Un Triomphe : Un Kad Merad en grande forme !

Entre biopics et films historiques, le cinéma a toujours su puiser une profonde inspiration dans ce que l’histoire nous a réservé de meilleur. Et si les contes abordent parfois des thématiques plus intemporelles ou intimistes, le media ne se prive jamais de puiser dans le sensationnel. Mais quoi de mieux que de nous narrer ce que l’histoire à parfois eu de plus insolite à nous raconter ? Certains cinéastes ont su en jouer avec une maîtrise juste pour un truculent plaisir non dissimulé. Michael Bay pour nos confrères outre atlantique avec No Pain, No Gain. Mais également Michaël Youn en France avec son deuxième film, Vive la France. On pourrait encore en citer de très nombreux autres en creusant un peu. Réalisé par Emmanuel Courcol et mettant en scène Kad Merad en personnage principal, Un Triomphe s’inspire librement de l’histoire du Suédois Jan Jönson.

Etienne (Kad Merad), acteur de théâtre se retrouve à devoir animer un atelier de théâtre dans une prison pour offrir une activité aux prisonniers. Réticents initialement, les détenus finissent progressivement par se prendre au jeu et s’investir au sein de la troupe. Etienne semble être le seul à croire en ce projet, en ses capacités et à motiver les troupes. À force d’investissement, les résultats finissent par se faire ressentir. La troupe commence à jouer dans de véritables théâtres la pièce En attendant Godot de Samuel Beckett, l’occasion pour les prisonniers de voir autre chose que leur cellule. Ce début de liberté les pousse à vraiment s’investir dans la pièce pour pouvoir continuer d’échapper à la chienlit des murs de la prison.

Nous vous laissons le loisir de découvrir comment l’histoire de Un Triomphe peut devenir absurde, mais le choix de la pièce de Samuel Beckett semble relativement pertinente bien qu’un peu attendue. La réalisation d’Emmanuel Courcol est juste en proposant un scénario crédible. Malgré un dénouement improbable quoique évident en y réfléchissant bien, le scénario ne tombe jamais dans le piège du tragi-comique ou du pathos. Les situations peuvent être cocasses, les agissements comiques, l’histoire en elle-même est sérieuse et ses intervenants ne sont pas là en tant qu’humoristes. Il s’agit d’un scénario stable et c’est ce qui le rend à la fois crédible et intéressant. Jusqu’au bout, les personnages font preuve d’une crédulité humaine. Ils savent au fond d’eux ce qui est en train de se passer, mais leurs sentiments, leurs agissements traduisent d’une sensibilité véritable. L’écriture, dans les scènes, les dialogues, les situations, est naturelle. Jamais le sentiment d’avoir affaire à une fiction ne se ressent vraiment.

Et cet atout est notamment dû à un jeu d’acteur honnête. Étonnant de la part de Kad Merad non ? Celui qui surenchéri chaque fois un peu plus depuis Bienvenue chez les Ch’tis est absolument méconnaissable d’acting ici. En homme de théâtre, il incarne parfaitement son personnage et lui donne toute la profondeur qu’il mérite. Un Kad Merad qui ne cabotine pas est un Kad Merad d’une excellence rare. Il faut ajouter qu’il est bien accompagné d’une pléthore de jeunes talents. David Ayala (Kaamelott-Première Partie), Pierre Lottin (Présidents, Les Tuches, Grâce à Dieu), Sofian Khammes (Chouf, La Nuée) et Lamine Cissokho (Meltem). C’est cette équipe qui composera la troupe de détenus, une belle brochette de talent que l’on risque de revoir rapidement. Avec autant de personnages, il est agréable de voir à quel point la réunion de tous ces intervenants match aussi bien. Ce qui montre une fois de plus à quel point l’écriture et la scénarisation sont d’une justesse parfaitement maîtrisée.

Le destin inéluctable de la situation dans laquelle s’enlise les personnages est fascinant. On sent fortement le déroulement des évènements et les personnages le savent au fond d’eux-mêmes depuis un moment déjà dans le film. Mais bien que les choses ne peuvent se passer différemment, les gens sont ce qu’ils sont, chacun possède ses propres principes, ses propres convictions, ses propres rêves, on se surprend à espérer de tout cœur que les choses ne vont pas se dérouler ainsi. Que les protagonistes ne vont pas mettre leur honnêteté en jeu. On se surprend à espérer jusqu’au dernier moment que la fin sera la plus joyeuse possible. L’histoire demeure d’une certaine simplicité. Il s’agit quelque part de la rédemption d’un homme de théâtre qui accepte en partie à contrecoeur son sort. Et pourtant dans son malheur, il lui arrive un tas d’imprévus dont il ne peut vraiment déterminer la finalité, positive ou négative.

Un Triomphe est un film intéressant possédant des thématiques sous-jacentes forte que son acteur principal parvient à investir. Sobre, c’est un pari réussi pour Emmanuel Courcol qui signe une comédie efficace, soignée particulièrement juste. Sa grande qualité est indéniablement sa force d’écriture qui respecte une histoire passionnante. Alors qu’elle peut sembler au demeurant convenue, Courcol fait preuve d’un sens de la mise en scène appréciable permettant de savourer Un Triomphe pour toutes ses qualités. 

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