OSS 117 – Alerte rouge en Afrique noire : Coup de mou pour OSS 117

Il est de retour ! Le plus chauvin, le plus sexiste et le plus stupide des agents secrets français s’offre une nouvelle mission, douze ans après Rio ne répond plus, second opus frôlant la perfection comique qui avait convaincu Michel Hazanavicius de ne plus s’aventurer du côté du personnage. Mais l’envie de le retrouver étant encore présente chez Jean Dujardin et le scénariste Jean-François Halin, il suffisait de trouver un réalisateur capable de maintenir OSS 117 en forme. Sur le papier, le choix de Nicolas Bedos s’avérait pertinent tant le cinéaste a un sens de l’humour impertinent et une horreur du politiquement correct. Malheureusement on se rend très vite compte qu’à force de vouloir balancer des vannes provocatrices simplement pour le plaisir de les faire à notre époque a quelque chose de terriblement forcé, Bedos regardant plus le personnage avec une certaine admiration qu’autre chose et s’en servant pour ruer dans les brancards sans pour autant y apporter beaucoup de cinéma derrière…

Alerte rouge en Afrique noire ne manque pourtant pas d’idées mais celles-ci ne sont jamais complètement abouties. Faire de Hubert Bonisseur de La Bath un agent déphasé, en proie à une crise de virilité et à une attirance pour le nouvel agent OSS 1001 avait de quoi interroger la place du personnage dans un monde moderne (Mitterrand va bientôt être élu au pouvoir). Mais si la présence de Pierre Niney en OSS 1001 apporte pendant un moment un souffle de fraîcheur et une rivalité bienvenue et si quelques gags sont parfaitement hilarants (lire Tintin au Congo pour se plonger dans l’histoire de l’Afrique, charmer un serpent en lui jouant de la flûte à l’aide son silencieux), jamais le film ne donne l’impression de réellement savoir où il va. L’intrigue n’est ici qu’un prétexte pour plonger Hubert en Afrique, le confronter à ses préjugés et vaguement aider le Président/Dictateur à rester au pouvoir. Non seulement le scénario ne comporte guère de surprises (et certains gags comme celui du crocodile sont désamorcés par une mise en scène annonçant la chose à trois mille kilomètres) mais il ne prend pas la peine de construire son récit, le film s’achevant sans donner l’impression d’être bouclé.

Jean Dujardin a beau déployer son énergie et son charisme habituel, retrouvant le rôle avec gourmandise, on ne peut s’empêcher d’être déçu par la tenue générale du film. Tout y semble beaucoup plus poussif et moins naturel que sur les deux premiers opus où les gags s’imbriquaient parfaitement au récit et étaient transcendés par la mise en scène d’Hazanavicius. Ici, la plupart des idées comiques tombent à plat et semblent forcées ou maladroitement amenées sur le plan du timing. Bedos, qui nous avait conquis avec ses deux premiers films, non seulement par ses capacités d’écriture et de mise en scène, a beau s’être bien entouré au niveau de la direction artistique, il ne transcende jamais ce qu’il a sous la main. Tout est joli mais plat, le manque de rythme allant jusqu’à plomber certaines idées du scénario. Cela n’empêche certes pas de passer un bon moment mais force est de constater qu’après deux films qui constituaient un sommet de comédie, celui-ci arrache plus de sourires que de rires et prouve qu’on aurait aisément pu se passer de ce troisième volet, au demeurant charmant et rempli de bonne volonté, mais cependant poussif, prouvant qu’Hazanavius avait raison, Rio ne répond plus avait finalement déjà tout dit sur le personnage…

2 Rétroliens / Pings

  1. Édito – Semaine 33 -
  2. Au Service de la France : Bons baisers de Paris  -

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