Justice Society – World War 2 : Appréhension d’un âge d’or

Loin de ses deux figures tutélaires pour porter leurs blockbusters d’animation qui égayent de temps à autre les sorties vidéos, DC Comics et Warner Animation reviennent aux origines du catalogue de l’éditeur de comics en centrant la nouvelle intrigue de leur long-métrage sur la Justice Society of America. Plus connu sous l’acronyme JSA, ce n’est ni plus ni moins que la première équipe de la Justice League reléguée dans les oubliettes du monde parallèle DC suite aux succès des héros phares que sont Superman, Batman et Flash (second du nom).
Dans les années 1960, le Multiverse est crée par le scénariste Gardner Fox qui, pour mettre en avant la Justice League avec comme porte-drapeau Superman & Batman, envoie la Justice Society of America sur Terre-2 laissant la primauté de l’autre Terre aux têtes d’affiche. Pendant trente ans, JSA ne sera plus qu’un souvenir, symbole de l’âge d’or des Comics DC avant que l’intérêt se porte de nouveau vers eux par les scénaristes David S. Goyer, James Robinson puis Geoff Johns. À la suite du crossover Infinite Crisis, la série est relancée en 2006 sous le titre Justice Society.

DC Animation braque de nouveau les lumières sur cette équipe historique pour les besoins d’un long-métrage d’ores et déjà disponible en DVD & Blu-ray. Titré World War 2, on rencontre une équipe formée par le président Roosevelt pour repousser les Nazis envahissant l’Europe et planifiant d’atteindre les États-Unis. Ainsi, les icônes Wonder Woman, Flash, Hourman, Hawkman et Black Canary se rassemblent pour partir sur le conflit européen. Une troupe complémentaire gérée par l’indéboulonnable compagnon de Wonder Woman, Steve Trevor, fol amoureux de sa coéquipière à qui il fait une demande de mariage quotidienne. Wonder Woman qui se cale opportunément sur la figure populaire de Gal Gadot, notamment lors de la séquence inaugurale du personnage où elle met à mal une horde de nazis au cœur d’un village dans une orchestration identique au film de Patty Jenkins. On croit presque entendre le thème signé Junkie XL.
Justice Society est un film sous influence, classique par sa trame, collant presque trop au scénario du Trône de l’Atlantide, aventure antérieur de la Justice League à qui ce nouveau film reprend le final apocalyptique avec les Atlantes envahissant, avec l’aide du Kraken, une ville côtière drôlement bien moderne d’un coup. 

Agréable proposition nostalgique, mais usuelle en termes de consommation qu’est ce nouveau film, DC ne brusque pas les habitudes malgré des personnages reconnus auxquels on ne fait pas confiance. Justice Society s’ouvre alors à notre époque avec le Flash/Barry Allen qui pique-nique à Metropolis avec Iris avant d’aller aider Superman combattre une énième fois Brainiac. En souhaitant sauver son coéquipier, Flash brave la vitesse du temps et se retrouve en pleine Seconde Guerre Mondiale. Il va alors se greffer à la Justice Society pour s’entraider entre le conflit et sa volonté de retrouver son époque.
Le studio démontre son incapacité à vouloir faire confiance en son équipe originale s’obligeant d’adjoindre les services du Flash moderne et une apparition de Superman. Une sensation étrange se dégage alors du film. L’impression d’une intrigue bâtarde avec deux, voire trois, récits en parallèle qui s’annulent constamment pour relancer le film vers le néant. Introduction inappropriée à Metropolis avant un voyage dans le temps où le film trouve tout son charme avec cette équipe originale. Wonder Woman est une leader à fort caractère menant avec bravoure sa troupe composée de héros méconnus. Notamment Hourman qui possède ses pouvoirs seulement une heure par jour ou le Flash originel de Jay Garrick avec son costume désuet. Les personnages trouvent leurs places avec chacun leurs instants de gloire au cœur d’une aventure efficace. L’animation fluide aide ce rythme effréné où le style des dessins évolue laissant de côté le character-design proche du manga pour des lignes plus prononcées rappelant les grandes heures de l’animation américaines entre Archer et certaines déclinaisons de Scooby Doo. Sans être trop cartoon, le réalisateur Jeff Wamester trouve un juste équilibre pour nous faire adhérer aux nouveaux canons souhaités par la production. Man of Tomorrow arpentait en effet déjà ses traits gras comme une volonté de redéfinir le style d’un nouvel arc qui semble se dessiner avec comme point d’orgue le diptyque The Long Halloween

Justice Society : World War 2 n’est pas, en soi, une déception. Le long-métrage se démontre être classique manquant cruellement de confiance en soi pour assumer une idée d’âge d’or plutôt bienvenue pour explorer les origines du catalogue DC Comics. Les sempiternelles aventures de Batman et Superman peuvent en effet en lasser quelques-uns qui voient d’un bon œil cette convocation d’une équipe antédiluvienne pleine de charme. Malheureusement la production leur colle dans les pattes un Flash moderne après une introduction puis une apparition en compagnie de Superman, encore et toujours lui, en dépit de servir à peu de choses outre faire acte de présence. Il gâche donc un peu la fête au coeur de cette aventure convenue, mais honnête.

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