Novices Libertines : Le désir plus fort que la foi

Pourvoyeur de pépites cinématographiques introuvables et grand explorateur du cinéma italien bis de la grande époque, Le Chat qui fume a fait fort récemment en exhumant dans sa version intégrale Novices Libertines de Bruno Mattei. Le film est désormais disponible en Blu-ray, à la fois dans sa version censurée (en français) et dans sa version intégrale (en italien). Evidemment, les amateurs préféreront la version intégrale, retranscrivant la vision d’un cinéaste qui n’a jamais reculé devant la moindre provocation, qu’elle soit sur le plan de la violence ou sur le plan sexuel.

Nous sommes ainsi face à un pur film d’exploitation comme il en florissait tant à l’époque et notamment face à un sous-genre précis : le film de nonnes. Pour justifier sa débauche de sexe, Bruno Mattei et son scénariste Claudio Fragasso se sont inspirés d’une histoire vraie. Celle de Marianna de Leyva y Marino qui, dans l’Italie du XVIème siècle alors qu’elle était nonne, eut deux enfants illégitimes avec un comte et camoufla l’assassinat d’une de ses consœurs qui menaçait de dévoiler leur histoire. Forcément, un sujet aussi sulfureux ne pouvait qu’attirer Bruno Mattei qui voit là une excellente occasion de déshabiller des nonnes et pas seulement son héroïne ! En effet dans le film, non seulement Marianna (devenue Sœur Virginia) prend un noble au tempérament violent pour amant mais il y a également un prêtre organisant des orgies, des nonnes aimant se caresser sous les draps ou encore une nonne sadique aimant fouetter ses camarades. Là où nous sommes dans le pur film d’exploitation, c’est que la première scène de sexe entre Sœur Virginia et son amant commence comme un viol sous les yeux de tout le monde (dont une nonne qui se masturbe) et finit comme une scène passionnée, la jeune femme découvrant la jouissance entre les bras du comte Osio. De quoi affoler nos mœurs d’aujourd’hui mais d’ajouter à l’audace du film qui se permet toutes les provocations envers l’Eglise, entre un Jésus fantasmé par l’héroïne et ses représentants corrompus par l’appel du pouvoir ou de la chair…

Cette réalité historique et cette façon systématique de taper sur l’hypocrisie d’une institution qui en réalité aurait été la première à aller en enfer vient donner un bel ancrage au film. Et si l’on n’est guère surpris de voir le scénario plus s’intéresser aux batifolages des nonnes qu’au contexte historique et au récit de l’ascension au pouvoir au sein du couvent de Sœur Virginia, on sera étonnés de constater que Bruno Mattei apporte sur plusieurs scènes un vrai soin à la réalisation, chose assez rare quand on connaît le réalisateur de Virus CannibaleIci, en dépit d’un manque de moyens évident notamment dans les décors, certaines séquences bénéficient d’un travail sur la lumière permettant à Novices Libertines de baigner dans une atmosphère parfois irréelle, le film menaçant sans cesse de basculer du rêve au cauchemar. Un soin étonnant qui vient donc rattraper le coup d’un scénario un brin répétitif dont on ne saisit pas bien tous les enjeux, la psychologie des personnages étant régulièrement sacrifiée au profit d’une jolie paire de fesses à l’écran. Il faut donc s’attendre à un pur film de ‘’nonnesploitation’’ devant Novices Libertines (en même temps le titre français donne la couleur !) pour passer un agréable moment sans trop se poser de question. Quand on voit des gens tout nus au moins une fois toutes les dix minutes, on n’a pas trop le temps de s’en poser de toute façon…

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