rond. De plus, depuis quelques temps, ils se sont lancés dans l’édition vidéo. Ainsi les amoureux du support physique que nous sommes ont pu se procurer des pépites telles What Keeps You Alive, de quoi ne plus s’inquiéter de les voir disparaître du catalogue un jour ou l’autre. Débat que nous avons souvent soulevé au sein de nos lignes ainsi que dans nos podcasts, rien ne remplacera jamais le support physique. Si la dématérialisation possède ses avantages (notamment les prix attractifs des abonnements), rien ne garantira jamais la disponibilité éternelle d’une œuvre que l’on affectionne. Pour cette dernière séance Shadowz du mois, la plate-forme s’est payée un phénomène, un objet filmique non-identifié, une pépite qu’on espère vivement voir débarquer dans nos bacs rapidement tant le coup de cœur fut instantané. Uncle Peckerhead est le second long-métrage écrit et réalisé par Matthew John Lawrence et ravivera de bien jolis souvenirs aux amoureux de comédies gores à la Peter Jackson des débuts ou aux inconditionnels du Retour des Morts-Vivants et consorts. Branchez vos amplis, mettez la bière au frais et sortez vos meilleurs albums punk rock, la route vous attend.

Judy, Max et Mel sont les membres du groupe de punk rock Duh. Ils ont chacun quitté leur job dans le but d’entamer leur première tournée grâce à laquelle ils espèrent marquer les esprits et être découvert dans le but de vivre de leur musique. Après s’être fait voler leur van, ils partent à la recherche d’un nouveau véhicule. Un homme, du nom de Peckerhead (Peck pour les intimes), leur propose de partager son van à condition qu’il devienne leur roadie. Après une première date infructueuse, Judy découvre que Peck se transforme en monstre mangeur d’hommes chaque soir à minuit pendant 13 minutes. Peck lui assure qu’il peut contrôler son état et que son groupe ne craint rien à ses côtés. La tournée ne se passera pas forcément telle que Judy l’avait conçu.

Le rock et l’horreur ont toujours fait bon ménage. Style musical énergique aux multiples possibilités, il est souvent employé pour souligner une séquence gore. Souvent moqué par ses détracteurs, le rock (et ses dérivés) n’a jamais été aussi bien exploité que lorsqu’il devient un élément à part entière d’une intrigue. Qu’il soit l’élément déclencheur de toute l’intrigue (Deathgasm, disponible également sur Shadowz) ou le moyen d’identifier ses héros (Green Room), les films d’horreur avec des groupes de rock sont rarement déceptifs. Bien que les héros d’Uncle Peckerhead soient musiciens, la musique tardera à faire son apparition dans le film, mais ce ne sera pas sans manquer d’intérêt. Ce qui frappe d’emblée, c’est l’univers qui se dégage du film. S’il y a un ton résolument second degrés qui survient rapidement, ce n’est que pour mieux susciter une empathie pour les personnages. L’identification se fait malicieusement, ils apparaissent tous comme attachant. Le casting est simplement parfait, à commencer par David H. Littleton qui campe Peck. Il devient rapidement le genre de personne avec lequel on aimerait être ami. Le spectateur, comme Judy, se méfiera de lui, bien conscient qu’un homme se transformant en créature assoiffée de sang chaque nuit ne peut pas être totalement stable. Seulement, tous ses actes lui accordent une sympathie immédiate. Tel un papa s’occupant de ses enfants, il se prend d’affection pour ses nouveaux amis. Il joue son rôle de roadie de la meilleure des manières, leur permet de se faire un nom et contribue grandement à leur notoriété. De plus, sa part démoniaque leur permettra de se venger de personnes mal intentionnées. De boogeyman, Peck devient le pote qu’on rêve tous d’avoir. Si bien que ses compagnons de fortune (tout comme le spectateur) se laisseront totalement aveugler par ses réelles intentions au risque de se faire surprendre par la fin du film. N’oublions pas que nous sommes dans une comédie horrifique et que, par définition, il nous faut un boogeyman en bonne et due forme. Seulement, le double jeu mis en place par Littleton est tellement subtile et naturel, ainsi que sa gouaille si sympathique, qu’il fausse les pistes d’une bien belle manière. On se surprendra à encore douter lors du dernier acte alors que les enjeux sont clairs : Peck n’a pas un bon fond.

