La ruée des vikings : Par Odin !

Toujours décidés à gâter les amoureux du genre que nous sommes, Le Chat qui fume a récemment édité deux films de Mario Bava. Outre Les trois visages de la peur qui bénéficie carrément d’un disque 4K, La ruée des vikings est également disponible en blu-ray, l’occasion de se ruer (oui elle était facile celle-là) sur le film, certainement l’une des meilleures itérations italiennes du film de vikings entraînées par le succès du film éponyme de Richard Fleischer où Kirk Douglas et Tony Curtis s’affrontaient.

Mario Bava et ses co-scénaristes ont compris toutes les leçons de leur modèle. Le budget du film est moins conséquent que celui de Fleischer mais cela ne les empêche pas de livrer un récit haletant, classique dans le sens le plus noble du terme où les coups du sort (deux frères séparés à la naissance et rivaux devenus adultes, l’un viking, l’autre anglais) frappent avec la même célérité que les coups de foudre. Où l’on noue des alliances, où l’on tombe amoureux au premier coup d’œil, où l’on risque tout par amour, par honneur et par courage. En une heure et demie, Mario Bava accumule les poncifs du genre mais sans jamais que ceux-ci ne semblent usés. Ils sont au contraire revigorés par une mise en scène époustouflante, riche en couleurs et en trouvailles pour compenser la faiblesse d’un décor ou d’une scène d’action.

Le sens visuel de Mario Bava lui a en effet souvent permis d’élever la qualité de certains de ses films, pas toujours heureux au niveau du scénario ou des acteurs. Ici, on reconnaîtra volontiers à La ruée des vikings son sens du récit joliment hérité du cinéma hollywoodien avec évidemment un brin de sadisme typiquement italien. C’est plus au niveau du casting que le film dévoile quelques faiblesses, Cameron Mitchell manquant de nuances dans un rôle principal assez exigeant en termes de nuances et qu’il semble incapable de reproduire correctement tout comme Giorgio Ardisson, un peu pâlot dans le rôle du frère rival. Qu’importe puisque Bava, avec sa lourde expérience de directeur de la photographie, sait tout relever, ou presque, en quelques plans. Avec sa mise en scène, tantôt froide et austère du côté des anglais, tantôt colorée et baroque du côté des vikings (leur repaire est une pure merveille visuelle), Bava embrasse son récit avec beaucoup de passion, surdramatise certaines péripéties et offre de beaux moments de bravoure.

Le rythme a beau chuter un peu sur la dernière partie avec, entres autres, une agonie un peu trop longue, La ruée des vikings demeure l’un des plus fiers exemples (avec L’enfer des zombies de Fulci) de film italien produit pour des raisons opportunistes mais donnant naissance à un véritable bijou du cinéma dont la qualité est parfaitement mise en valeur dans cette édition du Chat qui fume à se procurer d’urgence !

1 Rétrolien / Ping

  1. Supersonic Man : De paillettes et d'Os -

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*