American Nightmare 5 – Sans Limites : Une saga ressuscitée

Ne jamais croire les producteurs et un studio nous assurant qu’une saga s’arrêtera au quatrième et – soi-disant – dernier opus, chant du cygne par les origines d’une idée malsaine, limite prophétique, mais géniale pour du Bis cinéma. Assurément que la saga American Nightmare tient de l’idée de génie de la part de James DeMonaco avec cette nuit de purge promulguée par un gouvernement américain extrême. L’idée s’étire depuis une dizaine d’années sur cinq longs-métrages et deux saisons de séries TV. Pourtant, l’essoufflement s’est ressenti sur un avant-dernier opus revenant sur les origines de la purge avec la toute première nuit, tel un galop d’essai, sur Staten Island. Rentable dès son premier week-end d’exploitation aux États-Unis pour finir à 137 millions de dollars en exploitation mondiale, forcément la saga n’allait pas en rester là. Mais comment renouveler une formule de cinéma urbain pur jus ? En allant voir ailleurs, plus précisément au Texas à la frontière avec le Mexique où l’immigration clandestine bat son plein.

Au départ simple série B au pitch accrocheur confinant son idée pour un Home-Invasion classique, mais grinçant, The Purge (en VO) a trouvé matière à réflexion en prenant l’air arpentant les rues de Los Angeles puis de New York. Suite à l’élection de Donald Trump, l’Amérique a muté dans le mauvais sens devenant une nation extrême souhaitant ressusciter les fondations ayant bâti cette nation par l’oppression et la violence. De quoi donner du grain à moudre à son scénariste et réalisateur, James DeMonaco, qui n’a eu qu’à se servir pour exploiter un filon vendeur et jouissif. L’Amérique est le théâtre d’une violence rare une nuit par an pour un film tous les deux ans battant le plein et attendu de pied ferme depuis Anarchy. Sous ses airs de cinéma bourrin pour spectateurs neuneu se cache un film profondément démocrate se révoltant envers la décadence du monde dans lequel on vit. Pour DeMonaco, il n’y a qu’à ouvrir les journaux le matin pour trouver la matière nécessaire pour une énième purge. Ce qui rend passionnante cette saga intelligente et jouissive réfléchissant l’état du monde, plus précisément les États-Unis, centre névralgique du pouvoir mondial. Et pour ce cinquième film qui laissait craindre l’opus de trop, James DeMonaco réussit de nouveau à nous surprendre.
Sans Limites nous surprend montrant l’insurrection d’un pays qui éclate suite à une énième purge. Non content de savourer un moment particulier de dézingage en règle dont on nous évite la rengaine démonstrative, American Nightmare 5 s’intéresse à ses personnages et à leurs trajectoires. Le film s’ouvre sur le passage d’un couple de Mexicains par les tunnels à la frontière entre le Mexique et le Texas. On les retrouve quelques mois plus tard dans une petite ville où le mari travaille pour la famille Tucker, riche famille de fermiers de la région et la femme dans un abattoir. Elle essaye de s’intégrer au mieux en apprenant l’Anglais quand le mari trouve une certaine hostilité dans son travail de la part du fils de cette famille incarné par Josh Lucas. Sous ses faux airs de Kevin Costner du pauvre, Josh Lucas traîne son allure de cow-boy mal léché essayant de protéger sa famille quand la violence gagne sa propriété. On prendra plaisir à retrouver Will Patton en patriarche, acteur sympathique des années 90, second rôle sûr d’Hollywood depuis oublié. Quand sonne la fin de la purge et le début de l’anarchie, les Tucker ne pourront compter que sur leurs employés mexicains pour les soutenir et se sortir d’affaire. 

On pensait en avoir fini avec cette fameuse purge, mais finalement il a fallu que cela éclate, idée nourrie par la cassure des USA suite aux dernières élections à la limite de l’insurrection avec la défaite des républicains. Peur de notre monde qui prend acte dans ce film violent dans la lignée des précédents où un énième groupe de survivants va devoir faire preuve de solidarité pour en sortir vivant. Si la trame ne change peu retrouvant ce plaisir intact de la saga à base de violences urbaines et de meurtriers iconiques, le film permet à la saga de reprendre son souffle sulfureux pour un nouvel opus sarcastique.
Un ton caustique au cœur de ce désordre ambiant qui déclenche une hilarité bienvenue quant à la résolution de ce récit permettant de redémarrer une saga pour au moins un épisode supplémentaire. On évitera de vous divulgacher la teneur de l’issue d’un film prouvant que James DeMonaco est en pleine possession de ses moyens, cri de révolte et crachat bien gras à la face de Donald Trump. Le film est l’exemple même de la série B qui a beaucoup plus à dire que son simple pitch ne laisse le présager. D’une insolente intention à vouloir ruer dans les brancards dénonçant les maux d’une société en roue libre, volonté à souligner les âneries de politiques ignares et les bêtises humaines, American Nightmare 5 est typiquement ce glaviot jaunâtre accentuant son extrémisme pour mieux entraîner une réflexion sur la perspective d’une Amérique en plein cauchemar

De film en film, la saga The Purge montre ses intentions à gratter la couche de merdes causant une irrémédiable crise hémorroïdale dans la politique américaine. Une crise contagieuse infectant d’autres nations essayant de renaître par des extrêmes appelants à se révolter. Au départ stupide, aujourd’hui prophétique, l’idée cauchemardesque de cette saga a encore quelques idées à exploiter avant un véritable chant du cygne. On la pensait justement finie suite à l’exploration de ses origines, mais The Purge est une saga ressuscitée avec ce nouvel opus reprenant son souffle faisant l’état d’un monde en proie à la perdition avec ce dernier plan impitoyable.

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