Ce revirement de situation soudain nous sortira de notre stupeur. On ne le verra pas venir. L’entièreté du film baigne dans une ambiance feel-good absolument enivrante. Nous sommes enveloppés dans un cocon de bonne humeur qui donnerait presque envie de former un groupe et de partir en tournée. De plus, les compositions originales du film collent parfaitement à la bonne humeur recherchée. Dès lors que le groupe décide de dévoiler sa musique, c’est du caviar qui viendra faire résonner les tympans des amateurs de ce genre musical. Uncle Perckerhead ne ménage pas non plus ses ambitions horrifiques. Ici aussi, la générosité sera le maître mot. Peu de séquences gores parsèment le film, mais elles sauront vous marquer pendant longtemps. Les amateurs de tripaille seront aux anges, le film ne fait pas dans la dentelle lorsqu’il s’agit de charcuter les victimes avec barbarie. Et puis, voir nos héros apprécier leur after autour d’un bon film (The Toxic Avenger 2, pour ne pas le citer) aura suffit à nous convaincre définitivement (oui, il nous en faut peu). D’ailleurs, Matthew John Lawrence est, à n’en point douter, un amateur des films de la Troma. Si les séquences gores raviraient Lloyd Kaufman à coup sûr, on retiendra surtout un passage à tabac d’un homme à coup de batte de baseball où le mannequin de piètre qualité ne manquera pas de vous arracher un bon gros fou rire. Un fou rire qui ne durera pas puisqu’il amorcera le dernier acte du film qui le plongera vers un premier degrés plus qu’horrifique. D’ailleurs, il s’agira d’une légère maladresse. Quand bien même nous nous doutons des intentions malsaines de Peck, nous ne voulons pas croire en son jusqu’au boutisme. Le dernier acte manque de corps et nous laisse sur le bord de la route avec une réelle frustration. Nous nous sentions tellement bien dans cet univers au point de ne pas avoir envie de le quitter. Lorsqu’arrive la dernière scène, il lui manque une très nette conclusion. Abandonner soudainement les personnages à un sort que seul le spectateur sera maître de juger témoigne d’une incapacité de la part de Matthew John Lawrence à savoir conclure son récit. S’il démontre être bien plus intéressé par le voyage que par sa conclusion, il lui manque un peu de panache définitif pour inscrire son film au rang des incontournables du genre. Si le coup de cœur est indéniable en ce qui concerne Uncle Peckerhead, nous resterons à jamais déçu par sa conclusion. Quel dommage de nous offrir une dernière sensation à peine passable pour un film qui n’aura eu de cesse de nous émerveiller tout le long.

Mais ne vous laissez pas rebuter par notre déception de la fin. Uncle Peckerhead est un film merveilleux, une vraie comédie absurde teintée d’un gore généreux et qui fait du bien par où il passe. Matthew John Lawrence traite la musique qu’il aborde avec respect et les acteurs sont prodigieux. Un must-see en puissance pour lequel nous vous invitons à militer d’urgence auprès des collègues de Shadowz afin qu’ils mettent rapidement en chantier une édition blu-ray du film. Uncle Peckerhead est un film qu’on ne se lassera pas de revoir encore et encore tant il nous a fait du bien. Et cet air frais, savoureusement drôle et trash, arrive à point nommé en cette fin de période estivale où le moral n’est jamais vraiment au beau fixe à l’idée de retrouver les embouteillages, les gens aigris dans le métro et les collègues de boulot insupportables… Uncle Peckerhead est le remède idéal pour vous aider à conclure vos vacances avec panache.

Abonnez-vous sans crainte à
SHADOWZ – L’unique plateforme de SCREAMING !

Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la plateforme Shadowz.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*